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Orientations budgétaires 2023 à Bordeaux : hausse de la taxe foncière et chicaya politique

Écosystème
mercredi 08 mars 2023

Une hausse de la taxe d'habitation « imposée par le contexte de crise » mais assumée pour maintenir les orientations de la mandature. Crédits : DM

En préambule du conseil municipal de ce mercredi 8 mars, le maire de Bordeaux et son équipe ont présenté leurs orientations pour le budget 2023, où la taxe foncière va augmenter de 4,53%. Un choix dont ils exposent les ressorts, alors que la principale force d’opposition explique pourquoi elle a décidé de ne pas siéger lors de cette séance.

Principal fait saillant des arbitrages rendus par la majorité municipale de Bordeaux pour construire son budget 2023, la hausse de 4,53% de la taxe d’habitation cristallise les attentions. Quelques minutes avant l’ouverture du conseil municipal, le maire Pierre Hurmic évoquait « un contexte particulier, préoccupant de crise climatique, sociale et financière, pour l’ensemble des grandes villes », se traduisant par « une facture prévisionnelle de près de 30 millions d’euros, qui fait suite aux 20 millions dus à la crise sanitaire qu’on avait absorbé sans toucher à la fiscalité ». Dans le détail, la majeure partie (14,3 millions d'euros) provient du coût de l’énergie. L’inflation à elle seule induit un surcoût de 7,1 millions. Concernant la hausse du point d’indice, qui représente une dépense supplémentaire de 6,4 millions, la majorité argumente : « nous partons sur cette hypothèse car le niveau d’inflation reste élevé face à une rémunération des agents municipaux qui ne l’est pas assez. Et nous voulons être en capacité de recruter et d’attirer les talents », indique la première adjointe aux finances Claudine Bichet, qui veut désamorcer toute accusation de flambée des dépenses de fonctionnement en vantant « la sobriété de cette mandature », avec une hausse des dépenses courantes par habitant limitée à 4% sur 2019-2022 quand l’inflation atteint dans le même temps 8,7%, ou encore un rythme d’augmentation des effectifs deux fois moins élevé par rapport à la précédente mandature.

Autre argumentation de la majorité : cette hausse « qui amène 10 millions supplémentaires par an dans les caisses de la Ville, représente en moyenne un impact de 8,9 euros par mois et ne concerne que les propriétaires ». Un arbitrage que le groupe LR qualifie de « forme de lutte des classes ». Pour la majorité municipale, c’est « à mettre en regard des gains induits par la disparition de la taxe d’habitation et de la redevance audiovisuelle ». « On ne se sent pas isolés dans cette position, reprend Pierre Hurmic, la quasi unanimité des grandes villes de France, de toutes obédiences politiques, l’a fait en 2022 ou le fait en 2023 ».

Querelles de chiffres

Et face aux accusations de « réflexe pavlovien de hausse des impôts » formulées par le groupe LR, le maire d’argumenter « qu’on aurait pu ne pas le faire, mais au détriment d’un certain nombre d’objectifs. Et nous tenons à privilégier 3 orientations : maintenir la qualité de services aux bordelais, accélérer le programme d’investissement sur les actions de transition écologique et enfin poursuivre les efforts pour plus de justice sociale ». Or « la taxe foncière est le seul levier fiscal dont nous disposons ». Et de mettre en avant une moyenne prévisionnelle d’investissement annuel de 107 millions sur 2022-2026, « soit 12 millions de plus que lors de la précédente mandature », ou encore un taux de réalisation « en très forte augmentation : on dépasse les 70% et on veut atteindre 80% ». Alors que l’opposition tire la sonnette d’alarme sur la capacité de désendettement de la ville, qui va passer de 5,4 années en 2022 à 9,6 années en 2026, la majorité assume cette trajectoire, estimant « devoir être au rendez-vous des défis de transition ».

Le vide qui fait débat

L’autre point notable du conseil municipal d’aujourd’hui est la décision de ne pas siéger prise par le groupe LR. Une décision inédite mais « qui n’est pas un caprice » tempère Nicolas Florian. Premier point de crispation : la décision de décaler d’un jour la date du conseil municipal, pour ne pas coïncider avec la journée de mobilisation contre la réforme des retraites : « je regrette que le maire confonde son rôle avec un acte militant ». Et sur le fond, les critiques pleuvent. Outre les questions d’agenda, l’opposition se focalise sur la préparation des orientations budgétaires, évoquant des semaines où la commission des finances aurait été saisie, dessaisie, re-saisie, cette dernière rendant finalement un avis défavorable « pour des raisons de forme mais aussi de fond » sur les orientations budgétaires, un avis « qui ne sera pas repris dans la délibération ». « On était prêt à travailler avec la majorité, on a nourri le débat et fait des propositions chiffrées, concrètes, sans obtenir de réponse ». Un « mépris » amenant le groupe à ne pas siéger. Une décision que le maire écologiste de Bordeaux balaye : « cette politique de la chaise vide trahit d’autres vides, de la pensée, de l’imagination… J’ai reçu tous les présidents de groupe pour préparer les orientations budgétaires. Et en matière de vide, les propositions… »