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Comment Action Logement rachète des programmes privés en Nouvelle-Aquitaine - Premium

Écosystème
mercredi 25 octobre 2023

Jérôme Cohade a été élu président du CRAL en juin 2023, le Comité régional d'Action Logement de Nouvelle-Aquitaine. Crédits : Action Logement

Alors que les difficultés des acteurs de l’immobilier se font de plus en plus sentir, le groupe Action Logement s’apprête à reprendre les projets de 30.000 logements privés à l’échelle française. Un levier rendu possible par la Première ministre Élisabeth Borne en juillet dernier. Qu’en est-il en Nouvelle-Aquitaine et quels sont les critères ? Est-ce un effort suffisant ? Éléments de réponse avec Jérôme Cohade, président du CRAL (Comité régional d’Action Logement) en Nouvelle-Aquitaine.

Début juillet, la Première ministre Élisabeth Borne a annoncé le rachat de près de 50.000 logements de promoteurs immobiliers, par CDC Habitat pour 17.000 logements et par Action Logement pour 30.000. Où en est cette opération à l’échelle française et néoaquitaine ?
Un appel à manifestation d’intérêt, baptisé « 30.000 logements pour l’emploi », a été lancé le 11 juillet dernier. Avec un double intérêt : il contribuera à constituer notre patrimoine pour offrir des logements de qualité aux salariés rencontrant des difficultés, et permettra de soutenir l’appareil de production, ainsi que toute la filière construction. En France, en date du 18 septembre dernier, 79.000 logements étaient proposés par les promoteurs et la semaine dernière on était à plus de 160.000 - dont 10.000 sur lesquels un accord a été trouvé. Cet AMI a un succès fou et il sera bientôt clos. En Nouvelle-Aquitaine je n’ai que des chiffres au 18 septembre, 10.000 logements étaient proposés, ce qui prouve que notre région pèse lourd. Dans le détail, la Gironde arrive en tête avec 5.600 logements proposés et 2.600 accords trouvés ; suivie de la Charente-Maritime avec 1.300 logements dont 542 accords ; la Vienne avec 1.097 logements proposés ; puis le Pays basque avec 687 logements et 252 accords.

Être au plus près des besoins d'emploi

Quels sont les critères pour sélectionner ces opérations ?
D’abord il y a une plateforme digitale sur laquelle les promoteurs proposent leurs programmes. On peut se porter acquéreur pour débloquer la commercialisation entière, ou une partie seulement. Ensuite il y a un comité hebdomadaire qui intègre les équipes du groupe Action Logement, mais aussi les représentants des filiales en région. L’un des principaux critères, c’est la zone. Et notre travail, au CRAL, est de travailler sur la concordance entre la production - donc la disponibilité des logements - et les emplois sur le territoire. On fait attention à ce que les logements construits ou en construction le soient sur des territoires où il n’y a pas de risque, à long terme, de désaffection. Une fois cette première passe effectuée, vient le choix de la filiale qui prend le projet, et qui entre alors en discussions avancées avec ledit promoteur.

Il y a quelques semaines, il a été fait état dans la presse de tensions durant ces négociations, à l’échelle nationale…
Je ne suis pas dans l’opérationnel et ce sont les filiales qui mènent leurs négociations. Il y a peut-être des tensions, mais je n’ai pas eu d’écho à ce sujet. Évidemment, on veille à ce qu’il y ait une décote, car nous ne sommes pas là pour acheter au prix le plus élevé. Nous faisons un effort pour soutenir l’appareil de production, et on demande que ce soit réciproque. Mais je connais quelques acteurs de la promotion en Nouvelle-Aquitaine et je pense qu’ils y voient leur intérêt ! En temps normal lorsqu’il n’y a pas de crise, une partie des opérations sont vendues en VEFA [ndlr, vente en l’état futur d’achèvement] à des bailleurs sociaux et dans ce cadre les prix sont déjà décotés. Donc, en pleine crise, personne ne peut penser qu’on va payer plus cher. On ne veut pas que la production se fasse à n’importe quel prix, et que ce soit les entreprises de la construction qui payent, derrière.

Est-ce suffisant, selon vous, pour avancer vers une sortie de crise ?
On est un tremplin ou un amortisseur, c’est au choix. Ces actions-là vont sauver un grand nombre de projets c’est certain, et de promoteurs, c’est souhaitable. J’ai la conviction que c’est ce qui est en train de se passer. Mais peut-être que certains ne seront plus là, on ne les sauvera pas tous s’ils ne se sauvent pas tout seul.

Un dialogue avec les élus du territoire

Depuis au moins deux éditions, lors du congrès HLM, les bailleurs sociaux disent qu’ils ont des solutions pour sortir de la crise et produire du logement, mais qu’ils ne sont pas assez écoutés par les pouvoirs publics. Quel est votre sentiment à ce sujet ?
Le CRAL, c’est l’organe politique du groupe en région et notre travail est justement de peser dans l’écosystème, auprès des élus et des collectivités. Notamment, d’influer sur les documents d’orientation des collectivités comme le PLU, le plan départemental de l’habitat… Ce n’est pas facile, ça prend du temps et j’ai l’impression qu’on y met beaucoup d’énergie. Est-on bien écouté ? C’est une bonne question. Disons que lorsqu’on explique les choses, les élus comprennent. Action Logement mène des missions d’intérêt général, et en Nouvelle-Aquitaine il y a beaucoup de travail car il y a beaucoup de départements très disparates, donc les besoins ne sont pas les mêmes. Dans les zones tendues notamment, quand on explique aux élus les contraintes pour les salariés et les citoyens en général, ils comprennent. Après il y a une petite musique de fond que l’on commence à entendre - de plus en plus d’entreprises ont du mal à recruter, ou voient le processus stoppé, car elles n’arrivent pas à loger les candidats qu’elles reçoivent… On parle de réindustrialisation en ce moment, mais pour moi, il n’y aura pas de réindustrialisation sans logement.

Que faire en ce sens, alors ?
Nous essayons de prendre en compte les besoins des entreprises. D’ici la fin de l’année, le CRAL Nouvelle-Aquitaine lancera une enquête prospective auprès de ces sociétés, sur leurs besoins à moyen terme. L’idée n’est pas de réagir en fonction du passé ou du présent mais bien de prendre en compte leurs besoins futurs. Les réponses influeront, dès 2024, sur nos orientations budgétaires.

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