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Réemploi : où en est le projet du village Ïkos ?

Demain
lundi 09 mai 2022

En attendant que son village du réemploi voie le jour, le collectif Ïkos s'apprête à ouvrir un magasin "épéhmère" dans la Promenade Sainte-Catherine. Crédits : Ïkos

2,5 hectares, une centaine d’emplois créés et jusqu’à 12.000 tonnes de biens traités chaque année. Telle est l’ambition du projet Ïkos, porté par plusieurs structures girondines : créer un véritable village autour du réemploi, allant de centres de tri à une galerie marchande. Cinq ans après son lancement, où en est le projet ?

En janvier 2021, alors que le collectif Ïkos cherchait un terrain où implanter son futur village du réemploi, la Ville de Bordeaux et la Métropole (propriétaire du terrain) avaient donné leur accord pour une friche située à Bordeaux Nord, dans le quartier de Dangeard. Plus d’un an après, les différents acteurs qui portent le projet n’ont pas chômé. « Nous avons passé les 12 derniers mois à étudier ce qu’il était possible de créer avec des bureaux d’études, des architectes, les services techniques des collectivités, explique Marion Besse, directrice d’Ïkos. Cela nous a permis de chiffrer un coût global au projet… Qui est un peu différent de ce qu’on imaginé dans le prévisionnel. » Montant global : environ 18 millions d’euros, contre un budget initial de 11 à 13 millions d’euros. L’année 2022 sera donc celle de la viabilisation économique du projet, et Ïkos travaille en interne pour réduire possiblement les coûts. Les bâtiments devraient s’étendre sur 15.000 m², entourés d’espaces verts. « Si nous n’arrivons pas à boucler le financement, soit les structures qui portent le projet devront être capables de payer un loyer plus élevé que prévu, soit nous devrons réduire la surface construite pour réduire les coûts, résume notre interlocutrice. Il n’y a pas 36 solutions. »

Mais le levier majeur pour rassembler les fonds nécessaires reste de se tourner vers les pouvoirs publics et les investisseurs privés. Ïkos espère bénéficier de subventions de la part de Bordeaux Métropole, de la Région Nouvelle-Aquitaine, de l’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) et de l’Union européenne via le fonds Feder (fond européen de développement régional). « Du côté des acteurs privés, on discute avec tout le monde puis on verra qui sera autour de la table. Nous pensons à des fonds d’investissement, peut-être des foncières », avance Marion Besse Car si le « rêve » pour Ïkos serait un portage public, sa directrice le reconnaît : « nous comptons des structures aux moyens limités, et notre challenge très ambitieux n’est pas forcément en phase avec ces derniers. »

En attendant, un magasin éphémère

Si la route est encore longue, le collectif compte bien faire parler de lui avant l’ouverture de son village. Et ouvre, ce samedi 14 mai, un magasin « éphémère » qui restera un an… Promenade Sainte-Catherine, au cœur de Bordeaux. Ïkos avait ouvert il y a deux ans un point de vente, dans la galerie Auchan de Bordeaux Lac, mais la situation sanitaire avait coupé court à l'expérimentation. « Là, on s'installe sur 500 m², se réjouit Marion Besse. On est dans l’un des temples de la consommation, c’est important pour que l’on porte notre message ; pour lever les freins des consommateurs en matière de réemploi. » Les curieux pourront ainsi découvrir plusieurs espaces : la mode avec Ding Fring et Le Relais, les meubles et la déco avec l’Atelier d’éco solidaire, la culture et les loisirs avec le Livre Vert, les jeux et jouets avec Replay et Eco-Agir, l’électroménager avec Envie Gironde, le sport avec la Recyclerie sportive, et des « confitures solidaires » avec Échange Nord-Sud.

Durant un an 10 personnes seront salariées sur place, dont la moitié en insertion professionnelle. « C’est aussi la spécificité de notre collectif, rappelle la directrice. Au-delà du réemploi, toutes nos activités sont tournées vers la solidarité, que ce soit l’insertion par l’activité économique ou l’insertion sociale. » De plus, cette expérience permettra aux acteurs d’Ïkos de consolider leurs ressources tout en se rassurant sur l’intérêt des clients pour le réemploi. Une sorte d’apprentissage, avant de se jeter « dans le grand bain ». « Il faut que ce soit une réussite, martèle Marion Besse. À la fois sociétale, car l’objectif final est de changer nos comportements de consommation, mais aussi économique pour nous donner confiance. »

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