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4/5 Mal-logement au Pays basque : les hauts et les bas du bâtiment - Premium

Écosystème
jeudi 25 mai 2023

La question du logement est l'une des plus grandes problématiques au Pays basque depuis plusieurs années. Tous les acteurs économiques du territoire sont impactés. Quels enjeux et quelles solutions ? Comment trouver une sortie pérenne de cette véritable crise du logement ? Placéco Pays basque vous propose une série d'articles toute la semaine sur la question du logement.

«Nous n’avons quasiment pas de neuf selon Mattin Mongabure » , menuisier basé à Hélette. Crédit : Anthony Michel

Conjoncture économique incertaine, crédit plus cher, énergie et matériaux à la hausse, mais également entrée en vigueur sur le littoral de la compensation pour un nouveau logement d’été, la morosité pourrait être de règle dans le bâtiment en ce printemps. Mais chaque territoire a ses nuances.

Pour reprendre la formule « le milieu du BTP s’inscrit dans le temps long » : le président de la Fédération du BTP des Pyrénées-Atlantiques invite donc à prendre du recul, tout en appelant un chat un chat. Sébastien Labourdettte énumère les nuages surplombant l’activité des entreprises, en Béarn comme au Pays basque : rétraction de la commande publique (les collectivités locales serrant les budgets), baisse des autorisations de permis de construire de moins 19% en un an… Ceci dit, la rénovation énergétique, la décarbonation du territoire, la réhabilitation du bâti existant ouvrent des perspectives.

Justement, au-delà des chantiers de gros œuvres et des grands programmes immobiliers, le second œuvre offre un paysage plus contrasté en Pays basque, et fait distinguer l'intérieur et le littoral. Avec un souci de discrétion habituel (« nous ne voulons pas entretenir la morosité », d’autres parlent de psychose), les artisans craignent des jours sombres.

« Sur la Côte, le travail ne manque guère, nous dit cet électricien de Bidart. Entre quelques programmes dont la PME assure le second œuvre, et aussi des chantiers de rénovation. Je ne vois pas encore clairement ce que cette compensation va amener (ndr : la CAPB a mis en place une règle de compensation) , en plus ou en moins. Peut-être moins de mise à jour des installations électriques dans les maisons que l’on ne pourra plus louer l’été ? ». Les diagnostics énergétiques, les inévitables innovations techniques et juridiques nourrissent aujourd’hui l’activité de ces petites entreprises et artisans qui passent après les gros chantiers.

Même son de cloche à Anglet comme à Bayonne : les programmes immobiliers n’ont pas dit leur dernier mot, avec dans la première de nouvelles constructions en hauteur, des densifications en vogue à la place de petits locatifs. En font foi les grues dans le ciel de cette commune. Même chose chez la voisine bayonnaise, où l’on compte aussi sur les maisons du côté d’Arrousets (rive droite) ou sur la poursuite de la rénovation du centre ancien. Dit autrement, artisans et second œuvre voient du pain sur la planche après des années d’activités nourries. Ce serait des recours si le neuf venait à se tasser. Le tout décrit avec précaution d’autant que les collectivités mesurent leurs investissements.

Toujours les rénovations

La tonalité est plus tranquille à quelques kilomètres de la Côte et plus loin encore : « On entend dire que l’activité va descendre sur la Côte, témoigne Mattin Mongabure, menuisier basé à Hélette (700 habitants). Sa petite structure, une entreprise individuelle employant trois salariés, ne voit pas de changement, demain comme au présent. « Certes, nous n’avons quasiment pas de neuf. Le foncier est rare, les permis de construire également, mais la rénovation était, est et sera toujours là : changement des volets mangés par l’humidité, à l’intérieur des logis création de dressings, de loggias ou de bibliothèques nous occupent. »

Tous demeurent circonspects sur « la crise » : autrement dit l’inflation, les crédits plus chers, les matériaux également. Si cela se vérifie, alors un passage à vide pourrait survenir avec les travaux qui se renchérissent, les commandes s’étalent, ainsi que les délais. Une certitude cependant, « les normes plus exigeantes, les diagnostics énergétiques et les travaux de rajeunissement » alimenteront de toute façon les chantiers.

Autre piste, encore timide, la réhabilitation des logements anciens, voire l’adaptation des vieilles fermes à un habitat moderne, le cas échéant partagé entre deux familles : autant de commandes, « si du moins les moyens financiers suivent », comme diraient à Bayonne tant les responsables de Soliha (habitat social et solidaire) que Jean-Bernard Viven, président départemental de la Chambre des métiers et de l’artisanat.

Avis partagé par Benjamin Vande Casteele et son entreprise de charpente Eskutik : « Aujourd’hui, je fais essentiellement du neuf, et je vois tout et son contraire : des projets de jeunes à se demander comment ils font avec les crédits, tandis que d’autres doivent revoir à la baisse ou attendre. » Basé à Iholdy, l’artisan a des chantiers jusqu’à Saint-Pierre d’Irube et, vu la poussée des prix et la rareté des terrains, il pronostique : « L’avenir dans trois ou quatre ans, c‘est la réno, la division de vielles fermes ou des extensions en hauteur. »

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