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Unelo prévoit de lever 1 million pour poursuivre son développement

Engagement
mardi 30 mai 2023

Thomas Chardin, co-fondateur d'Unelo et son béton bas carbone

Rendre la voirie plus responsable et réutiliser sur les chantiers, des matériaux qui sont destinés à être jetés. C'est la promesse d'Unelo, une entreprise landaise fondée par Thomas et Fanny Chardin. Créée il y a presque 10 ans, la société qui déclarait un chiffre d'affaires de 400 000 euros la première année, devrait atteindre les 4,5 millions d'euros en 2023. Un beau développement pour cette entreprise qui prévoit également une levée de fonds d'1 million d'euros cet été.

Unelo, c'est avant tout une histoire de famille. « J'ai pris la suite de l'entreprise que mon père avait fondée en 1976. J'ai travaillé avec lui pendant plusieurs années, et gravi tous les échelons de la société, avant de reprendre la direction. » A la tête d'Unelo, Thomas Chardin a un but bien précis : créer une économie circulaire. « La plupart des chantiers se basent sur des carrières qui vont extraire les matières premières qui seront ensuite utilisées. Le problème c'est qu'une carrière a une durée de vie limitée et que les matériaux s'épuisent. »

Un béton fabriqué à partir de sédiments de dragage

Après plusieurs années passées dans le BTP, Thomas Chardin réalise que la voirie n'est pas une filière assez « écologique » et veut changer drastiquement les méthodes de travail. Il lui vient alors une idée : récupérer sur les chantiers des matériaux destinés à être jetés. « On propose aux entrepreneurs qui ont des déchets, que ce soit des terres polluées ou excavées, des sédiments de dragages ou de rejets de béton concassés, de nous donner ces éléments afin qu'on leur donne une seconde vie. » Pour parvenir à transformer ces matériaux, Thomas Chardin et son équipe aménagent dans leur locaux à Seignosse, un véritable laboratoire de tests. « On fait des essais et on travaille sur des formules pour comprendre ce qui peut fonctionner. » Le but derrière pour l'entreprise, est d'être capable de proposer, en fonction des matériaux qui sont récupérés, de vraies filières de revalorisation.

Unelo s'est d'ailleurs spécialisée dans la réutilisation des sédiments de dragage. « Notre entreprise étant basée à Seignosse, nous avons eu plusieurs fois l'occasion d'intervenir au niveau du lac d'Hossegor. C'est un lac marin, qui s'ensable tous les ans et qu'il faut entretenir. Pour se faire, il faut draguer le lac, c'est-à-dire extraire les éléments qui sont au niveau du fond du plan d'eau. Et la plupart des méthodes utilisées jusqu'à présent étaient assez invasives et risquaient d'abîmer les sols. » Thomas Chardin et son équipe ont donc décidé de travailler avec des techniques plus vertes et d'investir dans du matériel plus respectueux de l'environnement. « Nos machines fonctionnent avec de l'huile biodégradable et sont guidées par satellite 3D, ce qui nous permet d'éviter de descendre trop bas et de nous cantonner à ce qu'on a à extraire, sans abîmer les fonds. » Autre innovation chez Unelo : celle du transport des machines sur l'eau. « Plutôt que d'utiliser des bateaux à marée haute ou des gros camions à marée basse, qui vont venir troubler l'eau et perturber les écosystèmes, on utilise des convoyeurs à bande, c'est-à-dire des tapis roulants flottants. Et ça c'est une première en France. » Cette méthode, généralement utilisée en carrière, n'a jamais été utilisée à petite échelle, notamment en lac. C'est pour cette raison que plusieurs entreprises étrangères sont depuis venues demander des conseils à Unelo, sur leurs méthodes, et sur la réutilisation de ces sédiments avec notamment, la production d'un béton plus vertueux.

« Le matériau qu'on fabrique le plus et qu'on utilise le plus est un béton bas carbone. Aujourd'hui un béton traditionnel, c'est un mélange de sable, de gravier, d'eau et de liant. Le liant, c'est la colle. La plupart du temps, c'est le calcaire qui est utilisé et qui est transformé à très haute température. Ce procédé est très décrié parce qu'il consomme beaucoup d'énergie et qu'il émet beaucoup de CO2. » Pour travailler le béton de manière plus écologique, Thomas Chardin se rapproche d'entreprises qui proposent des liants bas carbone. « On a différents partenaires sur le marché. On a travaillé nos formules à partir de ces liants. Donc notre béton est écologique parce qu'on a supprimé la colle qui était faite à partir de calcaire ; mais aussi parce que nos formules nous permettent également de fabriquer du béton en nous adaptant aux matériaux qui sont mis à notre disposition ; c'est-à-dire qu'en fonction des matériaux qu'on récupère, en fonction du besoin client, on sait faire du béton de différentes façon. » A partir de ces bétons bas carbone, Unelo fabrique des pistes cyclables, des trottoirs ou des routes ici, dans les Landes.

Une levée de fonds d'1 million

Aujourd'hui, 18 employés travaillent chez Unelo. Parmi eux, des ingénieurs, des secrétaires, des chefs de chantier ou des conducteurs d'engins. « On est actuellement sur une phase de développement. On a démarré à 400 000 la première année et aujourd'hui on est à 3 millions de chiffre d'affaires. Si mes prévisions sont exactes, on devrait finir l'année à 4,5 millions. » Une progression rapide qui a poussé Thomas Chardin à vouloir faire une levée de fonds. « On travaille là-dessus actuellement. Ça se fera soit avec une banque, soit avec des partenaires privés. Nous prévoyons de lever 1 million d'euros. » Pour Unelo, le but avec cette levée de fonds est de pouvoir s'ouvrir à d'autres territoires. « Nous avons pour projet de nous implanter sur Bordeaux d'ici quelques mois. On a des demandes pour des chantiers là-bas. J'aimerais pouvoir développer sur place la filière béton bas carbone. »

L'équipe travaille également sur un nouveau projet : les parkings perméables avec stockage d'eau. « Aujourd'hui, lorsqu'il y a des orages ou des pluies diluviennes, les eaux qui tombent dans les parkings sont évacuées via des tuyaux, dans des cuves en plastiques situées sous le niveau du sol, avant d'être renvoyées vers les nappes phréatiques. Nous on veut enlever ce plastique pour le remplacer par du béton bas carbone, pour filtrer l'eau au plus proche de là où elle tombe et la renvoyer directement vers les nappes phréatiques. » Le brevet a été déposé et l'équipe attend une réponse d'ici l'été prochain. A cette date, elle devrait déménager ses locaux du côté de Saint-Geours. « D'ici deux ans, je prévois une autre levée de fonds de 2 millions, afin d'avancer sur ce projet de parking perméable. Notre croissance a été fulgurante ces derniers temps et je compte bien continuer dans cette voie. »

Unelo
Création en janvier 2013
 Effectif : 18 personnes
 CA prévisionnel 2023 : 4,5 M€