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U'Wine veut se recentrer sur l'Europe pour atteindre l'hypercroissance d'ici 2023

Stratégie
jeudi 14 octobre 2021

U'Wine a été créée en 2015 par Thomas Hébrard. Crédits : Brice Braastad

La société bordelaise U’Wine est spécialisée dans l’investissement B2C en grands crus classés. Mais au-delà de cette activité, elle ambitionne de créer un écosystème du vin, et souhaite lever des fonds en 2023. D’ici là, elle accélère son activité de distribution de vins consommables via une bouteille connectée, et veut recentrer sa stratégie sur l’Europe. Rencontre avec Thomas Hébrard, fondateur de U’Wine, candidat au prix Start-Up de l’année organisé par EY.

Depuis 2015, U’Wine se positionne sur l’investissement, pour les particuliers, dans les grands crus classés. La société créée par Thomas Hébrard, ingénieur aéronautique de formation mais issu d’une famille de viticulteurs, fait partie des quelques noms référencés par l’Autorité des marchés financiers sur sa liste blanche. « Quand j’ai commencé à réfléchir au projet, en me disant qu’il y avait un modèle économique à trouver, j’ai voulu faire verrouiller ce dernier par l’AMF, se remémore-t-il. À l’époque, nous sommes encore dans le scandale de 1855.com [ndlr, une entreprise qui proposait à ses clients d’investir dans des bouteilles qu’elle n’achetait pas]. Mon modèle cible l’achat de primeur en B2C, j’ai voulu me protéger et protéger mes clients. » Six ans après, U’Wine compte 25 salariés, 1 200 clients et 30 millions d’euros d’actifs sous gestion. Soit plus de 600 000 bouteilles stockées à Bordeaux en suspension de taxes, l’équivalent de 60 camions 36 tonnes.

« Lorsque j’ai démarré je n’avais pas de trésorerie, a contrario des grands négociants en vin, reprend Thomas Hébrard. Cela coûte de l’argent de devoir immobiliser des bouteilles, et ce sont nos clients qui nous permettent de financer le portage des stocks. Cela nous a permis d’amorcer, en 2015, notre modèle économique, même si ce sont eux qui portent les risques des investissements. » Car ces investissements en grands crus classés sont bel et bien du private equity. Une démarche risquée, « même si un client ne récupère pas sa mise, à la fin, il a sa bouteille », précise le fondateur.

Créer un écosystème du vin

Au-delà des investissements, c’est tout un écosystème que veut créer U’Wine. Pour s’imposer, à terme, comme une wine tech capable de gérer de la big data, avec un système de distribution en France comme à l'international. « Le principe c’est de dire que lorsqu’on crée une cave, c’est un investissement mais au-delà de la performance financière, on se laisse le choix de pouvoir revendre, transmettre ou boire la bouteille. » Soit le client achète un vin à la société pour sa consommation, soit il peut décider de le laisser mûrir, pour le revendre par la suite. U'Wine est allocataire auprès des grands crus classés avec lesquels la société travaille, et donne la possibilité à ses clients de visiter les domaines. 

Pour développer encore davantage l'activité de distribution, et améliorer l'expérience client, la jeune pousse propose depuis mai dernier une bouteille connectée. Cette nouveauté technologique se base sur des puces NFC (comme celles présentes des cartes bancaires pour le sans contact), apposées sur les goulots. Elles peuvent ensuite délivrer des informations comme l’authenticité de la bouteille, et la société l’utilise aussi pour permettre à ses clients une gestion de leur cave. « A ce jour, nous avons connecté et expédié 16 000 bouteilles avec notre tag », se réjouit le fondateur.

Une levée de fonds en 2023 ?

L’année qui arrive sera aussi et surtout, pour U’Wine, une année de structuration. De l’équipe, mais aussi technique, pour lancer une automatisation des tâches manuelles et répétitives. Si en 2020, la société a enregistré 80 % de croissance, puis 54 % cette année, « nous ne chercherons pas l’hypercroissance en 2022, affirme Thomas Hébrard. Ce sera un moment de transition pour aller, par contre, chercher cette hypercroissance et le doublement des effectifs en 2023. » Cette année, le chiffre d’affaires de U’Wine, qui est rentable, est de 11,2 millions d’euros. « On a passé la barre des 10 millions d’euros et on a un marché annuel à 500 milliards… Notre objectif, maintenant, est d’aller chercher les 100 millions d’euros de CA », ambitionne le fondateur.

Pour cela, U’Wine veut recentrer son activité sur l’Europe. Aujourd’hui 74 % de ses clients sont français, 11 % sont asiatiques, mais aussi de pays européens francophones, du Royaume-Uni ou encore d’Europe de l’Est. Au total, la société compte une clientèle répartie dans 16 pays. « Nous voulons garder le marché chinois car le potentiel est juste énorme, mais c’est également le cas en Europe. » Thomas Hébrard rêve aussi aux Etats-Unis, un marché très mature au potentiel énorme… Mais qui nécessite des investissements « colossaux ». « Nous commençons à réfléchir à une levée de fonds pour 2023. Nous n’avons pas besoin d’aller la chercher à tout prix, on ne lève pas des fonds pour lever des fonds, il faut de la qualité. Je rêve du marché américain, mais nous attendrons notre série A pour lancer le projet. Car il ne faut pas hésiter à investir à fonds perdus pour être sûrs de s’imposer. »

U'Wine
Basée à Bordeaux
25 salariés
CA 2021 : 11,2M€
www.u.wine

Sur le sujet, voir aussi : Le Prix EY de l’Entrepreneur de l’Année met le focus sur l’engagement

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