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Vins de Bordeaux : passation de pouvoir sur fonds de surproduction

Stratégie
lundi 11 juillet 2022

Le négociant Allan Sichel a été (ré)élu lundi à la présidence du CIVB - photo JB Nadau

Élu à la présidence du CIVB, le négociant Allan Sichel appelle l’interprofession des vins de Bordeaux à « faire filière » pour sortir de la crise, et propose de travailler à la conversion « réversible » de certaines terres viticoles pour faire face au problème de la surproduction.

Au Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux, il est de coutume que la présidence tourne entre un représentant de la propriété et un négociant. Après trois ans passés à la tête du CIVB, le viticulteur Bernard Farges a cédé son siège à Allan Sichel, PDG de la maison de négoce Sichel. Seul candidat déclaré, il a été élu lundi 11 juillet en assemblée générale avec 47 voix pour et une abstention, reprenant ainsi une présidence qu’il avait déjà exercée de 2016 à 2019. « Avant toute chose, je souhaite rendre hommage à l’excellent travail accompli par Bernard durant ces trois dernières années », salue le nouveau président, qui rappelle les difficultés conjoncturelles rencontrées par les vins de Bordeaux à la fois sur le volet de la production (gel, mildiou, grêle) et sur celui de la commercialisation (taxes Trump, Covid, crise politique à Hong-Kong, guerre en Ukraine).

Mais, pour le nouveau président, le problème de fond est de nature plus structurelle. « Le sujet le plus important aujourd’hui pour notre filière est son volume de commercialisation. La production des vins de Bordeaux en année normale – autour de 5,5 millions d’hectolitres - est désormais largement supérieure à nos volumes de commercialisation. Or, même si nous identifions des pistes de développement à l’export, il est peu probable que nous puissions compenser la baisse continue de la consommation de vin sur le marché français. Lequel, je le rappelle, représente 55% de nos ventes », souligne-t-il.

En réponse, le CIVB s’attache à travailler sur la notoriété des vins de Bordeaux et la reconquête du consommateur, avec dans les tuyaux une plateforme de marque confiée à sa nouvelle directrice marketing. L’interprofession se félicite par ailleurs du récent succès de Bordeaux fête le Vin, ains que des initiatives conjointes de notoriété locale menées avec l’UMIH 33 et les ostréiculteurs du Bassin d’Arcachon. « À nous de poursuivre et multiplier ces actions de terrain - Fêtes du vin, Grandes tournées, Petites tournées ou autres formats à inventer », appelle Allan Sichel. Ces efforts pour dynamiser les ventes devront être démultipliés. Il faudra faire preuve de constance dans la durée, car les résultats seront longs à obtenir. Il nous faut donc agir aussi et simultanément sur le volume produit en AOP de Gironde ».

Reconversion plutôt qu’arrachage ?

Sur ce point, Allan Sichel se dit favorable à la reconversion des terres excédentaires vers d’autres usages tels que la culture alimentaire, la captation de carbone ou la production d’énergie verte. « Ces conversions vertueuses requièrent et méritent une assistance financière pour leur mise en œuvre rapide et dans l’intérêt de tous », estime-t-il, prenant soin de préciser qu’il faut que cette conversion soit réversible. « La conquête de nouveaux marchés sera longue, nous retrouverons le chemin de la croissance et il serait dommage que notre potentiel ait été définitivement amputé ». Le nouveau président adopte ainsi une position plus nuancée que celle de son prédécesseur, Bernard Farges, qui appelait le 23 mai dernier à ce que les pouvoirs publics intercèdent auprès de l’Europe pour rendre possible la subvention financière de l’arrachage des vignes excédentaires.

En attendant que le sujet fasse son chemin dans les arcanes français, puis européens, le CIVB a adopté en séance le principe d’un nouveau volume régulateur pour les AOC Bordeaux rouge et Bordeaux supérieur. Mis en œuvre dès le début de la campagne 2022 – 2023 et complémentaire du Volume Complémentaire Individuel (VCI), il permettra aux exploitants concernés de constituer un volume de réserve au-delà du rendement revendicable dans l’AOC, susceptible d’être libéré soit pour compenser une récolte ultérieure déficitaire, soit pour répondre à une demande du marché.

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