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Président de l’AdT64, conseiller départemental, vous êtes aussi maire de Laàs... ou plutôt « Prince », puisque vous avez proclamé l’indépendance de votre village. Vous avez aussi amené des milliers de brebis béarnaises à Paris pour une transhumance sur les Champs-Elysées. Vous avez fondé à Laàs la Confrérie internationale des chevaliers de la brouette gourmande, créé les ambassadeurs du Béarn… Pourquoi faire ? C’est quelque chose qui se cultive au fil de l’eau et des ans. Je suis maire depuis 43 ans, et conseiller départemental depuis 34. Finalement, rien ne nous oblige à être élus. Si on le fait pour attendre de la reconnaissance, ce n’est pas la peine. Et pas mal de monde ne me prend pas au sérieux, me prend pour un clown. Ma motivation de continuer d’inventer des choses singulières repose sur deux piliers. Le fait que j’aime les gens, d’une manière naturelle ; et celui que j’aime mon territoire. Je pense que le Béarn est un paradis sur terre, mais que les Béarnais sont les seuls à ne pas le savoir.Mais qu’apporte au Béarn le fait d’avoir des milliers de brebis béarnaises sur les Champs-Elysées, pour ne reprendre que cet exemple ? Ça apporte le fait que vous êtes dans un territoire différent des autres, que vous avez plaisir à y vivre, plaisir à y recevoir des visiteurs, et que l’on peut y mettre en marche une économie touristique pour faire vivre ce territoire, faire vivre ses hébergements, ses hôteliers, ses prestataires… c’est ce qui fait le marketing territorial. C’est ce qui fait que l’on n’est pas dans la macdonaldisation du monde, que ce territoire est différent des autres et que l’on peut le marketer et le mettre en avant pour que les gens aient plaisir à y vivre et à y venir en vacances.À lire également - ADT 64 : « Parler de commercialisation et vente de produits n’est pas un gros mot »Parlons justement de tourisme. Vous êtes président de l’ADT64, qui gère à la fois le Béarn et le Pays basque. Fait-on la promotion de ces deux territoires ensemble, ou séparément ? On fait les deux, mon général ! On a une stratégie de développement et de marketing pour le Pays basque qui n’est pas celle du Béarn. Ce sont deux entités et deux identités différentes. Et il faut commencer par reconnaître que l’image et l'attractivité du Pays basque n’a rien à voir avec celle du Béarn, qui demande beaucoup plus d’efforts, y compris financiers, d’imagination et d’originalité pour être mis en avant. On s’adapte aux deux destinations, que parfois on met en avant différemment. Mais il y a aussi une transversalité entre le Béarn et le Pays basque, avec des produits en commun.« Ce n'est pas du folklore, c'est de l'économie »La marque Pays basque existe déjà et est extrêmement puissante. Comment construire une marque Béarn ? Elle n’est pas encore complètement construite. Elle sera construite le jour où tous les acteurs du territoire, pas uniquement de l’économie touristique, se mettront ensemble derrière un slogan et un logo. Ça n’est pas fait, parce que nous les premiers, on est tous très jaloux de ce que l’on fait et qu’on pense être les meilleurs. Faire un pas vers l'autre, ça n’est pas évident. Sur des symboles comme le béret, le tissage, le jambon, à un moment donné on n’y a pas cru suffisamment pour se l’approprier et pour en faire une marque. Et aujourd’hui, c’est quand même incroyable, les dernières manufactures de tissage sont à Oloron et à Orthez, et pour défendre une IGP, ils ont dû s’appeler « Basques » pour être référencés à l’INPI et en faire une marque. Car selon le cahier des charges de l’INPI, « Béarn » n’existe pas, ça n’est pas assez fort. C’est pareil pour le béret. On revient de très loin, et c’est très compliqué.Pour cultiver ce sentiment d’appartenance et d’attractivité, il faut parler aux gens, il faut leur montrer des choses, il faut que ce soit des signes visibles et qu’ils soient incarnés. Ce qui incarne le Pays basque, c’est la croix basque et le drapeau basque. Il n’est pas si vieux que ça, le drapeau basque, il a 170 ans. Mais il y a quatre ans, la CCI du Pays basque avait fait une étude, qui montrait que si on mettait, sur un packaging, le drapeau ou la croix basque, le chiffre d'affaires augmenter de 15 à 20%. Ce n’est pas neutre, tout ça, dans l’économie d’un territoire, dans l’économie des paysans. Ça n'est pas du folklore, à travers tout ça, on fabrique de l’économie. Derrière tout ça, l’économie touristique, c'est 15.500 emplois en Béarn et en Pays basque, c’est 5.000 entreprises qui font vivre le territoire. 65% de cette économie est en Pays basque, le reste en Béarn. Et c’est pour ça que notre drapeau, les vaches béarnaises, Henri IV, la garbure, le Jurançon, les Trois Mousquetaires… tout ça, ça fait une marque, ça fait le Béarn. Et aujourd’hui, les choses changent. On voit, par rapport à il y a une dizaine d’années, de plus en plus de drapeaux béarnais dans les stades, par exemple. La jeunesse est en train de s’approprier ces signes. À lire également - Jacques Pédehontaa : « Le Béarn a de très nombreux marqueurs pour développer sa notoriété »

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