Placéco Gironde, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Oui pub : « Nous pourrions perdre entre 25 et 40% d’activité »

Écosystème
jeudi 01 septembre 2022

En 2019, 894.000 tonnes d’imprimés publicitaires sans adresse (IPSA) ont été distribuées en France. Photo d'illustration : Adobe Stock Alho007

Alors que le dispositif « Oui pub » entre en vigueur à Bordeaux pour limiter la distribution de prospectus non-sollicités dans les boîtes aux lettres, les professionnels du secteur réagissent. En Gironde, Aquimedia distribue chaque année entre 2 et 3 millions de prospectus, et redoute une baisse d’activité.

Depuis ce jeudi 1er septembre, la Ville de Bordeaux expérimente un nouveau dispositif national baptisé « Oui pub ». Portée par l’Ademe, l’agence de la transition écologique, cette expérimentation vise à réduire les prospectus non-sollicités dans les boîtes aux lettres ; et donc le gaspillage de papier. À l’inverse de « Stop pub », qui obligeait particuliers et professionnels à apposer un autocollant sur leur boîte aux lettres pour ne pas recevoir de publicité, Oui pub interdit d’office la distribution d’imprimés publicitaires sans adresse (IPSA). Pour en recevoir, il faut désormais disposer d’un macaron spécifique sur sa boîte aux lettres. « L’autocollant gratuit est à la disposition des Bordelais souhaitant continuer à en recevoir. Disponible en mairies de quartier, hôtel de ville et cité municipale », précise la Ville de Bordeaux. Cette dernière, qui s’est portée volontaire pour l’expérimentation, affirme qu’en 2019, 894.000 tonnes d’IPSA ont été distribuées en France « dont une part significative auraient été jetée sans avoir été lue ». « Chaque année, la distribution d’imprimés publicitaires représente en moyenne 25 kg par foyer. »

Des professionnels dans l'expectative

La mesure, qui est en vigueur jusqu’en 2025, fait grincer des dents les professionnels du secteur. En Gironde, à Hourtin précisément, le groupe Aquimedia en est l’un d’eux. Comptant une centaine de salariés sur toute la France, dont une vingtaine à Bordeaux, cette régie publicitaire est spécialisée dans la conception graphique, mais surtout dans la distribution qui représente 80% de son activité. « En 2021 nous avons distribué entre 10 et 15 millions d’exemplaires à l’échelle nationale, et entre 2 et 3 millions en Gironde », illustre le directeur du groupe, Damien Charles-Dubar. Pour lui, le dispositif Oui pub est évidemment un coup dur. « Stop pub été déjà un frein, reprend-il. On estime qu’actuellement dans une ville comme Bordeaux, 30 à 35% des boîtes aux lettres sont concernées par ce premier dispositif – et 10 à 15% en milieu rural. Je pense que les gens ne feront pas forcément la démarche d’aller chercher leur autocollant en mairie. Cela pourrait avoir un impact important sur notre activité, entre 25 et 40% à l’échelle française. »

Aller vers plus de papier recyclé ?

Mais pour Damien Charles-Dubar, la mesure ne peut être pérennisée dans le temps, « car elle touche trop de secteurs ». « L’impression en premier lieu, qui s’est totalement dégradée depuis une dizaine d’années à cause d’Internet. Il y a aujourd’hui des concurrents italiens et allemands qui proposent des prix bien plus compétitifs, et il ne reste en France que les grandes sociétés d’impression. Et puis, évidemment, moins de publicité signifie moins de graphistes, de distributeurs et de logistique. » Si le directeur d’Aquimedia est « entièrement d’accord sur le fait d’utiliser moins de papier » et reconnaît que « oui, un camion, ça consomme », le problème vient pour lui des filières de recyclage, et non des consommateurs. « Une feuille de papier blanc classique, recyclée, peut servir quatre fois. Le gouvernement devrait plus se pencher sur cette filière, qui en plus créerait des emplois. Cela existe déjà, certes, mais ce sont de grosses entreprises qui ont la mainmise sur le sujet. » D’ici la fin de l’année, Damien Charles-Dubar démarrera ainsi une nouvelle activité en parallèle de celles existantes : Ecodistri. Une branche « avec une grosse résonance écologique, où nous essayerons de travailler avec du papier recyclé et des encres recyclables entre autres ».