Fiscalité, transmission, budget… « L’appel au sursaut » des ETI de Nouvelle-Aquitaine - Premium

« Le contexte est celui d’un profond écœurement concernant la situation politique. » Tel est le sentiment que Marc Prikazsky, par ailleurs PDG du groupe libournais Ceva Santé Animale, relaye en tant que président du Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine. La charge est cinglante de la part du dirigeant, las de ce qu’il décrit comme un climat « d’entrepreneuriat-bashing ». Dans le viseur, un contexte politique incertain depuis la dissolution du 9 juin 2024, un projet de loi de finances 2026 dans les limbes et des débats qui s’égarent à côté de ce qu’il considère être les vrais sujets. « Le problème c’est que pour le grand public, on continue à détruire l’image des entreprises et de leurs dirigeants. »« Le summun c’est ce projet de taxe Zucman. C’est presque une bataille idéologique en ce moment. Nos dirigeants sont exaspérés par le débat public actuel qui mêle mensonge, mauvaise foi et manipulation des chiffres », cingle-t-il. Et de convoquer l’intime et les souvenirs personnels, pour illustrer. « C’est exactement ce qui a été fait en Union Soviétique, mon père en vient. On taxait les biens des gens, qui n’avaient pas forcément les moyens de payer et donc leurs biens étaient confisqués de cette façon-là. Zucman, ce n’est pas une taxe sur les bénéfices ou les superprofits. » Et de rappeler que « les entreprises de taille intermédiaire françaises subissent déjà la plus importante pression fiscale au niveau européen. Par exemple, les impôts de production ont représenté l’équivalent de près de 3,8% du PIB de la France en 2023, soit 106 milliards d’euros, un chiffre largement supérieur à la moyenne européenne de 2,5% ».« S’en sortir par le courage politique »« Malgré ce très haut niveau d’imposition, les politiques débattent aujourd’hui de nouvelles taxes sans aucune mesure d’impact et sans aucune vision stratégique de long terme », reprend-il. « Il faut restructurer. Il y a trop de monde pour distribuer les aides publiques aux entreprises, trop de structures, d’agence et de dossiers à suivre. Qu’on soit cohérents : laissons le système économique fonctionner. » Plutôt que de taxer « toujours plus », le Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine avance trois propositions « pour mettre fin au déclin ». D’abord s’attaquer à la dette publique et simplifier les millefeuilles normatif et administratif « qui plombent les finances publiques et étouffent les entreprises et leur compétitivité ». Les ETI seraient ainsi soumises « à pas moins de 400.000 normes (…) qui pénalisent le PIB en France à hauteur de 3,7%, soit plus de 100 milliards d’euros. Quant au coût du millefeuille administratif, il est estimé à 7,5 milliards par la mission Boris Ravignon ». Conclusion : « Il est temps de simplifier nos strates, de mutualiser les ressources, de regrouper les agences et, disons-le clairement, de recentrer l’action publique sur ses missions essentielles. »Concernant l’industrie, le Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine pointe un élément clé : la transmission. « 750.000 entreprises devront être transmises dans les 10 prochaines années, soit 63% des PME de croissance. Une remise en cause du Pacte Dutreil conduirait à un blocage des transmissions, une perte de souveraineté sur nos actifs stratégique, un freine à la dynamique industrielle de nos territoires. Il faut mettre en place une politique publique de la transmission. »Dernier sujet : la formation professionnelle, dont « il faut redonner les clés aux ETI », estime Marc Prikazsky. « Nos ETI sont proactives mais, tandis que les entreprises du Club financent à plus de 50 millions d’euros par an le système de la formation professionnelle, elles ne sont jamais accompagnées financièrement. Changeons la donne et cela à budget constant en permettant par exemple aux OPCO de financer les plans de montée en compétence pour les entreprises de plus de 50 salariés. »

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