Au Teich, le caviar Perlita passe au solaire dans une optique d’autoconsommation - Premium
Les bassins de prégrossissement de l'Esturgeonnière sont désormais recouverts de panneaux solaires - crédit Perlita
L’Esturgeonnière, qui produit dans la forêt du Teich le caviar Perlita, a réalisé au printemps un chantier photovoltaïque à 200.000 euros. Développé dans une optique d’autoconsommation, il devrait permettre à la ferme piscicole de couvrir ses besoins énergétiques sur la partie la plus ensoleillée de l’année, avec un retour sur investissement en moins de cinq ans.
Installé dans la forêt du Teich, en plein cœur du bassin d’Arcachon, la ferme piscicole l’Esturgeonnière a récemment couvert une partie de ses bassins extérieurs dédiés au prégrossisseement des larves d’esturgeon. Une charpente métallique couvre désormais 800 m² de bassins, offrant 600 m² de pente tournée vers le sud et recouverte de panneaux photovoltaïques. Pour Michel Berthommier, dirigeant et propriétaire du site qu’il a repris en 1997, c’est la perspective d’une hausse de prix inéluctable des prix de l’énergie qui a fait office de déclencheur.
« Tous nos voisins européens paient déjà leur électricité plus cher que nous, on voit se profiler des hausses comme on n’en pas connu depuis longtemps d’ici quelques mois », pronostique-t-il. Or le contexte est favorable à la recherche de solutions alternatives, avec une ligne dédiée à la subvention de projets d’énergies renouvelables au niveau du conseil régional. « C’est ce qui fait qu’on a appuyé sur le bouton », résume Michel Berthommier, qui espère bien réussir, grâce à ce projet, à « neutraliser » une partie significative de sa consommation électrique.
Développer un projet de plus grande ampleur ?
« On sait que le prix de l’électricité va augmenter de 30%, sans doute dans les prochains mois, ce qui aura pour conséquence d’augmenter la facture de l’Esturgeonnière de plus de 50 k€ par an. Si du mois de juin au mois de septembre nous produisons notre besoin durant 10 heures par jour en moyenne, on pourrait neutraliser 2400 heures sur 8600 heures annuelles. Nous serions donc en autosuffisance sur 30% des heures de l’année… … soit à peu près le montant de la hausse envisagée », détaille le dirigeant. Le calcul mérite d’être affiné, mais « si le scénario se vérifie, ça sera rentabilisé en moins de 5 ans ». Le retour sur investissement est d’autant plus important que l’été, période la plus propice à la production d’énergie solaire, se traduit pour la ferme piscicole par une consommation électrique plus importante, due notamment à la nécessité de brasser et oxygéner les bassins d’élevage.
Pourquoi ne pas voir plus grand, sachant que l’Esturgeonnière dispose de 6.500 m² de bassins extérieurs, quitte à vendre les surplus de production ? « Ca n’est pas mon métier de développer un tel projet, mais j’avais rencontré un prestataire qui était intéressé pour le faire. Malheureusement, la hausse vertigineuse du prix des métaux a rendu le projet caduc. Couvrir des bassins déjà construits, dont les margelles n’ont pas été prévues pour porter une charpente, suppose en effet de nombreuses contraintes, à commencer par le fait de travailler avec les poissons, puisqu’il est impossible d’interrompre l’élevage. Ces contraintes engendrent un surcoût qui était acceptable avant l’envolée des prix, mais ne l’est plus aujourd’hui, confie Michel Berthommier, qui se dit pourtant toujours intéressé par l’idée. On réfléchit à mutualiser le projet. Dans ce contexte, l’Esturgeonnière pourrait investir à hauteur de 2.000 m² ».
L’IGP Caviar d’Aquitaine espérée d’ici fin 2023
En parallèle, l’Esturgeonnière se concentre sur son métier premier : la production de caviar, avec des opérations qui couvrent l’intégralité du cycle de vie des œufs d’esturgeon, de la nurserie jusqu’au conditionnement. Si l’activité commerciale a souffert de la crise sanitaire, les ventes au détail et à l’export ont retrouvé des couleurs. Au niveau national, le secteur de la restauration manque tout de même encore à l’appel, ce qui ne va pas sans susciter quelques commentaires amers. « Il n’y a pas un chef qui n’a pas appelé à travailler avec des producteurs locaux pendant la crise, mais depuis quelques mois, tous ceux qui utilisent du caviar sont repartis vers des produits d’origine étrangère », regrette Michel Berthommier, qui milite pour que l’origine géographique du caviar – souvent chinois - soit précisée sur la carte des restaurants, comme elle l’est pour la viande. Les six producteurs de caviar de la région attendent dans ce contexte avec impatience la création de l’IGP Caviar de Nouvelle-Aquitaine, espérée fin 2023 ou début 2024.
En attendant, l’Esturgeonnière, qui n’avait pas révisé ses prix depuis dix ans, a pris la décision début 2022 d’augmenter ses tarifs, et prévoit une nouvelle hausse aux alentours de la rentrée de septembre. « Depuis les événements de l’an dernier, on fait face à des hausses de prix qu’on ne peut plus compenser : le transport, mais aussi le prix de l’aliment ou de l’emballage qui a pris 50% en un an. Pour le moment, nous sommes protégés par le contrat en cours sur le volet énergie, mais la question va se poser très rapidement, d’où la nécessité de trouver des solutions », conclut l’entrepreneur.
