Vasconie Capital : (ré)investir dans l’économie locale
Julien Blanc dans les locaux de Vasconie Capital, à Anglet. Crédits : Lauriane Negron
C'est une structure familiale dédiée à l’investissement dans l’économie régionale. C'est en tout cas de cette manière que la définit Julien Blanc, son président. Implantée dans les Landes et le Pays basque, Vasconie Capital accompagne les entreprises locales, des TPE aux PME, en leur apportant des financements adaptés. Pour son président, le cœur de la démarche réside dans le soutien de projets durables et à fort impact local .
Connaissez-vous la Vasconie ? C'est cette région « contrôlée par les Vascons, de la fin du VIe siècle jusqu'au XIe siècle. Son territoire s’étendait de la Garonne au Nord, aux confins du Gers et aux sources de la Garonne à l’Est. Au Sud, au-delà des Pyrénées, elle couvrait tout le Royaume de Navarre et s’ouvrait à l’Ouest le long du littoral du Golfe de Gascogne », raconte Julien Blanc, président de Vasconie Capital. Cette histoire, c'est aussi celle de son entreprise, ou en tout cas, celle sur laquelle elle prend racine. « C'est notre lieu de prédilection, pour accompagner les projets qui ont du sens. » Issu d’une famille ayant marqué le tissu industriel landais, Julien Blanc a fondé Vasconie Capital. « Avant son décès en 2012, mon père, Philippe Blanc présidait la banque Pelletier, mais il était aussi, en parallèle, PDG de deux entités bien connues des Landais : DRT (Dérivés Résiniques et Terpéniques) et le groupe Gascogne Papier », raconte t-il.
Jusqu'à 30% du capital d'une entreprise
Son grand-père avait aussi connu un parcours industriel, tandis que du côté de sa mère, ses ancêtres faisaient partie des membres fondateurs de La Redoute. « En 2018, la société DRT a été vendue à un fonds d'investissement et il se trouve que je faisais partie des 160 actionnaires. À l'époque, j'étais agent immobilier, et je me suis interrogé sur ce que j'allais faire de cet argent. » Lui vient alors l'idée de le réinvestir sur le territoire. « Cet argent venait, si je puis dire, directement de la résine du pin des Landes. C'est son essence même puisque c'est la ressource que prélevait et que prélève toujours DRT. Ainsi, mon objectif a été de redonner à l’économie locale, mais aussi régionale une partie des richesses qu’elle a générées », explique Julien Blanc. Comment ? « En soutenant sur le long terme des projets à fort impact local et durable. Ce qui est, à mon sens, un juste retour des choses. »
Vasconie Capital est un fonds d'investissement. Même si son président n'aime pas l'image parfois associée à ce type de structures, entre rapacité et capitalisme hors sol. « Nous n'investissons pas pour démanteler une entreprise. Nous accompagnons plutôt des entreprises saines dans leur développement et toujours avec cette idée d'avoir des projets qui ont du sens », martèle Julien Blanc. Aujourd'hui, Vasconie Capital se concentre sur des participations minoritaires, représentant jusqu’à 30% du capital des entreprises. Les investissements, généralement compris entre 100.000 et 200.000 euros, s’accompagnent d’un suivi étroit des projets. « Nous intervenons principalement sur des projets de capital-développement, mais aussi sur des rachats d’entreprises lorsque cela permet de préserver l’emploi local », précise le chef d'entreprise.
Préservation des savoir-faire régionaux
Aujourd'hui, l'entreprise demeure une entité familiale, comme l'affirme encore son président, qui travaille désormais en binôme. « Nous sommes deux dans l'équipe et ensemble, nous scannons l'économie de Nouvelle-Aquitaine si je puis dire, pour trouver des entreprises dans lesquelles nous pourrions investir », développe t-il. « Je précise cependant que nous n'accompagnons pas tous les profils ou toutes les entreprises. S'il s'agit d'une start-up ou d'une très jeune entreprise, généralement, nous renvoyons le ou les dirigeants vers un autre fonds d'investissement. Et puis, avant d'accepter d'investir dans une entreprise, nous devons passer au peigne fin ses chiffres. D'abord, nous recevons des dossiers, nous les analysons pour comprendre ce qui se cache derrière ces présentations. Et puis, il y a une visite sur site », explique Julien Blanc. « Pour moi, le feeling est un point primordial. » La société collabore également avec des partenaires tels qu’Adour Business Angels ou Aquiti Gestion à Bordeaux, pour couvrir tout le spectre des besoins en financement des entreprises aquitaines.
Parmi les initiatives soutenues récemment, Julien Blanc cite la reprise du Domaine de la Pointe à Capbreton, ainsi que la relance d’Aglolux, une entreprise spécialisée dans le liège basée à Soustons. « Ces projets illustrent notre volonté de conjuguer préservation des savoir-faire régionaux et développement économique durable », affirme-t-il. Un autre projet significatif - et plus récent - concerne l’installation de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments de la Maison de l’Espadrille, entreprise landaise emblématique. « L’objectif est de rendre cette entreprise autosuffisante en énergie en privilégiant l’utilisation des énergies renouvelables », détaille Julien Blanc. « Les coûts énergétiques explosent, et il est crucial d’apporter des solutions concrètes aux entrepreneurs pour les accompagner sur le long terme », ajoute-t-il.
Aujourd'hui, la holding traite en parallèle une peu moins d'une dizaine de dossiers. « Nous attendons en moyenne environ sept ans pour récupérer les fonds qui ont été investis. C'est pour ça que je parle de long terme. Et c'est vraiment notre objectif : que les gérants rachètent cette part minoritaire. » Pour l’avenir, Julien Blanc envisage de développer Vasconie Capital vers le Béarn et, éventuellement, le Pays basque espagnol. Il réfléchit également à la création d’une fondation pour soutenir les initiatives visant à préserver les identités et traditions régionales. « Au-delà des chiffres, il y a une véritable volonté de défendre et de valoriser le patrimoine économique et culturel local », conclut-il.