ESS (4/4) : l’entreprise adaptée Synergy vise le statut d’ETI - Premium
Alors que Bordeaux est cette année la capitale mondiale de l’économie sociale et solidaire, Placéco vous emmène toute la semaine à la découverte de structures qui sortent de l’ordinaire. Souvent sous forme de coopératives, ces entreprises au modèle économique peu banal ont le vent en poupe. Mais sont-elles viables sur le long terme ?
Eric Soumaille, directeur général, et Marco Savineau, responsable de l'activité multi-technique de Synergy. Crédits : MB
L’entreprise adaptée Synergy, qui est aussi une SCOP, ambitionne de devenir une ETI d’ici 2025. Pour cela, elle va investir cette année 1,5 million d’euros dans son outil de production. Explications avec Erick Soumaille, directeur général.
Synergy fêtera en novembre prochain son quarantième anniversaire. L’entreprise adaptée basée à Pessac est née en 1982, sous la forme associative, avant de se transformer en société coopérative et participative (SCOP) il y a sept ans. « À l’origine, Synergy était plus précisément un atelier protégé, présente Eric Soumaille, directeur général de l’entreprise. La volonté était déjà de travailler sur la réinsertion de personnes en situation de handicap ou fragilisées. Ça a bien fonctionné, l’association a pu croître assez rapidement, pour atteindre cette date clef du 1er janvier 2015, année de notre évolution. » Une mutation qui a permis à Synergy de rester ancrée dans l’économie sociale et solidaire, tout en palliant les difficultés entraînées par sa croissance.
Aujourd’hui, Eric Soumaille veut franchir un nouveau cap en faisant de Synergy, d’ici 2025, une entreprise de taille intermédiaire. « Nous évoluons dans un domaine concurrentiel, et nos clients ne viennent pas nous voir uniquement parce qu’on emploie 55% de personnes en situation de handicap, souligne le directeur général. Ils viennent nous voir parce qu’on fournit des prestations de qualité, parce qu’on respecte les délais et qu’on s’aligne sur les prix du marché. Synergy est une entreprise comme une autre, basée sur un modèle économique classique. »
Objectif : 13M€ de CA
Pour être plus résiliente, la SCOP développe trois segments d’activité. Dans le tertiaire, qui représente 10% de son chiffre d’affaires ; dans l’électronique qui représente les trois-quarts de l’activité ; puis un segment multi-technique. « Dans ce domaine nous comptons un client de renom qui est Orange, reprend Eric Soumaille. Depuis le printemps dernier nous intervenons en Occitanie pour ce grand compte, en plus de la Nouvelle-Aquitaine. Nous venons d’ailleurs de recruter un deuxième salarié sur place et si l’activité représente une faible part de notre chiffre d’affaires aujourd’hui, elle se développera dans les mois à venir. » Autre grand compte, Dalkia, qui travaille déjà avec Synergy pour la maintenance de bâtiments, et qui voudrait étendre lui aussi cette collaboration à l’Occitanie.
Synergy compte une centaine de clients actifs, de l’entreprise unipersonnelle au grand groupe industriel. La SCOP a plus que doublé son chiffre d’affaires depuis 2015, et avoisinait l'année dernière les 10 millions d’euros. « En devenant une ETI, on aimerait rejoindre les 13 ou 15 millions d’euros de CA assez rapidement, réfléchit notre interlocuteur. Nous comptons près de 180 salariés, ça commence à être une bonne taille. »
Des investissements multipliés par 5 cette année
Mais pour obtenir le statut d’entreprise de taille intermédiaire, il faut compter 250 collaborateurs. Pour monter en puissance, Synergy a réalisé d’importants investissements depuis sa mutation : près de 4 millions d’euros en sept ans. Pour la rénovation de son site, la modernisation des équipements de production, entre 300.000 et 400.000 euros ont été investis tous les ans. Et ce budget sera quintuplé cette année, pour dépasser 1,5 million d’euros. « Ça fait beaucoup, oui, concède Eric Soumaille. Nous devons nous équiper de trois lignes identiques pour aller plus vite, car aujourd’hui toutes ne sont pas performantes. Et pour financer tout ça, ça fait plusieurs mois que je recherche des financements. Après réflexion, nous n’ouvrirons pas notre capital en 2022 car cela signifierait un poste en plus au Conseil d’administration. Aujourd’hui tout se passe bien entre nous, les salariés, et nous ne voulons pas que ça change. »
Alors, pour financer sa croissance, l’entreprise compte sur les prêts participatifs de relance (PPR). Un outil s’étalant sur huit ans, avec un différé d’amortissement de quatre ans. « En clair, on peut bénéficier de l’apport pour nos futurs investissements en 2022, accélérer notre croissance, puis faire face sereinement à l’endettement qui sera le nôtre en 2026. » Le directeur général bénéficiera également d’un accompagnement, car la SCOP fait partie de la cinquième promotion de l’accélérateur PME/ETI de la Région Nouvelle-Aquitaine. « En 2015, peu de monde pariait sur nous, se remémore Eric Soumaille. Puis on a démontré qu’on sait travailler, et ça fonctionne plutôt pas mal. Même si on garde les pieds sur terre, et que des retournements de situation peuvent toujours arriver. »
Synergy
Basée à Pessac
180 salariés
CA 2021 : 10M€
