« La force de l'entrepreneur : avoir un bon réseau », l'influenceur Martin Petit témoignera à la CCI
Martin Petit a porté la flamme olympique lors des Jeux 2024. Crédit : Martin Petit
Martin Petit, l'influenceur bordelais tétraplégique aux 37.000 abonnés sur YouTube, sera au Salon des entrepreneurs de Bordeaux pour un témoignage inspirant sur l'aventure entrepreneuriale. Rendez-vous le 30 septembre à 14h00 à la CCI Bordeaux Gironde. Le salon tourne dans six villes de Gironde jusqu'au 3 octobre.
Fort de ses 106.000 followers sur Instagram et 37.000 abonnés sur YouTube, l'influenceur bordelais Martin Petit crée son entreprise, Martin Vision Petit. Son but : faire bouger les lignes de l'inclusion en mettant en lumière les personnes fragilisées qui créent et entreprennent malgré les embûches de la vie. Le jeune homme témoignera le 30 septembre lors du Salon des entrepreneurs, organisé par la CCI Bordeaux Gironde (lire ci-dessous). La société Martin Vision Petit commence son activité par « Confidences », une série de vidéos sur Youtube, donnant la parole à des personnes qui vont de l'avant malgré les coups du sort. Avec 15.000 euros d'apport personnel, un modeste prêt de la banque, un partenaire de taille avec APF France Handicap et un bon réseau en local autant que sur le web, Martin Petit transforme sa volonté de sensibiliser au handicap dans les entreprises. « Le risque financier existe mais je me lance parce que j'y crois », sourit-il. Avec 52 interviews d'une heure et demi chaque année, le budget s'épaissit.
Sept ans après son accident de plongeon sur une plage des Landes où il s'est brisé les cervicales, il assume le risque. « J'ai financièrement de quoi tenir un an. Pour le moment, je ne me rémunère pas. Ce que je gagne me permet de payer mon équipe et d'investir dans du matériel. » C'est là, notamment, que le handicap impacte la stratégie financière de l'entreprise. « Normalement, il est préférable de louer ce matériel de tournage, explique-t-il. Moi, je l'achète pour gagner du temps et moins me fatiguer. Il faut bien comprendre que pour me rendre sur un tournage, je dois ranger tout le matériel dans mon van, c'est lourd, pas facile à transporter et je n'ai plus l'usage de mes doigts… »
Avancer step by step
Il fait appel à Kévin Teixeira, chef opérateur et Youtubeur, ainsi qu'à Jean Gindraud pour le montage. Les interviews sont tournées à l'hôtel Les Carmes Mondrian, à Bordeaux. « Lorsqu'une chambre est libre, nous pouvons y installer notre studio. L'équipe apprécie d'aider un projet qui met en avant l'humain. Dans la création d'entreprise, souvent il y a des histoires de liens. C'est comme avec la banque, je voulais travailler avec la Caisse d'Epargne et eux ont envie d'aider un jeune homme tétraplégique qui veut bouffer la vie ! »
Devant le public d'entrepreneurs, à Bordeaux, il racontera aussi ses peurs et ses échecs. « Créer mon entreprise me faisait peur mais j'ai avancé step by step. J'ai d'abord rencontré les personnes spécialisées à la CCI qui m'ont expliqué les étapes du chemin, les aides auxquelles je pouvais avoir droit, comment faire un prévisionnel, établir un dossier pour les banques, etc. J'ai appris énormément de choses. Je pense que l'entreprenariat, c'est ne pas se cantonner à ce que l'on connaît, mais ouvrir le champ des possibles et concrétiser ses idées. »
Des échecs en forme de victoires
Ses échecs, ils les voient plutôt comme des occasions de grandir. « Quand on se retrouve cloué sur un lit d'hôpital alors que la veille on sautait dans les vagues plein de fougue, on apprend à relativiser, lâche-t-il. Pour moi, si je rate, ok j'aurais perdu de l'argent et je vais tout faire pour que cela n'arrive pas mais au moins j'aurais appris ce qui ne fonctionne pas, ce que je dois faire différemment. » Il a, par exemple, créé puis laissé en dormance une marque de vêtements, Oyat. « D'abord, je n'ai pas dit mon dernier mot sur ce dossier ! Et puis, je sais qu'à ce moment de ma vie, gérer les fournisseurs, la fabrication, la vente, etc., représentait trop de contraintes et d'énergie pour moi. »
Martin Petit est mannequin pour une marque de vêtements grand public qui propose une collection adaptée aux personnes à mobilité réduite. Crédit : @mathilderz / Jules.
Parmi ses forces, il sait pouvoir compter sur sa communauté et sa notoriété. « La force d'un entrepreneur c'est, en grande partie, son réseau, résume-t-il. Il doit savoir aller à la rencontre de l'autre. » C'est ce levier qu'il actionne pour chercher des partenaires afin de faire grandir « Confidences » et pouvoir déléguer un maximum de tâches de manière à mettre son temps à profit pour le développement de projets. « Le combat pour faire changer les choses ne s'arrête pas à des vidéos, je veux aller plus loin, notamment dans le monde de l'entreprise. » Il arrive régulièrement que des dirigeants le contactent pour connaître son avis sur la manière de développer l'insertion de personnes en situation de handicap dans l'entreprise. Ce besoin sera sans doute la base de l'un de ses projets futurs. « Je veux gagner de l'argent pour être utile aux autres et pour pouvoir alléger mon quotidien. Par pour me payer des voitures de luxe mais pour moins me fatiguer : il faut savoir pourquoi on crée son entreprise et ne pas perdre de vue ce cap, car c'est ce qui nous porte. »
Parmi ses projets : développer des synergies entre les décideurs afin de lever les freins à l'emploi de personnes handicapées et aider des centres à s'équiper pour ne pas faire vivre à d'autres les manques qu'il a subis.
Le Salon des entrepreneurs
Le Salon des entrepreneurs se déroule jusqu'au 3 octobre 2024. Rendez-vous 27 septembre à Saint-Laurent-Médoc, le 30 octobre à Bordeaux, le 1er octobre à Cérons-Sud Gironde et le 3 octobre à Libourne. Le 30 octobre à Bordeaux, six ateliers sont programmés tout au long de la journée, avec, notamment, le témoignage de Martin Petit et Laure Babin, fondatrice de Zèta.