Placéco Gironde, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Solaire thermique : newHeat réunit 15 millions d’euros pour financer 5 projets

Bordeaux Technowest
lundi 14 septembre 2020

Centrale thermique de Condat - photo newHeat / Ademe

Le spécialiste du solaire thermique newHeat annonce avoir bouclé un financement de 15 millions d’euros qui doit lui permettre de finaliser cinq projets de centrale. La startup, fondée à Bordeaux en 2015, appelle dans le même temps les pouvoirs publics à repenser le principe de taxe carbone pour que le solaire thermique s’impose face à des énergies fossiles dont le cours s’est effondré.

Deux banques et trois fonds régionaux* ont accepté de financer les projets de centrale thermique engagés par le bordelais newHeat. L’opération n’est pas une levée de fonds au sens augmentation de capital : il s’agit d’un prêt bancaire destiné directement à la construction et à l’exploitation de ces centrales. « Le prêt bancaire est habituel dans le monde du solaire photovoltaïque mais c’est une première pour du solaire thermique. Ce financement est un vrai coup de tampon pour notre technologie. Il montre que nos solutions sont fiables et que le risque est maîtrisé », se réjouit Hugues Defréville, fondateur et président de newHeat.

L’opération couvre le refinancement d’une centrale thermique qui alimente déjà en chaleur la papèterie de Condat (Dordogne). Elle finance également quatre chantiers prêts à démarrer. Deux d’entre eux se destinent à des réseaux de chaleur urbains à Pons (17) et Narbonne (11). Les deux autres centrales alimenteront respectivement une usine agroalimentaire dans l’Est et une unité dédiée au séchage des briques en région Rhône-Alpes.

Investir à la place du client

Fondée en 2015 et passée par les bancs de la technopole Bordeaux Technowest, newHeat développe des centrales qui emmagasinent la chaleur accumulée au niveau de champs de panneaux métalliques, la stockent et la restituent en fonction des besoins du client final. Particularité du modèle : le client ne finance pas directement la centrale. A la place, il s’engage à acheter l’énergie produite par newHeat sur une durée généralement comprise entre 15 et 20 ans, indispensable pour garantir l’amortissement du projet. En échange, la startup pilote l’ensemble de la centrale, de la construction jusqu’à l’exploitation en passant par la recherche de financements. « C’est un modèle très vertueux, qui permet à nos clients de concentrer leurs investissements sur leur cœur de métier tout en étant rassurés sur la pérennité du projet », résume Hugues Defréville.

Les équipes de newHeat comptent aujourd’hui une vingtaine de collaborateurs, avec une majorité de profils techniques chargés de la modélisation et de l’ingénierie de chaque centrale. Si la technologie semble simple au premier abord (des panneaux métalliques réchauffent de l’eau qui est ensuite stockée dans de grandes cuves), la mise en œuvre dans un contexte industriel suppose en effet de savoir stocker la chaleur pour pallier le caractère intermittent de la production, puis de la restituer avec précision en fonction de la demande.

Imposer le solaire thermique face aux énergies fossiles

En parallèle des projets en cours, newHeat travaille à l’élargissement de ses compétences, de façon à augmenter la valeur ajoutée offerte par ses centrales. « Nous travaillons par exemple sur la récupération de chaleur, pour réinjecter dans les cuves de stockage les calories perdues au niveau d’un four », illustre Hugues Defréville.

Reste à remplir le carnet de commandes. « Nous recevons beaucoup de marques d’intérêt. Mais rien n’est fait pour encourager le passage au solaire thermique depuis la fin de la taxe carbone, alors que le prix des énergies fossiles s’est effondré. Nous avons besoin d’un signal fort, notamment au niveau de l’Europe », regrette le chef d’entreprise.

* L'opération repose sur un financement bancaire d’un montant de 13 millions d'euros auprès de Triodos Bank (arrangeur) et Crédit Coopératif, ainsi que sur la participation de 3 Fonds Régionaux de la Transition Energétique en tant qu’actionnaires minoritaires de la holding regroupant les projets : Terra Energies (Région Nouvelle Aquitaine), AREC Occitanie (Région Occitanie) et OSER ENR (Région Auvergne Rhône-Alpes).

Sur le même sujet