Spatial : HyPrSpace lève 1,1M€ pour son micro-lanceur hybride - Premium

Développer un micro-lanceur spatial, pouvant mettre jusqu’à 250 kg de charge utile en orbite, pour abaisser le coût d’accès à l’espace. Tel est le pari « fou », relevé par la startup bordelaise HyPrSpace (Hybrid Propulsion for Space), qui vient de boucler une première levée d’amorçage, de 1,1 million d’euros. À l’origine du projet : Alexandre Mangeot, Sylvain Bataillard et Vincent Rocher. « Avec la miniaturisation de l’électronique, des satellites qui pesaient plusieurs tonnes il y a dix ou vingt ans, font aujourd’hui quelques kilos. Sachant que l’on paye au kg pour envoyer quelque chose dans l’espace, il y a beaucoup plus d’applications satellitaires possibles », présente Sylvain Bataillard, aujourd’hui COO d’HyPrSpace. Or, si la technologie des satellites a rétréci, les fusées ont, elles, gardé la même taille… Et peuvent emmener jusqu’à 20 tonnes par lancement. « Donc lorsqu’une entreprise a 50 kg à mettre en orbite, et qu’elle va voir des opérateurs comme ArianeGroup ou SpaceX, elle n’est pas très intéressante pour eux, reprend Sylvain Bataillard. Elle est traitée comme un passager secondaire et n’a ni le choix de l’orbite de destination, ni de la date de lancement, en plus d’être tributaire des éventuels retards du client principal. Ça, actuellement, c’est problématique. » C’est d’ailleurs là que la jeune pousse bordelaise – comme ses concurrents – intervient. Car à l’international comme en France, de nombreux acteurs de l’industrie new space se développent. Notamment Unseenlabs à Rennes, ou Loft Orbital et U-Space à Toulouse. « Pour pallier ce problème de taille, on développe notre micro-lanceur, poursuit notre interlocuteur. Ainsi, une entreprise qui doit lancer son satellite de 200 kg devient le client principal. En résumé, elle prend un taxi alors qu’avant elle devait prendre le bus. » Une technologie hybride deux fois moins onéreuse Deux grandes technologies de propulsion existent aujourd’hui : liquide et solide. La première, très efficace, permet de moduler la poussée et d’éteindre le moteur. « Mais elle est très onéreuse à concevoir, produire et mettre en œuvre », précise Sylvain Bataillard. La seconde, moins coûteuse, « est très dangereuse car on utilise des explosifs. Et une fois le moteur allumé, on ne peut plus moduler la puissance ni éteindre le moteur ». HyPrSpace a ainsi breveté un moteur hybride baptisé OB-1, ayant « en théorie » les avantages des deux technologies. Une avancée jusqu’à maintenant freinée par un verrou technologique, car les moteurs hybrides perdent leur efficacité propulsive lorsqu’ils dépassent une certaine taille. « Nous, nous avons conçu une nouvelle architecture de moteur qui permet de garder une efficacité maximale quelle que soit sa taille. On peut modifier la poussée, éteindre le moteur, cela coûte moins cher et est plus respectueux de l’environnement », résume le cofondateur. Cette avancée technologique permettrait en effet de lancer un satellite dès 20.000 dollars par kg, contre 40.000 dollars le kg pour les moteurs à propulsion liquide. La technologie d’HyPrSpace fonctionne également avec du carburant recyclé, qui pourrait à terme être biosourcé. « C’est un aspect important car l’industrie spatiale sera prépondérante dans le futur. Les experts estiment que le spatial est à notre époque ce qu’Internet était dans les années 1990 », illustre Sylvain Bataillard.30M€ nécessaires jusqu’à la mise sur le marché Le tour de table a été réalisé auprès de Geodesic, le fonds d’investissement de l’homme d’affaires Charles Beigbeder, qui veut faire de ce dernier « le premier fonds dédié au new space à l’échelle européenne » ; et auprès de Bpifrance via le fonds French Tech Seed. « Aujourd’hui, nous sommes en campagne d’essai sur un démonstrateur à petite échelle, au centre d’essais de missiles de la DGA [NDLR, direction générale de l’armement] de Saint-Médard-en-Jalles. Cela va nous permettre d’obtenir des premiers résultats et d’améliorer notre innovation. En parallèle, nous commençons à développer un moteur à échelle 1 – de 1 mètre de diamètre et 5 mètres de long », détaille Sylvain Bataillard. L’entreprise espère réaliser les premiers essais au sol de ce moteur en 2023. Et ambitionne de boucler un nouveau tour de table – entre 5 et 10 millions d’euros – d’ici un an. « Nous ferons d’autres levées de fonds, affirme le cofondateur. Mais elles doivent être incrémentales, pour coller à notre développement technologique qui l’est aussi. » HyPrSpace estime qu’il lui faudra environ 30 millions d’euros jusqu’à la mise sur le marché de sa technologie. Le premier vol orbital, lui, est prévu pour 2025. D’ici là, l’entreprise doit structurer une chaîne industrielle pour la construction de son lanceur, et compte s’appuyer sur des acteurs déjà en place. « Notre plus-value, c’est le moteur. Pour l’électronique, la structure, les algorithmes de pilotages, on n’a pas envie de réinventer la roue. L’idée est de s’associer avec les entreprises spécialisées dans le domaine, créer un partenariat où l’on vient intégrer leurs briques avec notre moteur, pour avoir un lanceur », résume Sylvain Bataillard. Même stratégie pour le modèle économique : s'il n'est pas encore bien défini, la jeune pousse ne compte pas gérer les futurs lancements. « On voudrait travailler avec un opérateur de lancement qui gérerait cette partie, soit sous la forme d'un partenariat, soit en lui vendant notre lanceur », conclut notre interlocuteur.HyPrSpaceBasée à Bordeaux15 salariés

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