Cuidam, la startup qui fait payer les écoles pour la santé mentale des étudiants
Liam Donne, Marie Sallabery et Quentin Sebire ont fondé la startup en 2021. Crédits : Cuidam
La jeune pousse bordelaise Cuidam déploie une plateforme numérique dans les établissements d’enseignement supérieur, permettant aux étudiants de prendre rendez-vous gratuitement avec des professionnels de la santé mentale. Un modèle qui place l’école comme le client, et qui a pour l’instant séduit sept structures du sud-ouest.
Transformer un projet d’école en startup, viable et (bientôt) rentable. L’ambition est celle de trois jeunes entrepreneurs : Liam Donne, Quentin Sebire et Marie Sallaberry. Ensemble, ils ont fondé Cuidam, jeune pousse bordelaise positionnée sur la santé mentale des étudiants. Après deux ans de développement, ils ont lancé leur société en 2021 et démarrent doucement la phase de commercialisation. Avec quel produit ? Une plateforme digitale mise à disposition d’étudiants, pour leur permettre de prendre rendez-vous avec des professionnels de la santé mentale. « Nous proposons ce dispositif aux structures de l’enseignement supérieur - universités, écoles privées ou publiques, présente Liam Donne. Notre objectif est de faire de ces structures les financeurs des consultations pour leurs étudiants. » Et pour que ce modèle fonctionne, les trois fondateurs misent sur la montée en puissance, et la mise en lumière du sujet de la santé mentale. « Ces problématiques ont toujours existé mais étaient tabous. On n’osait pas en parler, quand on vivait une période difficile, on préférait le garder pour soi, reprend notre interlocuteur. L’un des seuls effets positifs de la crise sanitaire, c’est que depuis les langues se sont un peu déliées car de très nombreuses personnes allaient plus ou moins mal durant les confinements. »
Psychologues cliniciens, du travail, sexologues, addictologues ou assistants sociaux sont ainsi consultables à distance, en visioconférence. Cuidam commercialise des packs de consultation auprès des établissements, comprenant un certain nombre de consultations, renouvelables au besoin. Et pour Liam Donne comme pour ses associés, il est essentiel d’intégrer ces structures dans le processus : « D’un côté il y a des étudiants qui n’ont souvent pas d’argent pour se payer une consultation. De l’autre il y a l’école, qui peut subir un impact négatif si ses élèves se sentent mal - décrochage, absentéisme et donc résultats en baisse. Également, on le voit dans les établissements privés comme les écoles de commerce, la concurrence est rude pour attirer les jeunes et ce qui fait la différence c’est la vie sur le campus. Or si une structure ne prend pas soin de ses effectifs, elle sera difficilement recommandée », déroule le cofondateur pour appuyer ce modèle.
Prouver l'intérêt avant de lever des fonds
Côté praticiens, la jeune pousse affirme ne pas avoir de mal à attirer les professionnels. Notamment car les dispositifs existants peinent à satisfaire tout le monde, comme Santé Psy Étudiant. Liam Donne : « Cette initiative propose jusqu’à huit consultations remboursées par l’Etat, pour un étudiant. D’une part les temps d’attente sont de plusieurs mois, et d’autre part, peu de psychologues y ont adhéré car ils sont mal rémunérés - 30 euros, quand nous les rémunérons 50 euros la consultation. » Aujourd’hui, Cuidam compte sept établissements clients essentiellement à Bordeaux, mais aussi à Agen, Lyon ou Nantes. Soit 2.500 étudiants qui ont accès à la plateforme depuis janvier, et environ 50 consultations qui se sont déroulées. L’objectif pour 2024 sera de se déployer dans les principales villes étudiantes de France, de compter une trentaine de clients et de quadrupler le nombre de consultations d’ici 12 mois.
Consciente qu’elle n’en est qu’à ses débuts, la startup entend bien, en accélérant, construire des métriques pour attirer de potentiels investisseurs. « Jusqu’à maintenant nous avons eu environ 60.000 euros de subventions, de récompenses ou de crowdfunding, reprend Liam Donne. Si on atteint notre objectif l’année prochaine, on pourra commencer à embaucher mais d’ici là nous construisons nos KPI. Nous ne sommes pas encore prêts à lever des fonds. » Avec un chiffre d’affaires de 24.000 euros aujourd’hui, et un prévisionnel de 60.000 euros d’ici la fin de l’année, Cuidam espère franchir la barre des 200.000 euros de CA en 2024 et atteindre la sacro-sainte rentabilité. « Une trentaine de clients, c’est vraiment notre point d'équilibre », conclut le cofondateur.
Cuidam
Basée à Bordeaux
Fondée en 2021
3 fondateurs
CA 2023 prévisionnel : 60.000€