"Le bon sens avant le profit", la vision RSE de Façon Cuir à Larressore - Premium

Dire que la famille Devoucoux s'intéresse à la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est un euphémisme. Autour de la table, une grande partie de la famille propriétaire de la jeune entreprise Façon Cuir, atelier sous-traitant en sellerie de cuir et maroquinerie, et la conversation est à bâtons rompus notamment quand il s'agit de parler de la gestion des salariés.Il faut dire que c'est depuis son lancement en 2018 que la famille s'y penche. Dès l'origine de la création de la société, Matthieu Devoucoux cofondateur et responsable de l'atelier se souvient : "J'étais assez fan des entreprises comme Dassault, où tout le monde a envie d'aller travailler là-bas, et je me dis que si demain, on a une grosse pile de CV sur notre bureau, avec des gens qui veulent vraiment venir bosser chez nous, ça sera une certaine réussite managériale".Entretiens trimestrielsC'est pour cette raison, qu'avec son frère Damien, ensemble, ils ont mis des valeurs managériales très fortes au cœur de la création de Façon Cuir. "On voulait un management plus cohérent", explique Matthieu Devoucoux. Alors ils ont mis en place des entretiens trimestriels avec les salariés. "Tous les sujets sont évoqués : les choses qui vont, qui ne vont pas, les petits désirs" détaille-t-il. "Ça nous permet d'anticiper les problématiques ou les futures tensions". Tous les trois mois, le chiffre de l'entreprise est communiqué aux salariés, et une part leur est versée sous forme de prime. Un management pas global, mais qu'ils veulent au contraire centré autour de chaque salarié. Flexibilité horaire, aménagement spécifique à la demande quand nécessaire, Matthieu Devoucoux s'adapte : "Refuser ce genre de petites pratiques, c'est refuser son job de manager, et c'est intéressant de pouvoir s'adapter à chaque profil". Dans la pratique, pas de pointeuse dans l'entreprise, en cas de demande de changement d'horaire, un message au chef d'atelier, avec une feuille de "rattrapage" pour récupérer les heures manquées. "On est 25 dans l'atelier, je sais qui est là, qui arrive plus tard et pourquoi, l'échelle nous permet de maintenir ça", détaille le jeune homme. S'ils étaient amenés à grandir, Noémie Devoucoux sa sœur, co gérante, a déjà anticipé : "Si on est 100, on reproduira de mini ateliers comme ça, pour garder cette petite échelle".Dans cette optique de petit atelier à taille humaine, la famille Devoucoux mise beaucoup sur le travail d'équipe. "Il y a un objectif commun de production dans l'atelier, et on développe une notion d'entraide entre les opérateurs, qui travaillent parfois par binôme, etc.", précise Noémie. Un management qui se conjugue aussi avec la proposition de polyvalence de Façon Cuir. Une manière de se démarquer d'une part d'autres entreprises du secteurs, où les salariés sont assignés à des tâches répétitives dans certains ateliers. Ici, le salarié change de tâche chaque semaine, et peut même alterner de la fabrication de pièces de sellerie à celle de maroquinerie. "Dans l'évolution d'un salarié, ça rentre en compte, un qui est entré en faisant de la sellerie, et qui voudrait découvrir la maroquinerie, c'est possible", explique Noémie Devoucoux. Une forme de formation continue pour leurs salariés, sur laquelle ils essaient de développer. Pour le moment, seules les nouvelles recrues qui entrent dans l'entreprise passent par une formation spéciale.De la musique et des animauxUne polyvalence importante pour les salariés, "c'est vraiment bien", salue Inès, une opératrice arrivée il y a un peu moins de deux ans qui travaillait dans un autre atelier de la région. "Pour le côté physique, aussi, c'est important, aujourd'hui, je fais un sac, demain de la sellerie, je suis contente". Inès qui apprécie aussi l'ambiance dans l'entreprise, en comparaison avec ce qu'elle a connu. Dans l'atelier, on entend de la musique, on voit aussi passer quelques chiens. "Alors, ce n'est pas que tout le monde peut amener son animal" nuance Matthieu Devoucoux en souriant. "Mais si ça se passe bien, je ne vois pas pourquoi je l'enlèverai". Sur le bien-être des salariés, Façon Cuir va plus loin puisque les dirigeants vont même jusqu'à faire venir un ostéopathe pour des sessions auprès des employés volontaires. "Cette année, on va le faire venir deux fois, parce qu'on s'est rendu compte qu'ils n'en faisaient pas, et qu'ils s'entretiennent mal", racontent-ils ensemble.Une organisation tellement différente de ce qui existe dans le secteur de la sous-traitance en atelier de cuir, que certains salariés n'ont failli pas rester. "Ils étaient dans des schémas d'entreprise, où on ne parle pas, ils étaient très introvertis, on leur a dit qu'il fallait qu'ils s'ouvrent", explique Matthieu Devoucoux. "C'est le revers de la médaille" explique sa sœur. "Si jamais ils ne rentrent pas dans l'esprit de l'entreprise, ils ne sont pas bien". Parce que si l'entreprise ne pousse pas les salariés à être amis entre eux, ni à se fréquenter, la famille Devoucoux creuse cet esprit d'équipe qui leur est cher. "On a fait des journées de cohésion, des jeux sportifs, des repas, on va planter des arbres à Chiberta, etc." liste Noémie Devoucoux. Et le traditionnel repas des fêtes de Bayonne, c'est devenu institutionnel", sourient les Devoucoux.Pas de salaire au SMICFinancièrement, la société aussi veut se démarquer du reste de l'écosystème, avec aucun salarié qualifié rémunéré au SMIC. "On est dans un secteur où on essaye de tirer le coût de fabrication au plus bas possible, et la main d'œuvre est souvent au SMIC", poursuit Matthieu Devoucoux. Chez Façon Cuir, en plus de cela, les salariés ont donc la prime trimestrielle, une prime de covoiturage, mais aussi celle du télépéage pour ceux qui habitent loin. Cette vision RSE de l'entreprise, passe par une recherche de bien-être des salariés. D'abord pour le confort des salariés, mais aussi pour atteindre les objectifs grâce à des employés heureux au travail, mais aussi, "pour arriver à les conserver", explique Noémie Devoucoux. "Il faut les former, c'est un investissement, et si c'est pour que tous les six mois ça tourne, c'est plus possible". "Le but final, c'est qu'ils soient bien, et qu'ils aient envie de rester", conclut son frère.En fin d'année 2022, deux salariés ont quitté l'entreprise, l'un pour mésentente, l'autre pour changer de parcours professionnel, et quatre personnes ont été recrutées en janvier. Un ou deux autres salariés doivent être recrutés au 1er semestre.La famille Devoucoux a par ailleurs ouvert une boutique récemment sa boutique à Biarritz, Erro, pour laquelle elle produit ses propres produits de maroquinerie pour hommes et femmes. *****Façon Cuir (2018) 36 salariés (dont dirigeants) CA : 2,5 millions (2022) Z.A PELEN BORDA 64480 Larressore

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