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Agriculture urbaine (5/5) : « Trouver des surfaces agricoles et des agriculteurs », enjeu majeur de Bordeaux Métropole

Écosystème
lundi 19 avril 2021

Patrick Papadato, vice-président de Bordeaux Métropole chargé de la stratégie nature, de la biodiversité et de la résilience alimentaire (Photo: Bordeaux Métropole)

Patrick Papadato, vice-président de Bordeaux Métropole chargé de la stratégie nature, de la biodiversité et de la résilience alimentaire, rappelle qu’il n’est pas si facile de mettre en place de l’agriculture en zone urbaine. Pour lui, l’enjeu majeur est d’augmenter la production agricole locale mais aussi bâtir une véritable stratégie alimentaire.

Les circuits courts sont-ils la solution pour développer la résilience alimentaire ?
Patrick Papadato : En partie. Mais trouver un producteur qui s’inscrit dans cette logique à proximité de Bordeaux n’est pas si simple. Les exploitants agricoles qui jouent ce jeu ne sont pas si nombreux et distribuent leurs produits via des Amap (association pour le maintien de l'agriculture paysanne), des magasins de producteurs, des ruches… L’offre est donc peu nombreuse et dispersée.

Comment augmenter le nombre de producteurs sur le territoire de Bordeaux Métropole ?
Il y avait 672 exploitations agricoles en 1988, 176 exploitations en 2012. Et sans doute 150 aujourd’hui. Mais à vrai dire on ne sait pas exactement. Notre premier travail est de recenser les exploitations et j’ai missionné l’A’urba pour réaliser cette tâche. Il faut également trouver des surfaces agricoles exploitables. Et ce n’est pas aussi facile qu’on peut le croire. Je mène, par exemple, un travail avec le GPV (Grand Projet des Villes Rive Droite, ndlr) pour recenser le foncier agricole disponible. Un terrain de 10ha potentiellement exploitable a été identifié à Cenon. Mais des nombreuses questions se posent : le terrain est-il viable ? Si oui, que peut-on y faire pousser ? Rive gauche, de nombreux terrains sont potentiellement exploitables mais situés en zone inondable. Le rôle de la métropole est avant tout de préserver les terrains disponibles. On constate que certains exploitants veulent vendre leur terrain en espérant qu’il devienne constructible. Ce n’est pas notre volonté.

Les maires ont également leur mot à dire ?
Je constate que de nombreux maires, quelle que soit leur étiquette politique, portent des projets de ferme urbaine, avec des objectifs très différents : pour la production, le social ou la pédagogie. En ce qui me concerne, je souhaite d’abord relancer la production. Actuellement, l’autonomie alimentaire de la métropole ne dépasse pas les 3 jours.

Trouver des terrains ne suffira pas, il faut aussi trouver des agriculteurs.
Nous nous y employons. Bordeaux Métropole a récemment lancé un appel à manifestation d’intérêt pour recruter un agriculteur locataire sur le site des « marais d’Olives » à Parempuyre. La Ville de Bordeaux, qui dispose de terres agricoles sur la commune du Haillan, recherche un maraîcher engagé en agriculture biologique, biodynamique ou en permaculture. Il faut encourager les vocations et expliquer que si le métier d’agriculteur est difficile il peut aussi être rémunérateur. Je connais plusieurs maraichers avec de petites exploitations qui se dégagent un salaire correct en vendant toute leur production en circuit court. Le maraichage bio répond à une demande des consommateurs. Or, constate qu’il y a moins de 10% de producteurs sur les marchés bordelais.

Quelle est votre ambition sur la durée de la mandature ?
Je souhaite augmenter la production agricole locale mais aussi bâtir une véritable stratégie alimentaire. A titre d’exemple, le GPV souhaite nourrir les 3000 enfants qui mangent à la cantine le midi mais réfléchit à la totalité du cycle consommation/production. Donc, nous prenons en compte la question du gaspillage alimentaire et allons récupérer les restes des assiettes pour produire du compost qui sera utilisé sur les terres des exploitations locales. Mais l’enjeu de la résilience alimentaire dépasse la métropole. Il faut éviter que la tomate de Marmande parte à Rungis pour revenir sur les étals de Bordeaux. Je souhaite donc établir une coopération globale avec tous les acteurs de la filière et des territoires.

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