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Gazelle Tech lève des fonds pour homologuer sa voiture fabriquée localement - Premium

Demain
mercredi 23 février 2022

Gaël Lavaud conçoit la production de la gazelle dans des micro-usines installées dans des containers. Crédits : MB

Avec sa voiture électrique ultra légère, Gazelle Tech veut réduire l’impact environnemental des déplacements quotidiens. Mais surtout, grâce à un système de production inédit, l’entreprise veut contribuer à la réindustrialisation des territoires, et créer de l’emploi local.

Peut-être croiserez-vous, d’ici deux ans, une voiture au logo inconnu rappelant des cornes de gazelle. Ce logo, ce sera celui de l’entreprise Gazelle Tech, basée à Blanquefort. Créée en 2014 par Gaël Lavaud, elle développe depuis huit ans un véhicule beaucoup plus léger que ceux actuellement commercialisés. « Notre ambition est de donner un accès à tous à la mobilité durable, présente le fondateur. Aujourd’hui les trois-quarts de la consommation d’une voiture sont liés à son poids, et quand on sait qu’en moyenne 1,2 personne utilise un véhicule, soit environ 80 kg, le constat est clair. On dépense de l’énergie pour déplacer des voitures et non des gens. » Et pour résoudre ce problème, Gaël Lavaud et ses équipes ont travaillé sur une innovation de rupture : un châssis entièrement construit en matériaux composites. « Ce système est bénéfique pour d’autres éléments comme un moteur plus petit, des freins plus petits également… On entre dans un cercle vertueux de l’allègement », affirme le PDG de Gazelle Tech. Poids total de la voiture : 900 kg, avec une réduction de son impact environnemental de 40%.

Après deux levées de fonds, respectivement de 500.000 et 1,5 million d’euros investis dans le développement, l’entreprise cherche aujourd’hui à boucler un nouveau tour de table, « entre 5 et 10 millions d’euros ». Une fourchette large qui lui permettra de financer l’homologation de sa gazelle électrique, et de lancer sa production. « Nous sommes complètement prêts pour cette homologation, martèle Gaël Lavaud. Nous avons la capacité de faire rouler ce véhicule sur la route, il consomme 100 Wh par km contre plutôt 150 Wh traditionnellement. »

Une production localisée et duplicable

Mais ce qui fait la singularité de la Gazelle, c’est avant tout son mode de production décentralisé, basé sur un système de micro-usines. Il s’agira de containers aménagés, livrés sur un territoire, dans lequel Gazelle Tech enverra les pièces détachées nécessaires à la construction de la voiture. Ensuite, « avec un peu d’air comprimé et des outils », il sera possible de monter la voiture. « Cela permettra de créer des emplois sur les territoires qui utiliseront notre véhicule, souligne Gaël Lavaud. Ce système est autant adapté à la réindustrialisation de nos campagnes ou de nos métropoles, qu’au développement économique de pays émergeants. Car avec un investissement très réduit, on peut démarrer une production automobile. » Si le montant exact de l’investissement dans une micro-usine n’est pas dévoilé, le fondateur l’assure : « rapporté à la capacité de production, ce sera deux à trois fois inférieure à ce qui se fait aujourd’hui ». Gazelle Tech vise une implantation française, puis européenne, avant de partir à l’international.

Le modèle économique, lui, se positionnera sur du BtoB. Si dans un premier temps, les équipes assureront elles-mêmes le fonctionnement des micro-usines pour prouver leur bon fonctionnement, à terme, l’idée est de franchiser ces sites de production à des concessionnaires ou autres acteurs du monde automobile. Et cela n’augmenterait a priori pas le prix de vente final du véhicule. « Si vous prenez une voiture électrique produite en Chine, le coût des transports est important pour la transférer sur le lieu de la consommation. Avec notre organisation, nous réduirons ce coût. Mais nous soutiendrons également l’industrie locale, et on peut envisager qu’à partir d’un certain volume de production, il soit possible de relocaliser la production de pièces. » Aujourd’hui 80% de ces dernières proviennent de France, et 90% de l’Europe.

Redonner du sens à l'emploi industriel

En revanche, pour assurer la sécurité des usagers, l’assemblage sera très encadré. L’entreprise développe un cursus avec l’AFPA (agence nationale pour la formation professionnelle des adultes), qui aura la charge de former les opérateurs, avec une formation spécifique et diplômante. De manière globale, la gazelle ne nécessite aucune automatisation des tâches. Une autre particularité de ce modèle atypique, qui replace l’humain au centre de la production. « Le modèle actuel, centralisé, a sectionné le travail en tâches élémentaires très basiques, pour pouvoir remplacer facilement les salariés, étaye le PDG. Chez nous, un opérateur montera une voiture du début à la fin. On retrouve ainsi de l’intérêt sur un emploi industriel, car on donne du sens à ce qu’on fait. Au-delà de l’aspect très flexible il y a un aspect humain, sociétal, pour transformer les métiers industriels vers quelque chose de plus stimulant. »

Une micro-usine pourra sortir jusqu’à 200 véhicules par an, et créer une dizaine d’emplois. Gaël Lavaud envisage une commercialisation au minimum en 2023, suivie de deux années de démonstration, avant d’entamer le déploiement. « On espère installer 10 à 20 micro-usines par an, ensuite. » Le véhicule, lui, s’adressera à un public péri-urbain voire rural, désireux d’effectuer des trajets du quotidien de manière plus respectueuse de l’environnement. « Mais nous nous orienterons dans un premier temps vers un marché BtoB, précise notre interlocuteur. De la vente à des collectivités, à des entreprises, car ce sera plus simple pour démarrer. »

Gazelle Tech
Basée à Blanquefort
8 salariés
CA : nul


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