Pour Florence Gomez (So.Bio), « on arrive bientôt sur deux ans de croissance continue » - Premium

Créée en 2005, l’enseigne de distribution bio So.Bio, qui a repris son concurrent Bio C’Bon à la barre du tribunal de commerce en 2020, enregistre une croissance « légèrement supérieure à celle du marché ». Entre enjeu de consolidation et politique tarifaire pour maintenir une bio accessible, la directrice générale de l’enseigne, Florence Gomez, livre son analyse du secteur.L’enseigne So.Bio célèbre ses 20 ans d’existence dans un contexte qui a été plutôt chahuté pour la bio, ces dernières années. Comment se porte le secteur, aujourd’hui ? Déjà, il y a quand même une bonne nouvelle, la croissance est revenue début 2024. On arrive donc bientôt sur deux ans de croissance continue. On peut l’attribuer à deux explications principales, d’abord une maîtrise de l’inflation - les prix restent toujours très élevés, mais le pic est derrière nous. D’autant que durant la crise, les prix du bio sont ceux qui ont le moins augmenté car on n’utilise pas d’intrants chimiques. Aujourd’hui on constate une stabilisation du pouvoir d’achat qui permet au consommateur de revenir vers la bio. La seconde explication, c’est que la confiance des consommateurs envers nos produits se renforce à mesure que l’on voit les différents scandales sanitaires alimenter l’actualité. Les gens sont de plus en plus sensibilisés aux questions environnementales, animales et surtout, je pense, sanitaires. Qu’en est-il de la croissance de So.Bio ? Nous avons retrouvé une croissance, qui est légèrement supérieure au marché. So.Bio est une enseigne qui propose un très large choix de produits, et on sent un retour des clients vers ces modèles de supermarché bio. Je crois que cela contribue à notre croissance. Ensuite pour Bio C’Bon, je pense que l’on est porté par un bon dynamisme du circuit de proximité, en centres urbains. Et puis avec le soutien de notre groupe Carrefour, on se consolide sur le marché en s’emparant d’opportunités pour grandir - la dernière en date étant le Grand Panier bio.Se structurer pour peser à l'échelle nationale Vous avez effectivement annoncé le 18 septembre, un accord d’exclusivité entre l’enseigne et So.Bio, pour acquérir le réseau et ses 15 magasins. Qu'est-ce que cette opportunité représente pour vous ? Nous avons déjà depuis un an une stratégie d’opportunité et de croissance. Cela s’est traduit par le rachat de magasins à Rochefort en Charente-Maritime et à Olivet, dans le Loiret, tandis que nos franchisés ont continué de créer de nouveaux magasins. Là, l’opération est un peu plus structurante - c’est même la plus structurante de l’histoire de So.Bio depuis l’acquisition de Bio’C’Bon. Donc ça nous permet d’acquérir ces 15 magasins, et de dire que l’on est de plus en plus incontournable. Faut-il, pour s’en sortir dans la bio, « manger avant d’être mangé » et atteindre une masse critique pour être pérenne ? C’est vrai dans tous les secteurs de la distribution. Les marges sont très faibles et les coûts de la logistique assez élevés, tout l’enjeu est d’amortir ces coûts par la taille de l’entreprise. Et évidemment de peser dans les négociations avec les différents industriels, pour vendre des produits de manière plus compétitive pour les consommateurs. En bio, on est initialement assez éloigné de ce modèle car il y a beaucoup de réseaux d’indépendants, et le marché est assez fragmenté. Maintenant, on observe dans les réseaux des centrales d’achats qui se structurent, il y a une logique de consolidation du marché. Biocoop a toujours une position de leader incontestée, mais petit à petit, de plus en plus d’acteurs commencent à se rassembler pour unir leurs forces et peser un peu plus au niveau national, et on en fait partie.Un retard entre l'offre et la demande Comment répondre à l’enjeu de maintenir des prix accessibles, en construisant un juste partage de la valeur ? L’impression de cherté du bio vient du fait que l’on compare souvent avec des produits de la grande distribution, souvent ultra transformés, avec des modèles économiques très différents. Si l’on prend les prix de biscuits bio et non bio, l’écart va être important. Sur des fruits et légumes ou des produits plus basiques comme des pâtes, on retrouve des prix franchement comparables entre le conventionnel et la bio. Au-delà de ce constat, si l’on compare avec les enseignes bio concurrentes, on fait valoir une bio accessible à nos clients - car il peut parfois y avoir des dérives de prix. On maintient des prix minimums sur 250 produits du quotidien en négociant avec nos fournisseurs, et on prend sur nos marges pour diminuer les coûts au maximum dans la mesure de ce qu’il nous est permis de faire légalement [ndlr, minimum 10% de marge selon la loi Egalim]. Certains observateurs prédisent la fin de la bio, en constatant notamment que des agriculteurs se désengagent pour revenir vers une agriculture conventionnelle… Honnêtement, ce n’est pas la fin de la bio. Il est vrai que les difficultés pour les producteurs perdurent aujourd’hui, surtout car il y a un déphasage entre l’offre et la demande. On a eu deux ou trois ans de difficultés après des années à 20% de croissance, l’arrêt a été vraiment très brutal ; de ce fait il y a une casse des outils de production bio qui n’est pas totalement résolue. Mais c’est un problème de retard. Ce qui est un peu plus inquiétant selon moi, c’est le désengagement de l’État et des fonds publics. On sait par exemple que les crédits fléchés vers l’Agence bio et le fonds Avenir Bio font partie des économies ciblées par le gouvernement, et ça, ça nous inquiète beaucoup plus.So.Bio SAS fondée en 2005Siège social : Canéjan1.700 salariésCA : n. c.

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