Kwal transforme des icônes oubliées du nautisme en objets désirables - Premium

Dans un coin du chantier Flotte, à La Rochelle, les coques bleues brillent comme neuves. Difficile d’imaginer qu’il y a encore quelques mois, ces bateaux mythiques dormaient sur un parking, promis à la déconstruction. À la veille du Grand Pavois, où ils seront présentés pour la première fois, nous avons poussé la porte de l’atelier de Damien Ribadeau-Dumas. Ici, les vieux voiliers de régate retrouvent une seconde vie — et un souffle électrique.C’est dans ces murs qu’est née Kwal, la nouvelle marque de « refit » imaginée par le fondateur du chantier Flotte. « À la base, je rachetais des bateaux destinés à être broyés et je les restaurais », raconte-t-il. Car lorsque les propriétaires vieillissent, le prix des places de port augmentent et les frais d’entretien explosent, les bateaux perdent brutalement leur valeur. Faute d’acheteur, ils finissent en déconstruction — une opération coûteuse et peu vertueuse sur le plan écologique. « Or, ce sont souvent des coques très solides, avec un vrai potentiel », souligne le chef d’entreprise.Deux légendes de la régate tricolore Avec Kwal, il franchit un cap : plutôt que de remettre simplement des bateaux en état, il entend repenser entièrement leur design, leur ergonomie et leur motorisation, tout en conservant l’ADN qui a fait leur succès. Les deux premiers modèles choisis ne doivent rien au hasard : le First Class 8 de Bénéteau et le JOD 24 de Jeanneau, deux légendes de la régate tricolore des années 1980-1990. « Quand on a fait de la régate, on a forcément croisé un First Class 8. Il y en a eu 1.300 produits à l’époque », sourit Damien Ribadeau-Dumas. Ces coques racées, rapides et légères sont idéales pour son projet : assez robustes pour être restaurées, assez performantes pour accueillir une motorisation électrique légère, et suffisamment compactes pour séduire de nouveaux plaisanciers.Lire également : Comment Harken a choisi de faire face aux différentes crises du nautismeÀ l’atelier, les transformations sautent aux yeux : jupe arrière redessinée pour faciliter la baignade, plancher rehaussé pour garder les pieds au sec, simplification des réglages de voile, ajout de rangements, revêtements en liège à la place du teck, éclairage doux, mobilier escamotable… « On a voulu leur donner les codes du nautisme actuel tout en limitant l’impact environnemental », résume le fondateur, qui revendique l’usage de matériaux de réemploi pour une grande partie de l’accastillage et du bois.Un modèle industriel et localL’autre pari de Kwal, c’est d’industrialiser ce “refit” haut de gamme, là où la plupart des restaurations restent artisanales et coûteuses. « Souvent, un passionné fait refaire son bateau en one-shot, sans cohérence économique : on y passe beaucoup de temps, et au final cela revient plus cher qu’un bateau neuf produit en Pologne », explique-t-il. Ici, tout est pensé en amont pour que l’opération reste rentable : compter deux mois de travail par unité aujourd’hui, avec l’objectif de passer à un rythme d’un bateau par mois en se structurant. Chaque unité est intégralement démontée, remise à neuf, motorisée électriquement et livrée « clé en main », avec un objectif : conserver 75% de la structure d’origine tout en apportant un confort et une esthétique contemporains.Ces bateaux d'un nouveau genre devraient séduire une clientèle plus jeune, urbaine et sensible à l’écologie. Crédits Photo : Laurie Ferrère.Côté prix, l’équation est assumée : un bateau acheté environ 5.000 € sur le marché de l’occasion est revendu entre 35.000 € pour un First Class 8 et 65.000 pour un JOD 24 (€ (mieux équipé avec finition haut de gamme), entièrement refaits et électrifiés. « Cela reste compétitif face au neuf, tout en offrant une histoire et une identité forte », estime le dirigeant. Le projet a déjà séduit un investisseur privé, rencontré via le réseau Entreprendre, qui a injecté une certaine somme afin de lancer les deux premiers modèles.Lire également : Nautisme : dans un contexte tendu, Fountaine Pajot maintient son capAu-delà de l’innovation technique, Kwal veut réenchanter le marché de la plaisance. Ses cibles : des régatiers nostalgiques, mais aussi une clientèle plus jeune, urbaine et sensible à l’écologie, qui cherche un voilier élégant, simple d’usage et peu coûteux à entretenir. « Ces bateaux sont légers et avancent facilement. Une petite motorisation suffit, et les batteries se rechargent sous voile. Cela les rend autonomes et économiques à l’usage », souligne Damien Ribadeau-Dumas. Pour l’heure, l’entreprise reste une petite équipe de quatre personnes, mais le potentiel est grand : des milliers de coques attendent une seconde vie dans les ports. Le salon du Grand Pavois, à La Rochelle, sera leur baptême du feu. « C’est très difficile de savoir si un projet innovant trouvera son marché. Ce salon va nous permettre de le mesurer », confie le fondateur, un œil sur ses deux bateaux fraîchement sortis de l’atelier.

Kwal transforme des icônes oubliées du nautisme en objets désirables - Premium

Sur le même sujet

Lecamus, petit chantier naval, grand pari sur l’avenir

« Ne pas protéger l'océan engendre des risques financiers »

François Gabart, du skipper au stratège : l’homme qui réinvente ...

La Région Nouvelle-Aquitaine lance le Campus des métiers de ...

Les Rencontres Coapi 2025 : régénérer l’économie, repenser le ...

Fanny Sarrion : une success story locale au micro de Placéco

ESSentiels & engagés : l’Agglo de La Rochelle fait le point ...

Les Rencontres de l’économie locale reviennent à Saintes

Deux accompagnements pour aider les entreprises à intégrer les ...

Assises de l'économie de la mer : un AMI pour la constitution ...

Afterwork à Tonnay-Charente : quand le logement devient un frein ...

« On verra lundi » : le retour au travail après un cancer mis ...

Management. Audrey Martin 5/5 : « Libérer la créativité pour trouver des solutions nouvelles »

À la REF17, les entreprises locales entre adaptation et recherche de souffle

IA plus qu'à. Comment utiliser QuillBot, une IA pour, notamment, humaniser un texte...

Management. Audrey Martin 4/5 : petits conseils pour faire une critique constructive

IA : détourer une photo en quelques clics

Management. Audrey Martin 3/5 : prévenir les conflits et fluidifier le travail interpersonnel

La filière cuir néoaquitaine s'expose à Pau