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RSE : le Pacte Mondial essaime à Bordeaux et à Pau

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lundi 06 mars 2023

Table ronde à l'occasion du lancement du cercle régional Bordeaux du Pacte Mondial. Crédits : YB

Le Pacte Mondial de l’ONU se dote de nouveaux cercles régionaux, à Bordeaux et Pau. L’ambition ? Accélérer l’émergence d’un environnement local efficient pour l’adoption de la RSE par les entreprises. Explications des tenants et surtout des aboutissants avec Nils Pedersen, délégué général Réseau France du Pacte Mondial, à l’occasion de son passage en Gironde.

Initiative des Nations Unies lancée au début des années 2000 sous l’impulsion du secrétaire général de l’époque, Kofi Annan, le Pacte Mondial est « la première initiative au monde en faveur du développement durable et destinée au secteur privé », pose Nils Pedersen, délégué général du réseau France du Pacte Mondial. La France compte le 2e réseau en importance avec quelque 1.850 adhérents dont toutes les entreprises du CAC40 (70 réseaux pour un total de 20.000 adhérents dans le monde), moitié en Ile-de-France et moitié en régions, avec 500 ETI et un millier de PME. La Nouvelle-Aquitaine compte une soixantaine d’adhérents dont 2 ambassadeurs : Tessi au titre de son implantation sur la métropole bordelaise et Emac, spécialiste souletin des caoutchoucs techniques.

Pourquoi des cercles régionaux

« Le contenu est produit par le siège, à l’ONU. Aussi le conseil d’administration français a souhaité lancer une dynamique territoriale, pour favoriser la diffusion des 10 principes du Pacte Mondial et des 17 objectifs de développement durable (ODD) », poursuit-il. Conséquence : 2 nouveaux cercles régionaux sont en cours de lancement, à Bordeaux et à Pau. « L’objectif est d’articuler les échelles, pour permettre un passage à l’action plus rapide, en créant un espace de rencontre, d’échange, d’expertise et de travail entre pairs, avec plusieurs rencontres annuelles. Toute entreprise a besoin de prioriser ses actions, notamment sur la RSE et ces 17 ODD qui sont interconnectés et ont une double dimension, à la fois sociétale et environnementale/écologique, comme les deux faces d’une même pièce. On appelle à s’emparer de l’ensemble des sujets ».

Susciter l’engagement et la mise en action

« Ces réseaux permettent de mettre en avant l’exemplarité : rien de plus fort qu’une entreprise du même secteur d’activité ou de même taille ou de son territoire, engagée dans cette démarche : ça montre que c’est possible. C’est un engagement public, au plus haut niveau de l’entreprise, par son dirigeant. Cette comparaison créé un vecteur. L’autre élément, ce sont les donneurs d’ordres déjà impliqués qui, en demandant de répondre aux préconisations du Pacte Mondial, ont un effet d’entraînement, avant même le cadre réglementaire au niveau européen. Avec ce dernier, l’entreprise se rend compte qu’elle a tout intérêt à anticiper sa transformation avant d’être sous les seuils, par un engagement volontaire et non contraint, en structurant une démarche RSE. Aujourd’hui, je vois un certain nombre de directeurs RSE qui sont rattachés soit à la finance, soit à la stratégie : le signal est très fort et là, la transformation se mène au pas de charge, avec l’idée de l’Agenda 2030 ».

Mesurer son action et les bénéfices pour son entreprise

« On n’est pas un club de directeurs de la RSE. Nous sommes une initiative qui engage l’ensemble de l’entreprise, en incitant à mettre la RSE au cœur du business model. Il y a des formations, des académies, des accélérateurs sur différents sujets. On a lancé en France un accélérateur pour les PME sous forme d’un programme sur 6 mois ». Concrètement, de nombreux outils et ressources sont à disposition, ateliers, séminaires, publications, programmes d’accélération ou de formation… sur les différentes thématiques, les textes de référence, les indicateurs… pour dépasser le stade de l’incantation et permettre une appropriation et mise en œuvre opérationnelle au quotidien par l’entreprise, ses dirigeants et salariés.

Au titre du suivi, le dirigeant s’engage à communiquer tous les ans au travers d’une CoP, une Communication sur le Progrès, sur le site internet des Nations Unies. « Il y a un changement aujourd’hui sur la nature du document. Jusqu’à présent c’était une communication souvent sous forme narrative, même si bien souvent elle prenait la forme d’une DPEF (ndr : déclaration de performance extra-financière). A partir de mars de cette année, on vient sur une grille de reporting de 70 questions qui sont les mêmes pour l’ensemble des entreprises tout secteurs d’activité et territoires confondus, ça va permettre de mesurer les progrès mis en œuvre d’une année sur l’autre. Ces indicateurs sont publics. L’important est d’être dans une démarche volontaire de progrès, qui souvent n’est pas linéaire », explique Nils Pedersen. Qui reprend : « la rentabilité n’est pas à court terme. Mais cette transformation permet de préserver le capital de l’entreprise, qu’il soit financier, technologique, social et humain… Se transformer c’est aussi préserver sa future capacité d’accès à l’emprunt. La RSE, qui était peut-être un supplément d’âme il y a encore quelques années, s’impose aujourd’hui, il y a un agenda partagé entre la société civile, la puissance publique et les entreprises ».

« La RSE est un facteur différenciant vis-à-vis des clients, qui viennent nous voir parce qu’on prône ces valeurs-là, reprend Didier Chauffaille, président d’Emac, ça nous donne une écoute active de notre environnement, y compris naturel. En interne, ça se mesure par une plus grande fidélité au travail, moins d’absentéisme et d’accidents du travail. C’est aussi un enjeu de gouvernance interne qui valorise l’avis et l’engagement de chacun ». Reste que la démarche est payante y compris dans le business model. « Il y un indicateur financier, qui est consolidé à l’échelle mondiale, c’est 12,4% de marge supplémentaire », abonde Nils Pedersen. « Nous c’est +9%, même si on ne le fait pas que pour ça », confirme Didier Chauffaille.

Sur le sujet, voir aussi : Placéco organise Résolution, la journée des solutions RSE, le 11 mai à Bordeaux

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