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Capital-risque : quel bilan 2024, en Nouvelle-Aquitaine ?

Écosystème
jeudi 16 janvier 2025

Nicolas Forey, président et associé d'In Extenso Innovation Croissance. Crédits : IEIC

L’année 2024 aura été marquée, en Nouvelle-Aquitaine, par une très forte activité du capital-risque. Contrairement à la moyenne française, la région a enregistré de belles levées de fonds, avec un ticket moyen en hausse. Pour Placéco, le président et associé d’In Extenso Innovation Croissance, Nicolas Forey, analyse le marché et ses perspectives 2025.

Dans votre bilan du capital-risque français en 2024, on constate une surperformance en Nouvelle-Aquitaine, tandis qu’à l’échelle française, le constat est plus morose…
En effet la Nouvelle-Aquitaine surperforme par rapport à la tendance nationale, grâce à plusieurs belles opérations que l’on n’avait pas forcément vues l’an dernier - comme The Exploration Company dans le spatial, qui a levé 150 millions d’euros. Ce qui la place à la troisième place des régions les plus performantes de France. Il est toujours intéressant d’avoir des implantations régionales pour certaines très belles startups, mais il faut aussi prendre un peu de recul par rapport à cela, et ne pas traduire une tendance à partir d’une ou deux grosses opérations.

En 2024, la Nouvelle-Aquitaine a totalisé 61 levées de fonds pour un montant global de 525 millions d’euros (+89% par rapport à 2023).
Si le ticket moyen, 9,5 millions d’euros, n’a pas renoué avec le bilan « exceptionnel » de 2022 (12,1M€), il est « nettement supérieur » à 2023 (+123%).
Les levées les plus importantes sont celles de The Exploration Company (spatial, 150M€), Neat (fintech, 50M€), Elicit Plant (santé, 45M€) Vela (transports, 40M€), et Exoès (mobilité, 35M€).


À l’échelle française, votre bilan souligne une diminution tant sur la valeur globale, avec -10%, que sur le volume, -18%. Comment l’analysez-vous ?
La baisse était déjà très significative entre 2022 et 2023, et elle se confirme, se poursuit, même si elle ralentit. On est dans un contexte baissier structurel, essentiellement lié à des macro-marqueurs de l’économie - des incertitudes géopolitiques, les coûts des énergies et autres joyeuseries. En particulier, le fait que l’on n’ait pas de budget ajoute de l’incertitude à l’incertitude globale, les investisseurs restent prudents et plus regardants sur la typologie des entreprises dans lesquelles ils souhaitent investir.

Selon vous, à quel point l’instabilité politique actuelle a-t-elle pesé, en 2024, dans le capital-risque français ?
D'abord, ça n’empêche pas les entrepreneurs de créer des entreprises, et les fonds d’investissements d’être encore actifs sur les tickets d'amorçage. Ce que l’on constate, c’est que les opérations en dessous de deux millions d’euros ne se sont pas effondrées - ce sont les grosses opérations comme en 2022, que l’on retrouve moins. Après, les incertitudes en matière de fiscalité se font sentir, comme celles liées au renouvellement d’enveloppes de financement public dans le cadre de France 2030. Cela explique en partie, je pense, la perte de dynamisme des tickets intermédiaires, entre cinq et dix millions d’euros.

Vers des difficultés de trésorerie en 2025 ?

Qu’en est-il de ces startups qui ont conclu en 2022 de très beaux tickets d’amorçage, par exemple, et qui n'obtiennent pas la même valorisation aujourd’hui, lors de leur série A ?
Je n’ai pas de nom précis de startups qui n’a pas réussi à re-lever, et ça ne s’est peut-être pas encore complètement traduit dans les statistiques. Mais il est vrai que si vous regardez les rapports de défaillances d’entreprise, de la Banque de France par exemple, elles n’ont jamais été aussi importantes qu’en 2024. On a clairement une tendance générale à l’accroissement des défaillances, après comment les startups sont touchées, nous n’avons pas le détail. Chez In Extenso Innovation Croissance, nous voyons certains clients qui ont plus de difficultés à lever, qui mettent plus de temps… et s’ils ne sont, in fine, pas en capacité de boucler un tour de table dans des conditions acceptables, certains connaîtront un vrai souci de trésorerie en 2025.

Justement, quelles sont vos projections pour l’année à venir ?
D’abord je ne sais pas si on aura un budget dans quelques semaines, mais la tendance est un peu inquiétante. Je crois qu’aux Etats-Unis il y a de nouveau un rebond des valorisations, dans l’absolu on a quand même quelques prémices qui pourraient donner de l’espoir, mais cela reste encore fragile. Et dépendra beaucoup, à court terme, de l’attentisme plus ou moins marqué de certains fonds.

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