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Santé (1/4) : « Faire de la Nouvelle-Aquitaine le Boston français »

Écosystème
lundi 16 mai 2022

Comment faire pour soutenir l’innovation dans la santé, des laboratoires de recherche vers des entreprises matures ? Placéco est allé à la rencontre de plusieurs acteurs du domaine, et vous propose cette semaine une série d’articles sur le sujet.

Gilles Duluc, directeur de l’innovation au CHU de Bordeaux ; Laurence Lachamp, directrice d'Allis-NA ; Marc Chevalier, directeur de l'innovation à l'IHU Liryc ; et Franck Mouthon, président de France Biotech. Crédits : France Biotech

La filière santé représente aujourd’hui 15% de l’emploi salarié de Nouvelle-Aquitaine. Si la région, et en particulier la Gironde, comptent plusieurs entreprises innovantes dans le domaine de la healthtech, les acteurs de la filière veulent renforcer leur position, et ambitionnent de faire de la région « le Boston français ».

La semaine dernière, l’association de professionnels France Biotech, qui fédère la filière healthtech de l’Hexagone, a présenté son panorama annuel depuis Bordeaux. Un panorama permettant de mesurer les évolutions de la filière, du développement de produits à la capacité de recruter, en passant par les besoins de formation. Plus de 2.000 entreprises sont aujourd’hui en activité en France, pour une filière commençant à avoir « une certaine maturité », précise Chloé Evans, responsable des études sectorielles et des relations internationales chez France Biotech. « On constate une hausse des budgets dédiés à la R&D, de 20% en moyenne par rapport à 2020, explique la jeune femme. Et le chiffre d’affaires des entreprises a doublé, en moyenne, ces cinq dernières années. »

Si la filière santé se développe à l’échelle nationale, elle connaît également un vrai dynamisme en Nouvelle-Aquitaine, et plus précisément en Gironde. « Aujourd’hui, la région compte tous les représentants de la chaîne de valeur healthtech. Notre grande force, c’est d’avoir à la fois les acteurs industriels, et d’être performant sur le parcours de soin et la recherche », se réjouit Laurence Lachamp, directrice de l’Alliance Innovation Santé en Nouvelle-Aquitaine (Allis-NA). En chiffres, cette performance se traduit par 250 entreprises couvrant tous les secteurs d’activité (biotechnologies, produits de santé stériles et santé numérique), dont la moitié sont des startups. Sur toute la région, la santé représente 15% de l’emploi salarié, dont 60.000 emplois uniquement sur la métropole bordelaise.

Bientôt un campus d’innovation santé ?

Trois « pépites » rayonnent aujourd’hui, figures de proue de la filière healthtech girondine. Treefrog Therapeutics, qui travaille sur une nouvelle génération de thérapies cellulaires ; Aelis Farma, qui développe une nouvelle catégorie de médicaments, et Fineheart, créatrice d’une pompe cardiaque innovante. « Il s’agit d’un dispositif médical stérile, et c’est l’un des domaines dans lesquels la Nouvelle-Aquitaine excelle, reprend Laurence Lachamp. Il y a également I.Ceram à Limoges, Implanet à Bordeaux ou Meccellis Biotech à La Rochelle. » Des sociétés développant des produits « aux approches très similaires » : dont le développement est à haute valeur ajoutée, et qu’il faut ensuite amener au patient.

C’est là tout l’intérêt de bénéficier, pour les entreprises, d’un écosystème solide. « On a de grands acteurs internationaux qui ont décidé de placer leurs sites de productions et de service sur la région, et ce n’est pas du hasard. Avant d’être à l’étape de la production industrielle, il faut pouvoir fabriquer le petit lot clinique que les équipes du CHU de Bordeaux pourront tester… Et ça, c’est très important », martèle la directrice de l’Allis-NA. Pour renforcer cet écosystème, un tiers-lieu d’expérimentation pourrait également voir le jour sur le territoire, ainsi qu’un campus dédié à l’innovation. Sans entrer dans les détails, le directeur de la recherche clinique et de l’innovation au CHU de Bordeaux, Gilles Duluc, dévoile les contours du projet : « On a la volonté collective, autour de l’IHU Liryc, de densifier et d’accroitre notre capacité à créer un campus d’innovation en santé, dans un avenir relativement proche. En valorisant ce qui existe déjà, et en envisageant d’autres développements des moyens de croissance pour les entreprises du territoire. »

Accompagner au mieux les entreprises 

Des établissements médicaux aux universités, en passant par les structures d’accompagnement des startups, pour la filière néoaquitaine, l’objectif est affiché : devenir le « Boston » français. En effet la ville américaine, située dans l’Etat du Massachussetts, fait aujourd’hui office de capitale mondiale de la biotech. « On pense être la seule région capable d’être ce pôle d’attractivité pour la healthtech en France, affirme Laurence Lachamp. Boston est un succès mondial car ils ont su travailler en équipe, et c’est notre ambition. »

Mais pour atteindre cet objectif, il faut pouvoir accompagner l’innovation, du laboratoire au lit du patient. « En France, on accompagne très bien la naissance des startups, il y a beaucoup d’outils de financement qui sont possibles au tout début, c’est ensuite que cela se complique, explique à Placéco le professeur Pierre Jaïs, directeur général de l’IHU Liryc. Les levées de fonds les plus significatives, au-delà de l’amorçage, sont compliquées en France et c’est à mon sens la grande différence avec les Etats-Unis. Il n’y a pas vraiment d’acteurs français, pas vraiment d’acteurs européens non plus et cela joue en notre défaveur. Ca participe à ce que j’appelle un environnement défavorable, pour passer de la startup à quelque chose de plus gros. »

Alors, comment faire pour soutenir l’innovation dans la santé ? Placéco est allé à la rencontre de plusieurs acteurs du domaine, et vous propose cette semaine une série d’articles sur le sujet.

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