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Silver économie : comment le Sud-Gironde veut structurer une filière

Écosystème
lundi 15 novembre 2021

Il existe plusieurs typologies de seniors en France, qui n'ont pas les mêmes besoins. Crédits : Adobe Stock Pikeselstock

Jusqu’au 3 janvier, le concours La Start’up est dans le pré porté par le Sud-Gironde, est ouvert aux candidatures. Objectif : soutenir des porteurs de projets et entrepreneurs locaux positionnés sur la silver économie, autour de trois axes : l’alimentation, la mobilité et la transition environnementale.

Le coup d’envoi a été donné, mercredi 10 novembre dernier, de la deuxième édition de La Start’up est dans le pré. Un concours autour du « bien vivre et bien vieillir », porté par le pôle territorial Sud-Gironde. Le rendez-vous était donné près de Gironde-sur-Dropt, entre Langon et La Réole. « En fait, nous avons commencé à travailler sur la silver économie il y a 6 ans, se remémore Elodie de la Grange, directrice adjointe et cheffe de projet à Sud-Gironde. Le sujet a suscité un intérêt, notamment avec Michèle Delaunay [NDLR, ministre déléguée chargée des personnes âgées et de l’autonomie de 2012 à 2014]. On disait, "il y a une économie qui va se développer, des services et des biens car on connaît une transition démographique et qu’on vit de plus en plus vieux". » Un constat s’impose : on ne traite pas le sujet des seniors de la même façon, qu’on soit en milieu urbain ou en milieu rural.

Doucement, le pôle territorial commence à s’emparer du sujet, mais le concours est encore loin d’être construit. « On avait des difficultés à parler de développement économique autour d’un sujet très social comme le bien vieillir, reprend Elodie de la Grange. Ça ne faisait pas bon ménage, il était difficile d’imposer l’idée de développer une filière. » Les premières années sont employées pour rassembler, rassurer les acteurs sanitaires et sociaux. Un travail d’acculturation et de construction d’un réseau est mené, et entre 2018 et 2019, un écosystème commence à émerger.

Une offre à réinventer

Finalement, en mars 2021, La Start’up est dans le pré voit le jour. 13 porteurs de projets y candidatent, entourés d’une soixantaine de personnes. Experts, élus, étudiants, entreprises reconnues et – évidemment – usagers seniors. Car le Sud-Gironde veut, autant que possible, structurer une filière économique. « En fait, beaucoup d’entreprises peuvent se positionner sur la silver économie sans le savoir, analyse Elodie de la Grange. Notre objectif est d’aller les chercher pour qu’elles affinent leur offre. C’est un marché très diversifié, il y a quatre ou cinq typologies de seniors en France qui n’ont pas les mêmes besoins. » Surtout, sur le territoire entre Langon et La Réole, 30% de la population a plus de 65 ans. D’ici 20 ans, ils représenteront entre 40 et 45% des habitants. Il est donc nécessaire de s’adapter à ce marché, qui ne concerne pas que la grande dépendance. « On oublie souvent les personnes entre 50 et 70 ans à qui les entreprises peuvent offrir des services, un cadre de vie pour bien vieillir et profiter de ces années. Il y a de belles opportunités, mais aujourd’hui en termes d’offre, on passe de la retraite à la dépendance… Il y a beaucoup de choses à inventer. »

Le concours, lui, permet de réseauter et de se structurer, pour coller au plus près des attentes. Construire un modèle économique viable, être reconnu par des usagers et trouver son public, mais aussi aller chercher des financements. À l’issue de l’édition 2022, qui se déroulera le 31 mars et le 1er avril prochain (les candidatures sont ouvertes jusqu’au 3 janvier), les trois lauréats se partageront 25.000 euros de dotations d’AG2R La Mondiale.

Des thématiques phares

Cette année, trois axes seront mis en avant dans le concours. L’alimentation d’abord, car « il existe énormément d’innovations pour la petite enfance, mais pour les 50-70 ans, il y a également des enjeux en termes de nutrition », déroule Elodie de la Grange. La mobilité ensuite, autre enjeu prédominant. « Les seniors se plaignent énormément de ça. Comment faire des transports adaptés, en zone rurale, pour continuer à bouger ? » Dernier sujet, enfin, la transition écologique. Le Sud-Gironde compte de nombreux retraités issus de l’agriculture, vivant avec une faible retraite. Une « double-pleine » selon la responsable du concours, pour qui « le bien vieillir passe par un logement adapté, bien chauffé. Je pense qu’on peut aller beaucoup plus loin dans la rénovation de ces logements », souligne-t-elle.

Le concours veut coller aux piliers de l’économie sociale et solidaire, que sont l’utilité sociale, la lucrativité limitée, des emplois non-délocalisables et de la coopération. « C’est primordial, martèle Elodie de la Grange. Nous sommes sur un sujet qui concerne l’humain, on veut aider des projets innovants et non le énième fabricant ou vendeur de douches adaptées. »

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