Expert-comptable 2/4. Facture électronique : quel impact pour les experts comptables ?
La facture numérique, nouvelle pour beaucoup d’entreprises, va impacter les pratiques des experts-comptables. Crédit : Adobe
Depuis plusieurs années, les cabinets d’expertise comptable voient leurs tâches s’automatiser grâce à de nouveaux outils et logiciels. Le passage à la facture électronique, prévu pour 2026 et 2027, va continuer à faire évoluer les pratiques.
À compter du 1er septembre 2026 pour les grandes entreprises et les ETI, puis à compter du 1er septembre 2027 pour toutes les autres entreprises, la facture électronique sera la règle en France. L'obligation d’émettre et de recevoir des factures électroniques s'appliquera ainsi à l'ensemble des opérations réalisées entre les entreprises assujetties à la TVA, établies dans l’Hexagone. Les factures électroniques (en format XML) transiteront sur une plateforme de dématérialisation accréditée par l'administration fiscale.
Un tout nouveau fonctionnement pour beaucoup d’entreprises qui va également impacter les pratiques des experts-comptables habitués à gérer les factures souvent papier de leurs clients. « Il y a deux ou trois ans, près de 60 % des cabinets recevaient encore des factures papier, mais petit à petit les choses se structurent et tout le monde adhère au numérique », indique Julien Porcarelli, expert-comptable chez Digitalis Expert & Comptable à Villenave d’Ornon et élu au Conseil régional de l’ordre des experts comptables de Nouvelle-Aquitaine. « En BtoB, la plateforme dématérialisée partenaire va automatiquement envoyer les factures aux impôts et au client. Cela va permettre de suivre tout le cycle de vie de la facture et d’avoir une meilleure connaissance des éventuels litiges. En BtoC, il y a des reportings réguliers à effectuer. Selon le régime de TVA, il faudra faire cette remontée d’informations tous les 10 jours ou tous les mois », ajoute-t-il. Malgré l’automatisation, « il faut faire attention aux erreurs ; il y aura toujours la partie contrôle. »
Une transition numérique qui fait émerger d'autres métiers
Des tâches qui reviendront bien souvent aux experts-comptables, selon la société concernée. Pour collecter les informations, la plateforme utilisée par le cabinet en question pourra être mise à disposition des clients. « Aujourd’hui, nous avons souvent des problèmes d’exhaustivité au quotidien, nous n’avons aucune assurance d’avoir toutes les factures des clients », relate l’expert-comptable. Le passage à la facture électronique résoudra ce problème. « Nous pourrons accompagner le client de façon plus précise », explique-t-il. A contrario, le client aura aussi plus de visibilité sur ce qui se passe côté cabinet comptable. « Le client voit ce que l’on fait, il y aura une transparence totale. »
Si l’automatisation est en place depuis quelques années, avec entre autres, l’utilisation de fichiers OCR (avec reconnaissance optique de caractères) pour extraire automatiquement les données des factures ou des outils permettant de générer automatiquement des déclarations ou états comptables, l’intelligence artificielle (IA) se développe plus pour les audits, selon l’expert-comptable. « L’IA dans la comptabilité c’est un peu compliqué, pour des raisons de confidentialité des données », explique Julien Porcarelli.
Pour lui, cette transition numérique pourrait faire émerger de nouveaux métiers plus spécialisés au sein des cabinets d’expertise comptable : des métiers purement administratifs, mais aussi des postes de « welcomers », c’est-à-dire des personnes qui seront en charge d’aider les clients à installer et à paramétrer les outils informatiques dont ils ont besoin. La France est l’un des derniers pays européens à passer à la facture électronique, donc les conséquences que cela a pu avoir dans d’autres pays sont déjà visibles. « Nous avons vu que dans d’autres pays européens, les cabinets de taille moyenne ont tendance à disparaitre. Il pourrait rester les petits et les très gros cabinets. » Pour lui deux voies pourront ainsi être exploitées par les experts-comptables : celui d’un accompagnement plus administratif, ou celui d’un conseil plus stratégique (voir sujet 2 de la série).
Le mot de notre expert partenaire :
Cette fois, nous y sommes ! Comme nos voisins européens , la généralisation de la facturation électronique va permettre de remettre le client et ses besoins au centre de nos missions, grâce notamment à une gestion administrative allégée et surtout plus fiable et performante. Depuis maintenant plusieurs années, nous nous sommes engagés dans la formation de nos équipes, au changement de nos outils de production pour près de 1 000 collaborateurs et à sensibiliser nos clients qui sont aujourd’hui prêts pour cette nouvelle étape.
Agnès Maya - Expert Comptable Commissaire aux Comptes & Associée - Baker Tilly
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