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Artisanat : la CMA de Nouvelle-Aquitaine attend « un soutien du secteur bancaire et des énergéticiens »

Écosystème
mardi 24 janvier 2023

Gérard Gomez, président de la Chambre des métiers et de l'artisanat de Nouvelle-Aquitaine. Crédits : Alban Gilbert

La Chambre des métiers et de l’artisanat de Nouvelle-Aquitaine dresse un premier bilan des difficultés rencontrées par les entreprises artisanales de la région. Sans surprise, le coût des matières premières et celui des déplacements apparaissent comme les principales sources d’inquiétudes. Deux secteurs sont particulièrement concernés : l’alimentation et le bâtiment.

« Les principales difficultés des entreprises artisanales sont, aujourd’hui, le coût des matières premières et le coût des déplacements. » Ce constat sans surprise, est dressé par la Chambre des métiers et de l’artisanat de Nouvelle-Aquitaine, qui a réalisé une enquête de conjoncture entre le 28 novembre et le 8 décembre dernier, auprès de 3.000 répondants (sur 86.000 entreprises contactées). Pour autant, précise le président de la chambre consulaire, Gérard Gomez, « il faut retenir qu’un peu plus de la moitié des répondants étaient confiants en l’avenir » en fin d’année dernière. Seul « le secteur alimentaire est nettement plus pessimiste avec seulement 40,9% de confiants sur l’avenir de leur entreprise ».

Deux secteurs particulièrement en difficulté

Dans le détail, deux tiers des répondants s’estiment être dans une situation de fragilité financière ; un sentiment amplifié dans le secteur de l’alimentation (+11%). Également, 38% des répondants estiment « être dans une situation critique pour la survie de leur entreprise ». La préoccupation majeure des chefs d’entreprise artisanale n’est plus, aujourd’hui, l’emploi – contrairement à 2021 -, et Gérard Gomez y voit un signe rassurant : « Les patrons qui nous ont répondu estiment majoritairement que dans les six prochains mois, ils maintiendront ou développeront leurs effectifs. Plutôt que de devoir licencier, ils vont rogner leurs marges, leur trésorerie… Ils partent du principe, je pense, que licencier un collaborateur signifie perdre un savoir-faire, donc de la production et du chiffre d’affaires. Il y a une dimension très humaine aussi, car on parle souvent de petites équipes. Le licenciement sera la dernière solution, et lorsqu’on verra cet indicateur exploser, ce sera inquiétant. »

Dans son rapport, la CMA de Nouvelle-Aquitaine souligne que deux secteurs « retiennent toute [son] attention aujourd’hui » : l’alimentation et le bâtiment. En plus des données évoquées précédemment, le coût des matières premières reste le principal motif de difficultés (90% pour l’alimentation, 80% pour le bâtiment). Suivent l’énergie pour le premier secteur (83%), et les déplacements pour le second (77%). « Mais notre enquête a été réalisée début décembre, rappelle Gérard Gomez, et les résultats ont pu évoluer ces dernières semaines. » D’autres activités comme les pressings, notamment, commenceraient à être particulièrement touchées par la crise actuelle.

Réactivation de la cellule d'aide psychologique

Dans ce contexte inflationniste, maintenir la clientèle est un défi majeur, et une source d’inquiétude pour les entreprises artisanales. « Il faudra attendre encore quelques mois avant de voir le bout du tunnel, reprend le président de la CMA régionale. On est en quelques sortes dans l’œil du cyclone. » Comment, d’ici-là, accompagner les sociétés ? Si, selon Gérard Gomez, le gouvernement a « pris conscience » de la situation, notre interlocuteur va plus loin : « Pour ma part, j’estime qu’il faut aussi un soutien du secteur bancaire, des énergéticiens. Qu’ils jouent le jeu, et arrêtent de nous enfoncer avec le coût du mégawattheure qui est aujourd’hui inacceptable et insupportable. »

Concernant les différents leviers de soutien, mis en place par le gouvernement, la CMA de Nouvelle-Aquitaine relève que 5 chefs d’entreprise interrogés sur 10 « n’étaient pas au courant » de ces dispositifs. Les équipes de la chambre consulaire indiquent avoir contacté environ 60% des 4.000 boulangers-pâtissiers de la région, et commencent depuis le début de la semaine à entrer en contact avec d’autres entreprises artisanales. « 60% des interrogés n’ont pour le moment pas connaissance du pourcentage de hausse de leurs factures. Quand celles-ci vont commencer à arriver, je pense qu’on aura bon nombre de sollicitations de nos collègues artisans, explique Gérard Gomez. Pour autant, on constate que la plupart des sociétés peuvent entrer dans les dispositifs gouvernementaux, même si ça reste du cas par cas. » La CMA porte néanmoins une attention particulière au mal-être de certains dirigeants, et a réactivé ses cellules d’aide psychologique dans les départements néoaquitains. « On commence à avoir des appels qui ne sont plus de l’inquiétude, mais de la détresse », conclut le président de la chambre consulaire.

193.312 entreprises artisanales ont aujourd’hui leur siège en Nouvelle-Aquitaine (dont 51% de micro-entreprises), soit 1 établissement pour 30 habitants. Cela représente, au global, 184.696 contrats salariés. « L’âge moyen des dirigeants est de 45,7 ans, soit presque un an de moins que l’an dernier », souligne Gérard Gomez. En 2022, 24.791 immatriculations d’entreprises artisanales ont été enregistrées (dont 80% de micro-entreprises), ce qui montre « une forte dynamique entrepreneuriale ». Pour autant, l’année dernière, les radiations ont augmenté de 17%. Un phénomène qui « s’explique sans doute par la fin du "quoi qu’il en coûte", avec des entreprises qui ont survécu durant la période de Covid-19, et qui commencent à montrer des signes de faiblesse ».

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