Face aux champignons de Pologne, Pons résiste - Premium

À Pons, la famille Renaud cultive champignons et indépendance depuis plus d’un demi-siècle. Fondée en 1970 par Jean Renaud, l’entreprise familiale est aujourd’hui dirigée par son fils Jean-François et ses deux petits-fils, Jonathan et David. Les pleurotes et shiitakés poussent toujours dans les caves de l’ancienne champignonnière, tandis que les champignons de Paris sont désormais produits dans de grandes salles de culture modernes. Avec 300 tonnes récoltées chaque semaine, Les Petits Renaud s’imposent comme le premier acteur français du champignon de Paris frais.Un modèle local et vertueux« Notre vraie concurrence, ce n’est pas nos collègues français, c’est la Pologne », confie Thomas Baillarjeau, chargé de culture. Car sur les étals, huit champignons sur dix viennent de l’étranger, souvent de Pologne, où les coûts de production sont bien moindres. Dans un marché tendu, où la grande distribution négocie ses prix chaque année, les Renaud refusent de céder à la course au moins cher. Ils misent sur la qualité et la traçabilité : cueillette à la main, fraîcheur garantie sous 48 heures, et circuits courts jusqu’aux enseignes françaises. « On ne peut pas rivaliser sur les prix, alors on mise sur ce que l’on sait faire : un produit frais, cultivé ici ».Aujourd'hui, les champignons bruns, qui connaissent une forte progression depuis deux ans, représentent 30% de la production des Petits Renaud. Crédits Photo : Laurie Ferrère.Ici, rien ne se perd. Depuis quinze ans, l’entreprise fabrique son propre compost à partir de paille de blé, fumier de cheval et fiente de poule collectés dans un rayon de 100 km. Le compost usé retourne ensuite dans les champs des agriculteurs partenaires. Un cercle vertueux qui fait la fierté de l’entreprise familiale : « On travaille avec 200 à 300 agriculteurs. On prend leur paille, on leur rend le compost, et tout reste local. » L’autonomie et la durabilité sont devenues des leviers économiques : moins de dépendance aux fournisseurs, moins de transport, et une empreinte carbone maîtrisée.L’éternelle question du recrutementL’entreprise emploie près de 500 salariés, dont 400 cueilleurs, tous en CDI. Ici, pas de robot ni de bras mécanique : chaque champignon est cueilli à la main, dans une dizaine de salles de cueillette, soit près de 2.500 m². La mécanisation, testée ailleurs, ne donne pas satisfaction : « Les robots abîment les champignons », insiste Thomas Baillarjeau. Aucun d’entre eux ne remplacera la main de l’homme. Et pour améliorer le confort de travail, six nouvelles salles de cueillette sont prévues, plus silencieuses et ergonomiques. « Ce n’est pas pour produire plus, c’est pour produire mieux », assure-t-il. La direction reconnaît toutefois la difficulté à recruter localement : les postes restent physiques, les horaires contraignants. L’entreprise emploie aujourd’hui des travailleurs venus de treize pays différents, majoritairement d’Ukraine, accompagnés dans leurs démarches administratives et leur logement.À l’heure où la Pologne alimente massivement le marché européen, Les Petits Renaud défendent un modèle à la française, entre savoir-faire, un ancrage territorial et la responsabilité sociétale. « Produire localement, recycler localement : c’est notre manière à nous de boucler la boucle », résume la direction. Et si la bataille des prix semble perdue d’avance, celle de la qualité, elle, se joue chaque jour, dans le silence humide des galeries de Pons.Les Petits Renaud - PonsDate de création : 1970Nombre de salariés : 500Chiffre d'affaires : NC

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