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L’improvisation appliquée au travail n’en est qu’à ses débuts

Opinion
lundi 13 juin 2022

Décalez!, organisme de formation professionnelle centré sur l’improvisation théâtrale, fêtait début mai ses 7 ans, avec un discours qui n'était pas tout à fait improvisé. Baptiste Lafon, son gérant, met à profit la rubrique Opinion pour le partager avec la communauté Placéco.

7 ans d’impro dans le monde pro… mais là j’avoue j’ai un peu écrit ! Tout d’abord je voudrais remercier tout le monde d’être venu, les partenaires, les clients, les curieux et bien évidemment toute l’équipe. C’est émouvant parce que toutes ces années représentent beaucoup d’énergie et de détermination.

Pas plus tard que cette semaine, un groupe de stagiaires Décalez ! en bilan de formation a exprimé le souhait suivant « en fait, on devrait changer la définition d’improvisation ». A ce quoi nous avons répondu, c’est la perception de l’improvisation que nous devrions changer… Improviser c’est effectivement composer sans préparation au préalable… ça s’apprend de réagir dans l’instant comme cela s’apprend d’anticiper.

Néanmoins tout le monde le sait bien, on ne peut pas tout anticiper bien que ce soit le rêve ultime de l’adulte raisonnable plus ou moins caché en nous… qui a anticipé le covid ici ? qui a anticipé qu’on laverait nos courses avant de les stocker ? qui a anticipé que 7 milliards de personnes s’arrêteraient de circuler ? qui a anticipé que la pandémie mauvaise pour l’homme a fait du bien à la nature ? qui a anticipé toute sa vie ? personne. Par contre nous vivons dans une multitude de fiction où nous pensons que le monde est immuable, notamment le monde professionnel.

L’improvisation c’est notre premier mode de rencontre et de création, que l’on accepte ou pas… alors c’est vrai qu’il y a 8 ans quand j’en ai parlé à mon bilan de compétences de ce projet, j’ai attiré l’attention… Improvisation dans le monde professionnel c’est péjoratif. Alors que niveau productivité, est-ce qu’on préfère un bon improvisateur ou quelqu’un qui va mettre 3 mois à trouver une idée ?

L’improvisation appliquée au travail n’en est qu’à ses débuts, le domaine se professionnalise et il apporte énormément dans le développement des compétences. En effet, lorsque nous souhaitons faire quelque chose, qu’il s’agisse de résoudre un exercice de mathématiques, de faire une déclaration d’amour, d’apprendre à jouer du piano ou d’apprendre un pas de danse ; nous avons besoin de trois compétences dites exécutives : il nous faut une bonne mémoire de travail, qui nous permette de garder en mémoire des informations et de les organiser ; un bon contrôle inhibiteur, qui nous permette d’inhiber les distractions pour rester concentré, de contrôler nos impulsions, nos émotions, ou les gestes inappropriés ; et enfin, nous avons besoin de flexibilité cognitive, pour être créatif et ajuster nos stratégies en cas d'erreurs.

Aussi fondamentales que soient ces compétences, nous ne sommes pas nés avec. Nous sommes nés avec le potentiel de les développer. Improviser consciemment, et entraîner cette capacité dans tous les cas revient à développer sa confiance, son intelligence émotionnelle, relationnelle, professionnelle. « Lorsque la rationalité fait défaut, l’improvisation devient une nécessité et s’impose pour continuer l’action », disait Jacques Fradin. Je crois encore plus qu’il y a 7 ans que l’improvisation est une méthode d’apprentissage capable de changer le monde.

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