Placéco Gironde, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Sonia Yungcker, chercheuse d’or au pays des centres commerciaux

Inspiration
jeudi 10 décembre 2020

Sonia Yungcker dans la boutique Numissima de Bordeaux Lac - photo AL

À 16 ans, Sonia Yungcker découvre les joies du commerce en vendant des pièces de collection sur eBay peu après le passage à l’euro. Quelques années plus tard, le passe-temps de lycéenne est devenue une aventure entrepreneuriale, avec la création de Numissima. La jeune femme, aujourd’hui âgée de 33 ans, dirige deux boutiques d’achat vente d’or et de métaux précieux implantées au cœur de grands centres commerciaux à Bordeaux Lac et Angoulême. Un modèle qu’elle entend bien répliquer à plus grande échelle dans les prochaines années.

Installée aux portes de l’hypermarché Auchan de Bordeaux-Lac, la boutique Numissima accueille ses clients sans cerbère ni lourde porte d’entrée. Le petit espace d’accueil est organisé de façon à garantir une certaine confidentialité aux échanges. Une partie des clients vient pour céder des pièces de collection, bijoux anciens et autres métaux précieux. L’or racheté par Numissima est ensuite fondu pour être revendu sous forme de pièces et lingots à des acheteurs désireux d’investir dans la valeur refuge par excellence.

Aux commandes de Numissima, on retrouve Sonia Yungcker, 33 ans, qui raconte un parcours d’autodidacte passionnée. Deux ans après le passage à l’euro, elle découvre que certains numismates amateurs sont prêts à débourser des sommes importantes pour compléter leurs collections de pièces en francs, devenues inusitées. « On avait l’habitude dans la famille de s’offrir des pièces de collection pour les grandes occasions. J’ai commencé à en chercher d’autres, dans mon entourage et dans les vide-greniers, et à les vendre sur Internet. Derrière mon écran, personne ne savait que j’avais seulement 16 ans », raconte Sonia Yungcker. D’abord pratiquée comme un passe-temps le soir après les journées de lycée, l’activité finit par représenter une forme de revenus substantielle. Suffisamment pour que la jeune femme envisage de s’y consacrer plus sérieusement.

Des pièces de collection à l'or

« À 18 ans, je me suis dit ça passe ou ça casse », se souvient-elle. Sonia Yungcker envisage alors des études de commerce, mais la perspective d’un cursus de cinq ans la rebute. À la place, elle postule pour une formation de six mois à l’institut pour entreprendre de la CCI Bordeaux Gironde, et réussit à convaincre le jury d’admission de lui accorder une dérogation pour pallier son absence d’études supérieures et d’expérience en entreprise. « Je me suis retrouvé au milieu d’entrepreneurs qui avaient plutôt dans la trentaine et avaient déjà une certaine connaissance de problématiques telles que les fiches de paie ou les relations à l’URSSAF. De mon côté, je découvrais tout, mais mon jeune âge s’est finalement révélé un avantage, on m’a accueillie avec beaucoup de bienveillance ».

Sortie de formation, Sonya Yungcker sollicite les banques et lance Numissima en 2006 avec l’idée d’acheter des pièces chez les particuliers pour ensuite les revendre sur Internet aux collectionneurs. « J’ai ouvert au moment où tous les gens qui s’étaient improvisés collectionneurs lors du passage à l’euro sont passés à autre chose. Le marché s’est un peu effondré, je travaillais avec des marges très réduites, difficilement tenables sur le long terme ». Dans le même temps, les particuliers qu’elle côtoie commencent à lui proposer des bijoux anciens, cassés ou démodés, ainsi que des pièces en or. « À l’époque, il n’y avait pas encore toutes les boutiques que l’on connaît aujourd’hui. C’était un marché totalement nouveau pour moi, mais j’ai décidé de me lancer en autodidacte », explique Sonia Yungcker. Elle débute une activité ambulante, réserve une salle dans un hôtel et imprime des flyers pour inviter les gens à venir lui vendre leur or. « Je faisais parfois une ville différente par jour. J’ai adoré cette période », confie-t-elle.

Un développement organique 

Le développement de l’activité et l’émergence d’acteurs spécialisés sur le marché la poussent à étudier l’ouverture d’une boutique physique. Là où ses concurrents choisissent habituellement de se concentrer sur les centres-villes, elle cible délibérément les grands centres commerciaux. « Ils offrent l’amplitude horaire, la facilité d’accès, le flux de clients et la sécurité dont j’avais besoin pour démocratiser l’activité ». C’est finalement Immochan, la filiale foncière du groupe Auchan devenue Ceetrus en 2018, qui lui ouvre les portes du centre commercial de Bordeaux Lac pour l’ouverture de la première boutique Numissima. Une deuxième implantation suivra dès 2014 à Angoulême, là aussi aux portes d’un supermarché Auchan. En parallèle de Sonia et de son mari, comptable de formation aujourd’hui investi à plein temps dans la gestion de Numissima, l’entreprise emploie six salariés sur ses deux boutiques.

Après trois naissances rapprochées et quelques années plus stables, Sonia se verrait bien reprendre l’expansion de Numissima. « Le confinement nous a permis de prendre du recul et d’avancer sur certains projets comme la sortie de notre site de vente en ligne et la remise à plat de notre communication ». La fermeture des centres commerciaux a logiquement freiné l’activité, mais la croissance des achats d’or en tant qu’investissement se maintient. « L’or a pris 20% sur le premier confinement. Certains y voient une opportunité de plus-value, mais la plupart des achats visent à sécuriser l’épargne ».

Numissima, qui se dit rentable mais ne souhaite pas communiquer son chiffre d’affaires, souhaite poursuivre son développement organique. Sa fondatrice estime que la transparence dont elle fait preuve dans les négociations avec les particuliers et ses marges raisonnables font la différence face aux grands réseaux spécialisés. « Nous avons reçu une proposition d’un investisseur pour financer l’ouverture d’autres boutiques, mais ça ne s’est pas fait. Nous avons régalement refusé d’ouvrir des franchises », sourit Sonia Yungcker. Un tempérament d'indépendante grâce auquel la jeune femme se verrait bien déployer d'ici quelques années un réseau de boutiques dans les grandes villes de France, toujours dans les centres commerciaux. 

Numissima
Fondée en 2006
Deux magasins à Bordeaux Lac et Angoulême
6 salariés
CA : n.c.