ESS : les fondations territoriales ou d’entreprise, moteurs d’ancrage et de solidarité - Premium

Dans les allées du GSEF, les nationalités se croisent et les accents se mêlent. Sur les plus de 7.000 inscrits, à peine plus de 2.000 sont français, preuve s’il en faut de la dimension internationale du Forum mondial de l’économie sociale et solidaire. Si le Hangar 14 et la Cité Bleue, à Bordeaux, sont destinés au grand public, le Palais 2 l’Atlantique prend toute sa dimension professionnelle. Au rez-de-chaussée, les plénières s’enchaînent dans une salle immense, tantôt en anglais, tantôt en français. À l’étage, les différentes salles du bâtiment accueillent des dizaines de tables rondes plus confidentielles et spécifiques, mais non moins attendues par les visiteursÀ lire également : GSEF à Bordeaux - « Nous avons tout intérêt à défendre le budget de l’ESS » Dans la salle Jacques Ellul à 10 heures, ce jeudi matin, les rangs se remplissent vite au point que l’on doit rester debout, s’asseoir par terre, voire écouter les échanges depuis le couloir. Le thème de la matinée : le rôle des fondations pour le développement de l’ESS dans les territoires. « Je pensais qu’il n’y aurait personne, le programme est tellement dense », souffle l’une des intervenantes avant de prendre la parole.Un enjeu renforcé en ruralité Qu’elles soient territoriales comme Fier de nos quartiers à La Rochelle, ou spécifiques à une seule entreprise comme celle de Compagnie Léa Nature ou d'Artzainak, lauréat du premier Trophée Résolution, ces structures apparaissent comme un moyen de contribuer aux enjeux de solidarité. Ainsi l’an dernier, plus de 12.000 projets ont été soutenus via la Fondation de France, qui abrite un peu moins de 1.000 fondations. « Nous avons alloué 380 millions d'euros à des projets d’intérêt général », précise Cécile Malo, responsable Grande cause Territoires de la structure.Pour explorer le sujet : Lors du GSEF, la Nouvelle-Aquitaine annonce un fonds de 20 millions d’euros pour l’ESS Ces fondations prennent d’autant plus de sens dans les zones rurales, « qui représentent 80% du territoire et accueillent un tiers de la population », rappelle Cécile Daclin, déléguée générale de la Fondation RTE pour les ruralités (Réseau de transport d’électricité). Problèmes de mobilité, faibles densités de population, « pour les structures de l’ESS cela signifie souvent moins de bénéficiaires, et donc des conséquences sur leur modèle économique », précise-t-elle. Pourtant l’économie sociale et solidaire y trouve toute sa place : dans certains territoires comme en Creuse ou dans le Lot, elles peuvent représenter jusqu’à un quart des emplois. Tandis qu’en zone urbaine, sur la métropole bordelaise par exemple, l’ESS représente 14% de l’emploi total.Les entreprises au cœur des fondations Quel que soit le territoire, les fondations se positionnent en « tiers de confiance », en cofinanceurs de projets, permettant des effets de levier en impliquant des mécènes. « Il y a un vrai enjeu à aller chercher l’implication des entreprises, souligne ainsi Jérôme Troquereau, directeur régional de l’Inaé Nouvelle-Aquitaine, qui copilote le fonds de dotation pour l’économie solidaire dans la région. C’est ici qu’est apparue la notion de RTE, responsabilité territoriale des entreprises théorisée par Timothée Duverger et Maryline Filippi. C’est la capacité, l’engagement d’une société à s’ancrer sur son territoire d’implantation. Mais aussi à écouter les besoins et à coopérer avec les acteurs locaux, en contribuant activement au bien-être local. » Il cite ainsi en exemple l’entreprise médocaine Adam, fabricant d’emballages en bois massif dont les dirigeants, Jean-Charles et Hélène Rinn, sont connus pour leur volonté de transmettre la société à leurs salariés. Après plusieurs années de réflexion, ils ont créé en 2022 la fondation actionnaire Faire : Fonds Adam pour des initiatives responsables et écologiques. Outre d’assurer la bonne transmission d’Adam aux équipes, la structure, qui a le statut de fonds de dotation, porte une mission philanthropique et notamment de protection du patrimoine forestier. « Souvent on oppose le monde économique et caritatif, reprend Jérôme Troquereau. Les PME me disent “je crée de la valeur sur mon territoire”. Oui, mais elles doivent aussi reconnaître leur responsabilité. Un employeur, une entreprise n’a pas juste vocation à créer des produits ou des services, mais elle a aussi une vocation de transformation sociétale qu’il est nécessaire de rappeler. »Les sujets d'engagement pour intéressent ? Retrouvez notre site dédié !

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