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Théâtres : « Nous rouvrirons le 9 juin pour être rentables »

Écosystème
jeudi 27 mai 2021

Xavier Viton dans l'un de ses théâtres, le Molière - Crédits : MB

Depuis le 19 mai dernier, les théâtres peuvent rouvrir leurs salles avec une jauge de 35%. Si certains ont fait le choix d’accueillir du public dès la reprise, d’autres préfèrent attendre le 9 juin prochain, date à laquelle la jauge sera de 65%. Une question de rentabilité pour les structures privées.

« Je suis confiant car on sent dès maintenant que les gens réservent des places pour le 9 juin », se réjouit Xavier Viton. Dans l’un de ses trois théâtres bordelais, le Molière, le directeur se prépare à la réouverture. « En temps normal le mois de juin est le plus mauvais de l’année. En juillet il y a également peu de monde, et en août nous fermons carrément. Alors ça peut difficilement être pire ! » Comme beaucoup d’autres structures privées, le Molière, le Victoire et le Trianon (appartenant à Xavier Viton) rouvriront donc d’ici quelques jours. « Généralement le seuil de rentabilité est atteint lorsque l’on vend entre 30 et 50 places payantes. Cela nous suffit à couvrir les frais du spectacle, puis au-delà cela couvre les frais de communication ou de gestion, et après seulement nous générons des bénéfices. »

Un chiffre d’affaires qui s’est effondré

Si aujourd’hui l’homme de théâtre apparaît serein, cette dernière année n'a pourtant pas été de tout repos. « On distingue trois choses, reprend Xavier Viton. Le corps, l’âme et l’esprit. Pour le corps c’est-à-dire le matériel, nous avons eu des compensations de l'Etat pour nous aider à couvrir les frais fixes. Les théâtres tiendront le coup et il faut reconnaître que le gouvernement nous a aidé. Mais nous avons été très blessés dans l’âme : c’est la première fois en France que les commerces intellectuels dont nous faisons partie ont été relégués en second plan, après les commerces matériels. Pour des raisons économiques, car la culture rapporte moins, mais certaines personnes travaillant dans le domaine des arts vivants en ont souffert. Ensuite, l’esprit : il s’agit de reprendre là où nous en étions arrêtés pour éviter d’avoir trop de frais. »

En temps normal les trois théâtres de Xavier Viton génèrent un chiffre d’affaires global de 1,2M à 1,5M d’euros, celui de 2020 était de 460.000 euros. Les trois lieux sont aujourd’hui sauvés, mais le directeur n’en reste pas moins vigilant. Avant la fermeture administrative des théâtres plusieurs dizaines de places avaient été vendues, et certains spectateurs ne se sont pas fait rembourser. « Sur le moment c’était un avantage car ça consolidait notre trésorerie, maintenant ces spectateurs vont légitimement venir voir leur dû, et ça sera de l’argent en moins pour nous, car parfois déjà dépensé pour survivre. Il faudra être subtile, dans les prochains mois, pour gérer cela. »

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Attirer plusieurs types de clients

A quelques centaines de mètres du Molière, dans le quartier des Capucins, le théâtre d’improvisation l’Improvidence prépare lui aussi sa rentrée pour le 13 juin. « Nous avons eu des aides du PGE, pour la transition numérique aussi, énumère son directeur Olivier Dubois. Maintenant nous avons hâte de reprendre. » La structure est entièrement dédiée à l’improvisation et accueille des spectacles, mais a également un volet formation pour le grand public, et B2B à destination des entreprises. « Non proposons des animations de séminaire, des formations à la communication, à la prise de parole en public, pour favoriser la cohésion d’équipes… Les ateliers grand public ont déjà repris mais nous n’avons pas encore de demandes pour le B2B. Je pense que l’on en aura rapidement car les gens ont besoin de se retrouver, de recréer du lien. »

La part d’activité à destination des entreprises est encore faible dans ce théâtre, petit frère d’un lieu similaire à Lyon, mais son directeur compte bien la développer. Un moyen pour lui de rattraper le retard, et Olivier Dubois est optimiste. « En octobre 2020 avant le deuxième confinement nous avons réalisé un meilleur chiffre d’affaires qu’un an auparavant, c’est même le premier mois que l’on a atteint la rentabilité. Il y avait une très bonne dynamique et j’espère que ça va recommencer. Pour l’instant nous reprenons contact avec le public et nous essaierons d’être le plus complets possible en septembre, avec la rentrée. »

Garder le cap et l’espoir

Pour conserver ses trois théâtres, Xavier Viton a dû, lui, vendre sa maison. « Ce n’est pas grave, relativise-t-il. Cela m’a permis d’aborder la période en étant un peu plus serein grâce à l’argent de la vente, et d’autres n’ont pas eu cette chance. » Et puis, selon lui, la fermeture administrative a été révélatrice d’un fait : les spectateurs préfèrent payer pour assister à la représentation dans la salle, plutôt que derrière la télévision. « Hormis quelques vedettes comme M Pokora qui ont pu vendre des places pour un concert à distance, cela n’a pas fonctionné. Le spectacle est un art archaïque et même si, sur le moment, cela nous aurait aidé de vendre des représentations à distance, maintenant que l’on a rouvert ça nous assure que les gens se déplacent. »

Il espère réaliser un chiffre d’affaires de 800.000 euros en 2021, soit la moitié d’une année normale. « Avec cette somme il n’y aurait pas de risque d’effondrement. Notre programmation est déjà bouclée jusqu’en juin 2022 avec un spectre large de spectacles, majoritairement humoristiques. Nous devons être optimistes ou du moins avoir la foi, car nous n’avons pas le choix ! »

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