Réemploi : le pari gagnant de l'association AIMA et ses recycleries professionnelles - Premium
L'association AIMA permet le réemploi, chaque année, de 1.500 tonnes d'objets. Crédits : AIMA
Depuis 2016, l’association AIMA a lancé une verticale BtoB, autour du réemploi de mobiliers professionnels. 1.500 entreprises et collectivités sont aujourd’hui adhérentes de la structure, et donnent ou achètent des meubles d’occasion. Une réussite pour la structure, qui veut désormais essaimer son modèle ailleurs en France.
35 salariés dont 34 en CDI, 9.000 m² de surface, 1.500 tonnes d’objets réemployés chaque année, un budget annuel d’1,4 million d’euros… Non, il ne s’agit pas d’une PME, mais de l’association AIMA (Allons imaginer un monde d’amitiés), implantée dans le Béarn, au Pays basque, et agréée ESUS (entreprise solidaire d’utilité sociale). « Nous essayons de nous professionnaliser et de changer un peu les mentalités concernant l’économie circulaire et le monde associatif, qui souffre d’une mauvaise image de marque dans le milieu des entreprises », affirme en préambule Sigrid Dumaz, présidente, responsable des grands gisements et du réseau AIMA Pro. Son credo : le réemploi d’objets en tous genres, du « vrac », mais aussi et surtout du mobilier professionnel, donné par des entreprises ou des collectivités. « 100% des sociétés ont du mobilier qu’elles changent, ou qu’elles doivent acquérir, reprend Sigrid Dumaz. On peut être un partenaire privilégié, pour qu’elles puissent développer leur volet RSE, communiquer dessus et réduire le gaspillage. »
Cette confiance, note la présidente, il a fallu des années pour qu’AIMA la consolide. Née en 2022, l’association était initialement dédiée à la récupération et l’envoi de matériel médical dans des hôpitaux et des EHPAD des pays de l’Est. Et s’il s’agissait de matelas, de lits médicalisés ou de mobilier de chambre, très vite, les structures françaises ont fourni vestiaires, salles de restauration ou meubles d’extérieur. « À l’époque nous n’étions que des bénévoles. Mais au lieu de dire “non, on n’a pas de place”, on a cherché des solutions », se remémore notre interlocutrice. Peu à peu, AIMA développe son activité, et de convois humanitaires en bourse d’échange à Bardos (Pays basque), se retrouve à ouvrir, en 2014, une première recyclerie de meubles à Came. Deux ans plus tard, toujours dans ce site, la structure expérimente un espace AIMA Pro, ouvert aux particuliers comme aux professionnels. À l’époque, cela permet de créer cinq emplois aidés à temps partiel.
Essaimer ailleurs en région
« Quand on a commencé à développer le segment du mobilier professionnel, rien que par le bouche à oreille, on a couvert nos frais dès la première année. Grâce, aussi, au Conseil départemental qui nous a fait confiance, et soutenu à hauteur de 24.000 euros », déroule Sigrid Dumaz. Et très vite, AIMA se retrouve à acquérir en propre un hangar de 2.500 m² à Salies-de-Béarn. « Tous les deux ou trois ans, comme on n’arrive pas à dire non lorsqu’on nous propose des gisements qualitatifs, on a dû trouver de nouveaux locaux », poursuit notre interlocutrice. Aujourd’hui, la structure compte également un hangar AIMA Pro à Osserain, un autre à Castetnau-Camblong (2.800m²), et une recyclerie de matériels médicaux fermée au public, à Salies-de-Béarn. Le chiffre d’affaires de l’association (n. c.) émane, à 70%, d’entreprises et de collectivités, qui sont désormais 1.500 à adhérer et à acheter du mobilier professionnel de seconde main. « Une petite part du budget des collectivités n’est pas soumise au processus de marché public, précise Sigrid Dumaz. Cela peut parfois leur faire peur, au niveau juridique, ces collectivités ne savent pas forcément ce qu’elles ont le droit de faire ou non. »
La présidente de l’association le martèle : jamais AIMA n’ira concurrencer les distributeurs classiques ou ne répondra à des marchés publics. « Nous restons une solution pour ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter du neuf. » Pour chaque objet, les recycleries proposent un prix 70% moins cher que celui d’origine, hors taxe. Un modèle qui semble faire ses preuves, puisque AIMA s’autofinance à hauteur de 91%. « C’est cela qui nous permet aujourd’hui de prendre notre bâton de pèlerin, pour aller voir d’autres recycleries et dire “ développez un volet professionnel" ! » Un travail d'acculturation laborieux, selon Sigrid Dumaz, qui reconnaît que les mentalités en matière de réemploi restent compliquées à changer. « On n’en est qu’aux balbutiements de tout ce qu’il est possible de faire dans l’économie sociale et solidaire. Nous voulons essaimer notre modèle, en créant des franchises sociales, gratuites, dans les autres structures de Nouvelle-Aquitaine et de France. » Et si les possibilités administratives et juridiques sont encore obscures pour certains professionnels, AIMA compte sur la loi Agec, qui oblige les collectivités à acheter 20% d’objets réemployés, upcyclés ou reconditionnés.
AIMA
Basée à Salies-de-Béarn
35 salariés
Budget annuel : 1,4M€
