Astronomie : Sevun vers l’infini et au-delà avec son télescope modulaire - Premium
La startup girondine Sevun veut démocratiser la pratique de l’astronomie amateur, en développant le premier télescope modulaire et évolutif au monde. Forte d’une preuve de concept, elle espère lancer la phase industrielle l’année prochaine, tout en poursuivant le développement de fonctionnalités et d’accessoires supplémentaires.
Sans atteindre la hype de la conquête de la lune époque Neil Armstrong, l’astronomie est une activité toujours en développement y compris auprès du grand public. Les missions de Thomas Pesquet ou la volonté de l’homme de revenir sur l’astre lunaire à travers le programme Artemis, entre autres, entretiennent la flamme. « Faire ses premières observations nécessite un investissement d’au moins 300 à 500 euros pour un télescope débutant. Ce budget permet de s’initier mais oblige à changer de matériel pour aller plus loin, car observer nébuleuses et galaxies n’impose pas le même matériel que pour les planètes. Il faut donc jongler entre des matériels coûteux et encombrants, ce qui pose des contraintes à la fois financières et logistiques », pose ainsi Paul Gheno, cofondateur aux cotés de Damien Roy de la jeune pousse girondine Sevun. Les deux associés estiment avoir la solution : le Sevunscope qu’ils développement, présenté comme « le premier télescope modulaire et évolutif au monde ».
Reprenant le principe des appareils photos reflex, leur concept breveté dès 2021 permet de changer aisément les modules optiques primaires et secondaires (15, 20 et 25 cm) et permet une plage de longueur focale de 75 à 125 cm. « Cela couvre 80% des optiques », calcule le dirigeant, qui dispose aujourd’hui d’un démonstrateur fonctionnel. Le choix des matériaux, notamment l’aluminium, permet de proposer un poids compris entre 11 et 17 kg pour l’ensemble annoncé comme transportable dans un sac à dos, Sevun travaillant d’ailleurs sur une offre de bagagerie dédiée. Accompagnée par l’incubateur Unitec et soutenue par la French Tech Bordeaux, la startup est encouragée par des retours « très positifs sur le concept, sur la sémantique du projet, l’aspect général », se félicite le dirigeant, qui évoque également l’aspect prix - entre 600 et 1.100 euros - « considéré comme abordable ». Afin d’enclencher la dynamique commerciale, une campagne préventes auprès du public est en cours sur Kickstarter. A quelques jours de son achèvement, l’objectif chiffré à 30.000 euros est atteint à plus de 85%, correspondant à une trentaine d’unités.
Levée de fonds
« On a la preuve de concept, on veut la preuve de marché maintenant », résume encore Paul Gheno qui, après cette campagne de financement participatif, espère enclencher un effet de levier en allant conquérir un investisseur. L’objectif serait là de lever entre 200 et 250.000 euros. Au-delà de l’aspect financier, il s’agira aussi d’apporter des compétences, « un rôle de conseil ou un rôle opérationnel ». Cette manne permettrait de finir le cycle d’étude, d’acquérir l’outillage pour lancer la fabrication. L’objectif est de livrer les premiers clients à Noël 2024, ce qui supposera en outre de recruter trois ou quatre personnes supplémentaires. Concernant la distribution, Sevun prévoit de vendre en direct sur son propre site web, mais aussi de s’appuyer sur un réseau de distributeurs et détaillants en boutiques physiques ou présent sur internet. Il est aussi envisagé de proposer la location avec option d’achat. Mais aussi d’accompagner le marché de la seconde main : « cela va avec la modularité, l’acheteur revend à Sevun, qui requalifie et remet sur le marché de l’occasion », explique Paul Gheno. Des liens étroits doivent également être noués avec les clubs d’astronomie.
Estimant que le marché de l’astronomie amateur est « monumental », l’entrepreneur estime piloter « un projet français à vocation internationale » et vise donc tout autant l’Europe et l’Amérique que l’Asie. Si le rêve avoué serait « d’internaliser la production », la direction va chercher autant que possible à réaliser autant que possible la production et l’assemblage en France, ou a minima en Europe de l’Ouest. En 2025, Sevun espère « raisonnablement écouler entre 200 et 300 télescopes ». En attendant, les idées continuent à fuser. Actuellement de type Newton, le Sevunscope pourrait aussi adopter le dispositif type Cassegrain (du nom de l’astronome et physicien français du 17e siècle Laurent Cassegrain), dont les différences animent sans fin les forums d’amateurs et spécialistes. Un dispositif « Goto » est aussi annoncé, permettant « de compenser automatiquement la rotation de la Terre et suivre automatiquement les objets célestes ». Enfin, aux côtés de la monture dite « azimutale » qui équipe les premiers modèles, une monture « équatoriale » ouvrant de nouvelles possibilités est actuellement en cours de développement. « Ce sont des must have » conclut l'astronome avec des étoiles dans les yeux.
Sevun
SAS fondée en octobre 2022
Siège social : Pessac
Effectif : 2 personnes
CA : NC
