L'Université de Bordeaux crée une licence de cosmétique « verte » - Premium

Sur une terre entre pins maritimes, vignes et océan, la cosmétique « verte » prend de l'ampleur en Nouvelle-Aquitaine. Les besoins sont en pleine croissance, les chiffres d'affaires aussi. Quand la cosmétique s'engage dans la transition environnementale, c'est tout un secteur qui se met en mouvement, de la R&D au marketing. Les besoins en formation sont alors aussi nouveaux qu'importants. C'est pour répondre aux demandes du secteur néo-aquitain que l'Université de Bordeaux a créé une nouvelle licence qui recevra ses premiers étudiants à la rentrée prochaine. Accessible en troisième année de licence professionnelle Industries pharmaceutiques, cosmétologiques et de santé, elle dure 18 mois en alternance : 18 semaines de cours et 29 semaines en entreprise. L'objectif de cette licence est de préparer les futurs techniciens en production et développement. Les titulaires de ce diplôme pourront prétendre à des postes de technicien supérieur de production ; responsable de secteur (agent de maîtrise) en production de matières premières pour la cosmétique (après expérience) ; ou encore assistant R&D en cosmétique. Ils n'apprendront pas à créer des crèmes de beauté ou des anti-rides ? « Non », répondent les deux initiateurs de la formation, le professeur Pierre Waffo Teguo, et le Dr Jean-Frédéric Weber. S'adapter à la transition environnementale Jusqu'à présent, il n'existait qu'une seule formation de cette sorte en France, et elle se situe à Tours. « Le besoin des entreprises est croissant et l'enseignement se doit de former les futurs acteurs de la transition et de soutenir la production respectueuse de l’environnement d’actifs cosmétiques d’origine naturelle », insiste le professeur Pierre Waffo Teguo. À l'origine de l'idée de cette formation, aussi, une aide substantielle de la Région Nouvelle-Aquitaine (120.000 euros) qui souhaite soutenir la filière de cosmétique écoresponsable. Pour élaborer le contenu de la formation afin qu'il adhère aux problématiques des entreprises, les universitaires ont travaillé avec Cosmetic Valley, le cluster coordinateur de la filière, situé à Chartres et dont la représentante en région (Nathalie Simonin) est basée à Pessac, sur le campus. Le professeur Pierre Waffo Teguo et le Dr Jean-Frédéric Weber sont spécialisés dans la pharmacognosie, la science des substances venant du vivant ayant un intérêt thérapeutique. « Avec ce nouveau parcours universitaire, nous allons même créer un mot, sourient-ils tout en étant sérieux sur le fond, celui de "cosmétognosie". Puisqu'ici il s'agira d'étudier les substances naturelles actives, issues des plantes et des minéraux, utilisables dans la cosmétique verte. » Les étudiants apprendront comment obtenir des ingrédients écoresponsables dans les produits cosmétiques. Ils devront donc maîtriser les substances, les matières biosourcées, les usages des propriétés physico-chimiques en cosmétique mais aussi l'ingénierie d'extraction, de purification et de conservation ou encore les biotechnologies végétales microbiennes et animales.À lire également - Cosmétique : quels enjeux derrière la nouvelle acquisition du groupe Berkem La légitimité de l'enseignement bordelais Les entreprises pourront être intéressées par leur projet académique tutoré. « Si une entreprise a un sujet à développer et que l'équipe pédagogique le valide, l'étudiant pourra travailler dessus en entreprise, explique le Dr Jean-Frédéric Weber. Cela peut être par exemple, résoudre les problèmes de séchage sur du matériel végétal. Ou bien, l'amélioration d'un procédé d'extraction ; le passage d'un solvant classique à un solvant vert… Les entreprises ont majoritairement besoin de personnes formées à bac 3, or, ce sont surtout des bac 5 qui sortent des études. Ils sont"trop formés" par rapport au besoin du monde économique, trouvent des emplois rémunérés en deçà de leurs espoirs - mais correspondant aux postes en fonction des besoins - et finissent par quitter l'entreprise. » Ce nouveau cursus répondra donc aussi à un besoin de fidélisation du salarié.À lire également : Comment Léa Nature ambitionne de devenir leader sur la cosmétique L'Université de Bordeaux fait valoir son historique légitimité dans la connaissance des matières premières d'origine végétale ou microbiologique. « Depuis la fin du XIXe siècle, la pharmacognosie est une spécialité de l'Université bordelaise, souligne le professeur Waffo. J'ai moi-même participé, avec le professeur Vercauteren, à l'élaboration du premier brevet sur la stabilisation d'extraits de pépins de raisin à l'origine de la société Caudalie. »Parmi les marques néo-aquitaines de la cosmétique verte, on trouve Sothys, la Roche-Posay, Léa Nature, Institut Arnaud, Beauty Success, ADOPT’, Simone Malher, Cottage, Laboratoires de Biarritz, Rivadis, Omum, Body Nature… La cosmétique verte et Nouvelle-Aquitaine, c'est : • 200 entreprises ayant une activité pour la filière cosmétique • CA : 1 milliard d’euros• 6.000 professionnels • 200 entreprises

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