Tarmaq : tout comprendre du projet de cité des savoirs aéronautiques - Premium

C’est un projet de 20.000 m² qui a été pensé il y a trois ans, porté par plusieurs acteurs : Aérocampus Aquitaine, Bordeaux Métropole, la Ville de Mérignac, la Région Nouvelle-Aquitaine et des industriels du secteur. « La réflexion de base était qu’il y a une absence de visibilité de la filière aéronautique, présente Jérôme Darsouze, directeur de Tarmaq et ancien n°2 d'Aérocampus. Ce milieu est assez peu connu du grand public. Alors, Tarmaq est né pour créer un équipement qui donne envie, qui permet aux visiteurs de découvrir le secteur et aux professionnels et chercheurs de développer les technologies de demain. » La filière aéronautique représente 30.000 emplois en Gironde, et la cité des savoirs permettrait le recrutement de 80 postes en équivalents temps plein. Le montant des investissements s’élève à près de 70 millions d’euros, dont 9 à 10 millions pour l’acquisition du foncier. « Cette somme n’est pas intégralement à la charge des collectivités, précise le président de Bordeaux Métropole Alain Anziani. Plusieurs industriels sont associés au projet. » Un lieu hybride et pour tous « La dénomination de Tarmaq, cité des savoirs aéronautiques, est importante, reprend Jérôme Darsouze. Il y a vraiment cette idée de partage des connaissances, que les personnes puissent les acquérir ; mais il y a aussi la notion de conservation de ces savoirs. » Deux parties seront créées. Une première pour le grand public, mais attention, on ne parle pas de loisirs. « Il s’agira de leur faire découvrir les métiers, de les aider dans leur orientation, détaille le directeur de Tarmaq. Très peu de gens savent que la filière est ancienne sur notre territoire, que l’histoire locale est très forte. » La seconde partie, elle, sera destinée à la formation. Non pas pour remplacer celles existantes, mais pour compléter les dispositifs déjà présents sur le territoire. « Avant la crise ce secteur avait des problèmes de recrutement, explique Alain Anziani. L’aéronautique va se développer encore dans le futur mais nous devons réussir à intéresser les jeunes, les former. Ces métiers sont souvent mal connus. » Une mise en service d’ici trois ans En septembre dernier, l’association de préfiguration de Tarmaq a été créée. Désormais les phases de développement sont plus techniques, comme la création d’une feuille de route pour affiner le modèle économique. Mais surtout, cette année 2021 sera une étape essentielle : l’acquisition du foncier restant. Plus de la moitié des terrains sont aujourd’hui la propriété de la collectivité, qui doit acquérir le reste. « Les déclarations d’utilité publique ont été lancées, précise Alain Anziani. Nous espérons que les négociations aboutiront. » À l’origine, la pose de la première pierre était prévue pour cette année. « Cette date ne pourra pas être tenue, concède le président de la Métropole. Je pense que l’on peut espérer une livraison du site et sa mise en service en 2023 ou 2024. Il faut réaliser des études environnementales, montrer que le projet ne va pas dégrader l’environnement … Les contraintes à ce sujet sont fortes. » La décarbonisation au cœur de Tarmaq Les considérations environnementales font l’objet de débats entre élus métropolitains socialistes et écologistes. Le 27 novembre dernier lors d’un conseil de Bordeaux Métropole, le projet de cité des savoirs était examiné et voté. Les élus verts se sont abstenus, refusant de cautionner un projet soutenant une industrie polluante. Pour les rassurer, Alain Anziani place la décarbonisation dans une réflexion stratégique globale. « L’avion de demain sera plus vert, martèle-t-il. Nous devons anticiper les mutations, promouvoir un autre type d’aéronautique. C’est aussi une façon de d’essayer de convaincre les élus écologistes que cette filière n’est pas le diable. » Pour présenter cet enjeu de demain, une conférence sur la décarbonisation sera organisée à l’automne 2021. Associations et industries aéronautiques y seront conviées, pour parler de la filière et des avancées à ce sujet. « La pollution peut être améliorée de manière significative, renchérit Alain Anziani. Au sol, les roues des avions peuvent être dotées de moteurs électriques par exemple. » Alors que les élus du groupe d’opposition Métropole Commune(s) n’ont pas siégé aux côtés du président de la Métropole à l’occasion de ses vœux, ce dernier reste confiant quant aux futurs votes en conseils. « Il y a un risque que la droite renie ses convictions et vote contre pour une stratégie politicienne, réfléchit Alain Anziani. Mais je ne crois pas qu’ils le feront. L’aéronautique fait partie de nos fleurons, et on ne va pas s’en plaindre. »

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