Tous à bord : revivez l'interview de Tamym Abdessemed (Excelia) - Premium

Quel rôle une école comme Excelia doit-elle jouer dans la transition écologique et sociale ? Nous agissons depuis longtemps. On a été les premiers à partir sur le positionnement de la transition écologique, avec des partis pris très forts. Et ce positionnement nous a donné une forme d'avance sur le sujet. C’était dans les années 1980 à un moment où c'était presque suspect pour une Business School de se positionner sur ces questions. Aujourd'hui Bruno Nell, qui est le directeur général du groupe, a été nommé à la tête d'une commission qui a contribué à l'émergence du référentiel des grandes écoles de management sur le socle de compétences indispensable à tout manager diplômé de toute école de management. Je vais vous donner un ou deux exemples. A la faveur de nos prédécesseurs, a été inventé un dispositif qui s'appelle « Humacité ». C'est un dispositif dans lequel on plonge nos étudiants dans des missions humanitaires un peu partout dans le monde qui ont pour objectif de transformer leur personnalité, de leur donner une conscience des limitations planétaires, travailler sur la pauvreté, travailler sur l'éducation, travailler sur les dérèglements planétaires. Et qui effectivement, sur la base duquel va s'installer la perception et la vision d'une responsabilité globale. 10.000 missions humanitaires ont été réalisées par des Excelliens comme on dit dans notre jargon dans le monde entier depuis 20 ans. Donc, outre l'effet pédagogique, ça veut dire que 10.000 Excelliens ont concrètement contribué à transformer des situations de limitation planétaire. C'est dire l'impact sociétal en dehors de l'impact pédagogique. Après cela, nous avons inventé un concept qui s'appelle « Climacité ». Tout cela nourri par des agendas de recherche et des centres de recherche qui ont volontairement croisé leur agenda de recherche sur les questions de transition écologique. Pas dans une perspective de culpabilisation de l'entreprise, mais dans une perspective d'accompagner les apprenants et les entreprises dans des chemins de solutions qui rendront compatible l'entrepreneuriat, l'entreprise, la performance à la fois économique et globale. On l’a renouvelé récemment par un positionnement en lien avec notre nos racines et notre géographie, « la Blue Education Expérience ». On s'est particulièrement focalisé sur les problématiques de l'eau d'un point de vue d'entreprise. Savez-vous par exemple que 77 % des entreprises qui sont interrogées expriment une inquiétude quant à la problématique de l'eau, une inquiétude managériale, pas sociétale. A partir de là, nous avons déployé toute une série d'initiatives. Quels sont, selon vous, les profils et les compétences les plus recherchés aujourd’hui par les entreprises ?Les profils hybrides sont en partie des profils particulièrement recherchés en cette période de transformation technologique? C'est ce j'appelle l'intelligence numérique. L’IA, c'est l'outil, l'intelligence numérique, c'est la manière d'interagir avec les outils. Et ça, c'est de l'intelligence humaine. Après, on voit très bien que les grands métiers classiques n'ont pas complètement disparu, c'est le paradoxe, ils sont transformés. Le rapport entre la data et le management change, mais ça ne change pas fondamentalement certains métiers qu'il faut réinventer. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle cette année, on a créé à Paris une nouvelle spécialisation IA et data management qui n'existait pas, qu'il a fallu qu'on imagine et qu'on designe. Il y a les soft skills, il y a les hard skills, il y a aussi ces capacités d'adaptation qui vont devenir extrêmement structurantes. C'est-à-dire qu'aujourd'hui il y a une injonction qui s'impose à moi, qui s'imposait beaucoup moins avant, c'est de garantir à la sortie de mes étudiants une capacité d'apprentissage, en partie d'ailleurs une intelligence d'apprentissage digitale qui n'est pas donnée à tout le monde. Vous avez probablement comme moi des enfants qui passent une grande partie de leur temps sur les réseaux, je ne suis pas toujours sûr qu'ils apprennent grand-chose et je ne suis pas toujours sûr qu'ils soient conscients de ce qu'ils apprennent ou de ce qu'ils apprennent mal. Mais peu importe en tout cas, donc ça s'apprend l'intelligence digitale. L’année dernière, on a accueilli ici le continuum classe préparatoire grande école parce que nous recrutons encore sur classe préparatoire une partie de nos élèves. Et ça fait partie de notre volonté de cultiver des intelligences plurielles. On était on avait organisé le continuum, mais cette année, il s'est déroulé à Neoma. Il y a une question qui était posée, est-ce que tout tout va virevolter et devenir différent et quelles sont les compétences ? Et bien les compétences d'analyse critique, les compétences personnelles, les compétences analytiques qui peuvent venir des mathématiques, qui peuvent venir des sciences humaines sont véritablement des compétences qu'il va falloir creuser et approfondir et ancrer de manière autrement plus solide pour garantir la capacité de recul et la capacité d'apprentissage et la capacité de rebond de nos de nos étudiants. Parce que en réalité, c'est pas simplement le premier job qui est concerné. C'est déjà le deuxième.

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