Marie-Ange Gay Ramos (FFB Nouvelle-Aquitaine) : « notre rôle est de faire du lobbying » pour les professionnels du bâtiment
Marie-Ange Gay Ramos entame un second mandat à la tête de la Fédération Française du Bâtiment de Nouvelle-Aquitaine. Crédits : FFB David Morganti
Marie-Ange Gay Ramos, directrice générale de l’entreprise girondine Etrelec, est reconduite à la présidence de la Fédération Française du Bâtiment Nouvelle-Aquitaine pour trois ans. Un mandat que la dirigeante entend marquer par un soutien renforcé aux professionnels de la région, en cette période de crise pour le secteur.
Il y a peu, le gouvernement par la voix de sa Première ministre Elisabeth Borne, a dévoilé une série de mesures issues du Conseil national de la refondation Logements. Comment ces annonces vont-elles influer sur votre début de mandature ?
Mon objectif est d’accompagner les 12 départements qui composent notre fédération, notamment sur le plan politique - en étant un appui, un relais des revendications de nos adhérents quand ils en ont besoin. Faire en sorte qu’il y ait une pérennité dans notre activité, et éviter qu’une nouvelle crise n’éclate dans quelques mois…
C’est un risque, selon vous, aujourd’hui ?
Oui, car aujourd’hui l’activité se divise en trois segments : le bâtiment tertiaire, la rénovation et le logement neuf. Ce dernier chutera si rien ne change - le dispositif Pinel est supprimé, le PTZ [ndlr : prêt à taux zéro] ne correspond pas à ce qui était souhaité, il y a la ZAN [ndlr : zéro artificialisation nette des sols], la problématique du foncier, des prêts… Autant de sujets qui risquent de bloquer le logement neuf, et qui font que les entreprises positionnées sur le logement se rabattront sur d’autres opérations, sur lesquelles des entreprises sont déjà positionnées. Il faut remettre le logement au centre de l’activité, sinon on parle de 100.000 emplois en péril à l’échelle nationale, et 15.000 en Nouvelle-Aquitaine. Le logement neuf représente 30 à 35% du chiffre d’affaires des professionnels, si la machine s’enrhume, on arrivera à un blocage.
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Vous mentionnez des difficultés liées à la ZAN, est-ce un mauvais dispositif selon vous ?
En tant que fédération, nous ne sommes absolument pas contre la zéro artificialisation nette des sols, ce n’est pas cela qui pose problème. Le constat est évident, il faut arrêter d’artificialiser des terres car cela conduit à des impasses. Ce qui nous dérange, c’est la manière pour y arriver - il y a des incertitudes qui aboutissent à un excès de prudence. Nous raisonnons à l’échelle de la région, et paradoxalement c’est dans les zones rurales que la ZAN est bloquante, car on ne peut pas compenser l’artificialisation. Pour faire simple, nous demandons des indications pour que ce système soit efficace.
Un territoire très hétérogène
Que faut-il faire, alors, pour lever les blocages ?
Il faut reconduire le logement comme il était avant. Avoir un accompagnement financier en remettant le PTZ pour les primo-accédants, travailler plus fortement avec les banques pour ne plus avoir autant de refus de prêts… Et continuer à mettre l’accent sur les rénovations, notamment. Nous demandions 1 milliard d’euros pour Maprimerénov’, on nous en a donné 300 millions alors que ça fait véritablement travailler nos artisans. En Nouvelle-Aquitaine, 90% de nos adhérents ont moins de 10 salariés. Évidemment, ce n’est pas en local que l’on peut prendre ces décisions, cela doit venir de l’Etat, donc notre rôle est de faire du lobbying à toutes les échelles.
Aujourd’hui, quelle est concrètement la situation des professionnels en Nouvelle-Aquitaine ?
Elle diffère bien sûr d’un département à l’autre, car notre région est la plus dense de France. On constate un phénomène assez classique - une concentration d’activité sur tout l’arc atlantique - le Pays basque, les Landes, la Gironde et la Charente-Maritime. Second phénomène, de métropolisation - il y a un phénomène d’aspiration vers la Gironde qui concerne tous les secteurs économiques, et donc bien sûr, le bâtiment. Nous avons un territoire extrêmement hétérogène, de plus en plus, et c’est une particularité propre à la Nouvelle-Aquitaine. Il faut donc travailler sur nos forces pour endiguer nos faiblesses.