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Vins de Bordeaux : le millésime 2022 a priori épargné par les goûts de fumée

Écosystème
mercredi 31 août 2022

Alors que le millésime 2022 s’annonce prometteur dans le bordelais, une inquiétude subsistait quant à l’éventuel impact des gigantesques incendies estivaux de Gironde sur le goût des vins. Les premières études livrent des résultats rassurants.

Exceptionnels par leur intensité, les feux de forêt qui ont dévasté 27.000 hectares en Gironde cet été l’étaient aussi par leur proximité avec certains vignobles. De quoi soulever une question, cruciale pour les viticulteurs concernés : le millésime 2022 risque-t-il d’être frappé par des goûts de fumée ? Les premiers éléments de réponse ont été livrés mardi, dans le cadre d’un événement organisé à l’Institut supérieur de la vigne et du vin, à Villenave-d’Ornon, par l’Union des œnologues de France (UOF). « On connait le gel, on connait la grêle, on connait les inondations, mais les incendies aussi peuvent engendrer des conséquences au niveau des récoltes fruitières », a rappelé en introduction son président, Didier Fages.

En cause ? Des phénols volatils issus de la combustion du bois, qui se déposent à la surface de la baie de raisin, pénètrent sa surface et se lient avec les sucres internes. Or comme ils ne commencent à se révéler au goût qu’à partir la phase de fermentation, il est impossible de détecter leur présence sans analyse en laboratoire avant que la vinification ne soit déjà bien avancée, voire avant que le vin ne soit bu, comme l’a souligné Pierre-Louis Teissedre, premier vice-président de l’UOF et président de la commission sécurité et santé au sein de l’OIV. Si le phénomène est relativement inédit en Gironde, d’autres vignobles ont récemment été confrontés à des incendies, notamment en Californie ou en Provence, et la recherche a déjà permis de déterminer à la fois les seuils de concentration qui traduisent une contamination extérieure, et ceux qui risquent d’affecter la perception organoleptique.

Sur cette base, les premières mesures effectuées dans le vignoble bordelais se veulent rassurantes, notamment parce que les feux sont intervenus tôt dans l’été, avant la phase de véraison, contrairement aux incendies qui ont affecté le vignoble provençal en août 2021. « Les résultats n’auraient pas été les mêmes si les incendies avaient lieu actuellement », a tout de même prévenu Vincent Renouf, directeur général du laboratoire Excell de Floirac, avant de présenter les résultats comparés de prélèvements réalisés chez un même exploitant à Landiras, point de départ de l’un des deux grands incendies girondins, et à Castres, sur une parcelle plus éloignée des feux. « On voit un bruit de fond un peu plus élevé à Landiras qu’il ne l’est à Castres, mais on reste sur des niveaux qui sont bien inférieurs aux seuils de perception théoriques », ajoute-t-il.

Les différents retours d’expérience, venus de Provence ou de Californie, livrent par ailleurs d’autres enseignements à même de rassurer aussi bien la filière vin que ses clients : en admettant que des vignobles soient concernés par des concentrations suffisamment élevées pour risquer d’altérer le goût final du vin, plusieurs leviers permettent de lutter contre la contamination, en travaillant par exemple sur l’intensité du pressage. Si le millésime 2022 semble a priori épargné, l’alerte est tout de même prise très au sérieux, dans un contexte climatique qui renforce la probabilité de nouveaux incendies. Pour Pierre-Louis Teissedre, le monde du vin doit le considérer comme un « risque émergent », et donc dûment s’y préparer.

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