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Avec ses planches de surf écoresponsables, Nomads Surfing poursuit sa croissance

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lundi 05 juillet 2021

Nicolas Thyebaut, Thomas Cervetti et Basile Gentil sont les fondateurs de la marque - Crédits : Nomads Surfing

La startup Nomads Surfing propose des accessoires de surf écoresponsables, fabriqués principalement à partir de déchets valorisés. Elle lancera à l’automne prochain une campagne de crowdfunding pour développer un nouveau produit, et propose en parallèle une activité B2B de sensibilisation à la pollution.

Nomads Surfing, c’est l’histoire d’une rencontre entre trois surfeurs : Nicolas Thyebaut, Thomas Cervetti et Basile Gentil. En 2017, l’idée leur vient de créer une marque « avec des convictions » à destination des amoureux de l’océan. « Nous sommes tous les trois passionnés par ce sport, raconte Nicolas Thyebaut. Nous avons habité en Asie du Sud-Est et là-bas, nous nous sommes rendu compte de l’impact de la pollution plastique… Alors, nous avons voulu proposer une alternative pour les surfeurs avec des produits éco-conçus. »

Selon le cofondateur, l’industrie du surf à l’échelle mondiale représente aujourd’hui près de 3,1 milliards d’euros. « C’est énorme ! Surtout que 95% des planches et des combinaisons viennent d’Asie, et sont issues de l’industrie pétrochimique. » Après un an de R&D pour trouver les fournisseurs, les matériaux, designer les produits et réaliser les études de marché nécessaires, le trio concrétise son projet : en mars 2018, l’entreprise Nomads Surfing est créée.

Réduire les émissions de CO2 pour la production

« Nous avons voulu aller le plus loin possible dans la recherche de matériaux vertueux, reprend Nicolas Thyebaut. Nous nous sommes demandé quels déchets étaient valorisables. » Ainsi les dérives, ces ailerons que l’on fixe aux planches de surf, sont composées à 70% de filets de pêche. « C’est une entreprise espagnole qui récupère ces filets, les broie et en fait des billes de plastique. » Idem pour les grips (aussi appelés pads), qui permettent d’avoir une meilleure adhérence sur la planche. Nomads Surfing travaille avec une entreprise landaise qui récupère des bouchons de liège recyclés, et les transforme en plaques. La bagagerie est produite à Bordeaux à partir de bâches récupérées lors d’événements comme le Lacanau Pro 2019, et les planches sont créées  partir de pains de mousse de polystyrène récupérés en France, entièrement recyclables et en partie recyclés. La résine utilisée, elle, provient à 40% de matériaux biosourcés. « Nous voudrions proposer des planches issues de produits entièrement recyclés, précise Nicolas Thyebaut. Nous sommes en phase de test aujourd’hui, cela prend du temps… » Néanmoins selon lui, une planche Nomads Surfing émet aujourd’hui 20% de CO2 en moins qu’un modèle conçu en « traditionnellement » avec du plastique.

Seul produit fabriqué en Chine et vendu par le trio, les gourdes, « impossibles à créer » dans l’Hexagone. « Nous les avons importées en train pour réduire les émissions de CO2, précise l’entrepreneur. On sait qu’il y a encore des pistes d’amélioration, qu’il y a plus écoresponsables que nous aujourd’hui et on prône la transparence. Par exemple on n’hésite pas à dire d’acheter une planche de seconde main pour une personne débutante, si elle n’a pas besoin d’un produit neuf ! »


Les grips (aussi appelés pads) sont conçus en liège recyclé - Crédits : Nomads Surfing

Baisser les marges pour être accessible

Si le marché des accessoires de surf est très saisonnier, la France compte plus de 800.000 pratiquants et ce nombre tend à augmenter après les confinements successifs. « Le Covid-19 a été un accélérateur pour nous. Il y a de plus en plus de pratiquants, y compris en hiver. Les gens ont envie de faire du sport dans la nature, en extérieur ! » Mais qui dit produits éco-conçus dit, souvent, prix (trop) élevés. « On s’est penché sur cette problématique, poursuit Nicolas Thyebaut. Finalement nos planches sont dans la moyenne, car nous avons décidé de diminuer nos marges. » Les dérives ou les pads sont vendus 15 à 20% plus cher que des produits classiques, « mais on ne passe pas du simple au double », précise le cofondateur.

Aujourd’hui Nomads Surfing vend ses produits via son e-shop, et chez une quarantaine de revendeurs basés sur toute la façade Atlantique. « Nous comptons entre 200 et 300 clients par mois sur notre site internet, mais nous aimerions développer notre réseau de revendeurs à la rentrée. Pourquoi pas ouvrir un showroom à Bordeaux, aussi… Notre objectif est de devenir, à terme, l’un des leaders européens de l’accessoire de surf écoresponsable. » Après une première campagne de crowdfunding réussie en novembre 2020 pour financement la conception des dérives (16.000 euros récoltés), la startup lancera en fin d’année une seconde campagne, cette fois pour des leash (cordons reliant la planche et le surfeur).

Sensibiliser à tous les niveaux

La startup sensibilise ses clients notamment au réemploi des emballages. Les produits sont ainsi livrés dans des contenants réutilisables environ 40 fois. « Quand le client le reçoit, il doit réaliser une action citoyenne en postant l’emballage. Il n’y a pas de limite dans le temps, c’est gratuit. La Poste renvoie ensuite ces emballages vers une structure chargée de les nettoyer, et on peut ensuite les réutiliser ! Les clients le savent lorsqu’ils effectuent une commande chez nous car nous les avertissons par mail… Et ils jouent le jeu ! » En parallèle, Nomads Surfing propose des ateliers de sensibilisation en B2B, à destination des entreprises et des collectivités. « Nous avons travaillé avec Porsch, avec la Promenade Sainte-Catherine ou avec les Girondins, énumère Nicolas Thyebaut. Nous arrivons sur place avec deux machines qui valorisent le plastique en direct, pour parler de l’économie circulaire. » Les cofondateurs veulent mettre l’accent sur cette activité, partie intégrante de leur modèle économique. « On aimeraient que ça représente 20% de notre chiffre d’affaires. »

Aujourd’hui l’entreprise est rentable et vise les 350.000 euros de chiffre d’affaires l’année prochaine. « On n’a pas encore développé la côte méditerranéenne ni l’Europe, reprend Nicolas Thyebaut. On commencer à voir pour se déployer en Angleterre, et d’ici 2022 ou 2023 on mise aussi sur la Suisse et les pays scandinaves. Nous avons un potentiel de développement important, il faut maintenant asseoir notre notoriété ! » Les fondateurs sont pour l’instant opposés à une levée de fonds et veulent garder leur capital. « Cependant, on est toujours intéressés pour échanger avec des patrons bordelais, bénéficier de conseils et partager notre expérience en retour. » D’ici les prochains mois Nomads Surfing deviendra probablement une entreprise à mission pour être pleinement ancrée dans l’économie sociale et solidaire. « Depuis notre création nous avons versé 17.000 euros à des associations et ONG. De par nos dons ou nos actions, c’est l’équivalent de 10 tonnes de déchets qui ont été retirés de la nature, nous voulons continuer en ce sens ! »

Nomads Surfing
Basée à Bordeaux
3 cofondateurs
CA : n. c. 
www.nomads-surfing.com

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