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Chaleur renouvelable : Newheat lève 30 millions pour massifier son déploiement - Premium

Stratégie
lundi 20 novembre 2023

C'est le 8 décembre prochain, date anniversaire de la fondation de Newheat, qui sera officiellement inaugurée la centrale Lactosol dans la Meuse, créée pour l'industriel Lactalis et mise en service en début d'année. Crédit : Newheat

La société girondine Newheat annonce la levée de 30 millions d’euros. À cette occasion, elle fait entrer à son tour de table Swen Capital Partners, qui a contribué ces dernières années à la massification du biogaz. Il s’agira de renouveler l’exercice, cette fois dans le domaine de la chaleur renouvelable pour les grands sites industriels et les réseaux de chaleur urbains. Avec notamment l’ambition de décupler les niveaux d’investissement et des dizaines d’embauches à moyen terme.

Pour Newheat, l’heure est à l’accélération. La société girondine, fournisseur de chaleur renouvelable et qui se présente comme le « leader français de la production de chaleur solaire », annonce aujourd’hui une nouvelle et importante levée de fonds. L’opération, d’un montant de 30 millions d’euros, a été réalisée auprès de Swen Capital Partners, qui intervient via SWIFT 2 (Swen Impact Fund for Transition), deuxième millésime de son fonds à impact dédié à la transition énergétique. « Ils ont fait beaucoup de choses ces dernières années dans la filière biogaz, rembobine le cofondateur et CEO de Newheat Hugues Defréville, la chaleur renouvelable est une activité plus jeune que l’électricité renouvelable. On travaille à densifier ce secteur, voilà pourquoi ils s’intéressent à nous. » Les partenaires historiques de la PME girondine remettent également au pot à cette occasion : le fonds familial Noria spécialisé dans les énergies décarbonées, Bpifrance (via son fonds sectoriel France Investissement Energie Environnement - FIEE), la holding Holdheat et enfin le groupe basque Etchart.

Depuis son lancement il y a huit ans, Newheat a déployé et exploite aujourd’hui cinq centrales fournissant annuellement 40 MWh de chaleur renouvelable, au terme d’un plan d’investissement global de 15 millions d’euros en trois ans. « Notre métier c’est de fournir à nos clients le bon niveau de chaleur, au bon moment, pendant la bonne durée. On a prouvé qu’on est capable de le faire. Maintenant la massification de ce marché est encore devant nous », reprend le dirigeant. Fort de cette manne, Newheat entend lancer la réalisation, lors des trois prochaines années, de 15 nouveaux projets, pour un total d’investissement de 150 millions d’euros et la fourniture annuelle de 200 GWh de chaleur renouvelable. Soit trois fois plus de projets, pour un volume d’investissement décuplé, traduisant l’arrivée de dossiers de plus grande ampleur.

Le mérite environnemental

Sur le principe, la structure financière des projets reste la même. Newheat investit sur fonds propres et dette à long terme, avec également une part de subvention (le fonds Chaleur de l’Ademe, par exemple) et vend les centrales à ses filiales dédiées (avec éventuellement un actionnaire extérieur minoritaire) qui vendent ensuite la chaleur aux utilisateurs finaux qui s’engagent sur des contrats de 15 à 20 ans. Elle élargit en revanche son positionnement d’opérateur intégré « à toutes les solutions de production et de récupération de chaleur renouvelable », est-il indiqué. « Nous avons débuté avec le solaire thermique, qui nous a permis d’acquérir un savoir-faire technique sur la conception et le pilotage des systèmes, d’autant que c’est une énergie assez capricieuse. On ajoute désormais la récupération de chaleur fatale, celles des fumées de chaudières par exemple. Mais aussi les pompes à chaleur, mais avec parcimonie car si on le fait massivement on consomme beaucoup d’électricité et on déplace le problème. Et à la fin, on mobilise de la biomasse et du biogaz en complément, sur les 20 à 30 derniers pour cent », déroule Hugues Defréville.

Lequel souligne immédiatement un point d’attention mis en lumière par les travaux récents de l’Ademe ou du SGPE (Secrétariat général à la planification écologique) : les limites de la ressource biomasse et la nécessité de hiérarchiser les usages. « Nous faisons du cousu main, au cas par cas », argumente le CEO. Traduction : pour ces différentes sources, une priorité est déterminée selon un ordre de « mérite environnemental précis, tenant notamment compte des émissions de CO2, du respect de la biodiversité mais aussi de la disponibilité des ressources et des contraintes locales de chaque projet », tient à faire savoir la société, qui peut également mobiliser du stockage d’énergie sur plusieurs mois grâce à la géothermie. « On peut ainsi arriver à 100% de décarbonation pour des chaleurs inférieures à 100 degrés. On aura besoin d’utiliser de la biomasse pour les hautes températures », explique encore le dirigeant.

Recrutements et rentabilité

Ces 15 nouveaux sites, à la distribution équilibrée entre utilisateurs industriels et réseaux de chaleurs urbains, seront majoritairement implantés en France, même si l’international devrait continuer à s’étoffer. Outre l’équipement d’une malterie en Croatie pour le groupe Boortmalt, déjà engagé et dont le volet subvention provient de l’Innovation Fund de la Commission européenne (mise en service programmée pour l’été 2025), des réalisations pourraient annoncées dans le domaine des réseaux de chaleur en Europe centrale et de l’Est, « qui utilisent beaucoup de charbon et de gaz et ont des contraintes fortes pour se décarboner et sont donc en demande de solutions », analyse Hugues Defréville. Ayant déjà multiplié ses effectifs par deux au cours des 18 derniers mois, pour atteindre près de 45 personnes, Newheat se prépare à renforcer encore ses équipes qui devraient totaliser quelque 80 personnes à l’horizon 2025/2026, avec un focus particulier sur le département Opérations (ingénierie, réalisation et exploitation) et les fonctions support (finance et administratif). Le tout étant dans sa grande majorité localisé au siège bordelais.

Ne révélant pas son niveau de chiffre d’affaires, l’entreprise « ne cache pas ne pas être encore rentable, ni en 2022 ni cette année », mais estime en être « très proche, d’autant plus avec le volume d’affaires qui arrive, on y sera, il n’y a pas l’ombre d’un doute », calcule le dirigeant. Lequel se félicite de voir « la chaleur renouvelable remonter dans le haut des agendas depuis deux ans et commencer à être traitée à la hauteur des enjeux identifiés. Maintenant il faut les moyens en face ». Lors de l’inauguration le mois prochain de la centrale liée au site Lactosol dans la Meuse, « la plus grande centrale solaire thermique en France [ndlr : 13,1 MWh] et deuxième plus grande d’Europe pour alimenter un site industriel », pour le compte de Lactalis « qui serait intéressé pour qu’on lui fournisse d’autres usines », confie le dirigeant bordelais, le président de l’Ademe sera présent. L’occasion de lui présenter ce « flagship signé avec un leader mondial », mais aussi de lui rappeler les enjeux et l’inciter « à multiplier le fonds Chaleur ».

Newheat
SAS fondée en décembre 2015
Siège social : Bordeaux
Effectif : environ 45 personnes
CA : NC

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