Victime d’une arnaque, Artiga choisit la transparence - Premium

« Nos couturières ont travaillé pour rien », déplore Corentin Waro, directeur général chez Artiga. Avec sa sœur Victorine, il a pris le pari de relancer l’atelier de linge basque basé dans les Landes. Mais force est de constater que la récente mésaventure porte un coup à leur élan. « On n’avait pas besoin de ça », ajoute celui qui a vu ses équipes coudre pendant deux semaines pour honorer un contrat qui paraissait trop beau pour être vrai. Lorsqu’il reçoit le premier mail de l’acheteur, fin août, le dirigeant est pourtant sceptique. « Je ne comprenais pas pourquoi l’Université de La Sorbonne commandait des rideaux basques, cela me paraissait bizarre ». Pourtant au bout d’une semaine d’échanges de mails commerciaux, la commande tombe. « Nous avons reçu un bon de commande officiel avec en-tête de l’Université, tout semblait propre », justifie l'aîné du duo. Pourtant la supercherie est démasquée lorsqu’au dernier moment, le faux client modifie l’adresse de livraison. Les 200 rideaux et 500 serviettes commandées ne sont plus à expédier vers La Sorbonne mais vers un entrepôt en Seine-et-Marne. Le chef d’entreprise stoppe tout et garde la marchandise à Magescq. Communiquer pour alerter L’arnaque était bien menée et l’entreprise landaise a failli tomber dans le piège. « Même si on a toujours les produits, nous subissons quand même un préjudice de 15.000 euros qui entraîne un trou de trésorerie ». La société a décidé de porter plainte pour escroquerie et a également pris la parole pour expliquer cet épisode douloureux. Dans le duo frère-sœur, c’est Victorine la spécialiste de la communication. Active sur le réseau social Linkedin, la jeune femme prône une prise de parole authentique. « Je suis pour la transparence, je parle des choses qui vont bien mais aussi de celles qui ne vont pas ». Si les médias aiment évoquer les réussites et les success story, la vie d’entrepreneur est aussi constituée de nombreux déboires. Comme le disait Winston Churchill, le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme. « On voulait parler de cette histoire sans pour autant faire pleurer dans les chaumières », explique Victorine Waro. Si sa publication n’a pas arraché de larmes, elle a en revanche provoqué de multiples réactions. « On ne s’attendait pas à un tel engouement, c’est touchant de voir tout ce soutien ». Parmi les retombées, quelques témoignages d’autres chefs d’entreprises ayant subi les mêmes arnaques. Car ce type d’escroquerie se généralise et les délinquants se professionnalisent, rendant leur démarche crédible. « C’est vraiment dans ce sens que nous avons fait le post, on voulait sensibiliser et alerter les autres entrepreneurs pour ne pas que cela leur arrive ». « Nous avons baissé la garde » L’autre effet de cette communication réside dans l'acte d’achat de certaines personnes désireuses d'acquérir ces fameux rideaux non expédiés. « La marchandise est non périssable, on va pouvoir les vendre dans notre magasin d’usine », se rassure Victorine Waro. Quoi qu’il en soit, hors de question pour le duo de jeter ce stock produit en vain, « tant pis si on doit mettre dix ans pour les vendre ». Avec ces rideaux sur les bras, les entrepreneurs se souviendront longtemps de leur petite erreur d’inattention. « Nous avons été trop enjoués, on a envie de développer la marque et une référence comme la Sorbonne est prestigieuse », reconnaît Victorine. « C’était gratifiant, on voulait y croire », enchérit Corentin. Sous l’effet de l’enthousiasme, « nous avons baissé la garde ». La mésaventure sonne comme un avertissement à moindre frais pour ces entrepreneurs qui ne sont pourtant pas des nouveaux venus dans le monde des affaires. Avant de reprendre Artiga, le duo fait ses armes, depuis treize ans, à la tête de la société Clowich, basée à Roubaix. Les voilà désormais échaudés après cet épisode. « L’enseignement à tirer de cette expérience est la vigilance sur la prise de commande », estime la jeune femme. « On appelle, on se rencontre, on discute…», développe-t-elle. Pour se prémunir à l’avenir, « on va doubler, voire tripler les sources de validation et surtout, on demandera un acompte », abonde son frère. ArtigaSAS créée en 1990Siège social : MagescqEffectif : 21 salariésChiffre d'affaires : 2 M€

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