Placéco Gironde, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Rodolphe Lameyse : Vinexposium veut « ancrer Bordeaux comme une terre de connaissances »

Stratégie
jeudi 16 juin 2022

Rodolphe Lameyse est arrivé en 2019 à la tête de Vinexpo, devenu Vinexposium - crédit Jean-Bernard Nadeau

Après le pari réussi de Paris en février et un retour à New-York en mars, Vinexposium renoue avec ses racines bordelaises en juin avec un symposium dédié à l’avenir de la filière vin, Act for Change, doublé d’une série de rendez-vous d’affaires, les Vinexpo Meetings. Deux formats inédits, pour une société qui ambitionne toujours de devenir le leader mondial de l’organisation de salons et événements commerciaux dédiés aux vins et spiritueux. Le point avec Rodolphe Lameyse, son directeur général.

Comexposium et Vinexpo ont annoncé leur rapprochement il y a deux ans, peu avant le début de la crise sanitaire qui a mis l’événementiel à l’arrêt. Peut-on dire que 2022 est la véritable année de démarrage de Vinexposium ?
Il faut remettre les choses dans le contexte. Mon arrivée, il y a un peu plus de trois ans, coïncidait avec la volonté des actionnaires de Vinexpo (la CCI Bordeaux-Gironde, ndr) de doter la société d’une nouvelle stratégie pour refaire de Vinexpo une marque qui compte dans son industrie. Plusieurs changements avaient donc déjà été opérés, à commencer par le transfert du salon sur Paris, et le rapprochement avec Comexposium. Nous avions une feuille de route assez claire, articulée autour de deux rendez-vous phare, à Paris et à Hong-Kong, complétée d’une gamme d’activités aux Etats-Unis, parce qu’il n’est pas possible d’être leader mondial sans une présence sur les trois continents, tout en gardant un ancrage à Bordeaux.

La crise du Covid a remis en cause le calendrier, les ressources allouées, et certaines destinations, en sachant qu’il y a toujours un an de latence pour redémarrer un salon, mais ces deux années nous ont aussi permis de transformer la société. Et depuis six mois que nous avons repris, il apparait que Vinexposium sort mieux armé de la crise que ses concurrents. Nous avons eu le courage, salué, de maintenir notre événement parisien en février, et les résultats sont au rendez-vous puisque nous avons fait des chiffres équivalents à ceux de 2020, quand nos concurrents accusent 30 à 40% de baisse de fréquentation.

La crise a également remis en question l’organisation de Vinexpo Asie à Hong-Kong, pourquoi miser sur Singapour en 2023 ?
Nous ne pouvons pas nous permettre d’être absent d’Asie trois années de suite, et compte tenu des incertitudes liées à l’évolution de la situation sanitaire, ainsi qu’à l’accessibilité de Hong-Kong, il nous fallait trouver une alternative, même si nous allons regarder comment revenir en Chine, où nous n’avons pas pu tenir le salon de Shanghai. Singapour est un pays toujours très tourné vers la Chine, qui entretient également d’excellentes relations avec l’occident. Dans un moment de crispation géopolitique, il nous semblait positif d’être dans un lieu neutre, et nos clients semblent approuver ce choix. C’est un choix différent, mais je suis assez confiant, et j’en parle avec une certaine aisance, puisque j’y ai vécu pendant six ans.

Vinexposium vient également de renouer avec le marché américain, comment s’est passé ce retour ?
Nous sommes effectivement revenus aux Etats-Unis en mars, après deux ans d’absence. L’événement s’est bien passé, avec des clients satisfaits, et une bonne compréhension de ce qu’est Vinexpo America au sein de notre portefeuille de produits. On n’arrive pas avec le grand barnum, nous sommes sur des formats de salon plus dépouillés, et nous avons déjà de bonnes projections sur 2023.

Au-delà des grandes destinations historiques de Vinexpo, vous regardez également de nouveaux marchés comme l’Inde, comment les abordez-vous ?
Nous avons la volonté de diversifier notre portefeuille de produits et d’être capable de planter des graines pour plus tard. C’est ce qu’on fait en Inde, avec un mini Vinexpo qui devrait réunir une quinzaine de producteurs, et va nous permettre de commencer à travailler l’éducation du marché. Une fois qu’il aura gagné en maturité, nous verrons comment y déployer plus largement notre savoir-faire. Il est important que Vinexposium recréée de vraies locomotives : Paris en est une, Singapour doit en devenir une, et nous sommes en train de rééquilibrer New-York, mais il faut aussi travailler le futur et la qualité de notre connaissance des acheteurs. Le fait d’être présent en Inde est un des moyens d’y parvenir, tout comme le digital.

2022, c’est aussi le retour de Vinexpo à Bordeaux, mais avec une formule qui s’éloigne du traditionnel salon, quelle en est la promesse ?
Nous avons choisi le format symposium avec Act for Change, deux jours de conférence autour de trois thématiques que sont le dérèglement climatique, l’adaptation au goût des consommateurs et les nouveaux enjeux de la distribution, avec la volonté de se projeter à horizon 2030. L’idée est vraiment d’ancrer Bordeaux comme une terre de connaissances, mais aussi de partage de connaissances, avec un panel d’intervenants représentatifs du commerce et de la viticulture mondiale. À ces conférences viendront se greffer deux jours de rendez-vous d’affaires, les Vinexpo Meetings. C’est un format assez nouveau nous pour nous, en forme de laboratoire, qui va réunir 40 producteurs, dont 80% ne viennent pas du territoire de Bordeaux, et 130 acheteurs, avec plus de 600 rendez-vous qualifiés. Nous ne voulons pas rester dans un format où l’on se contente de vendre du mètre carré, notre valeur vient de notre capacité à mobiliser un portefeuille d’acheteurs autour d’une offre de services qui peut aller du salon à la conférence en ligne en passant, comme ici, par des rendez-vous très ciblés.

Une dernière question pour tester vos talents de diplomate : les sujets abordés lors du symposium Act for Change soulignent la nécessité d’une remise en question pour les acteurs du vin, en est-on encore au stade de la prise de conscience dans le vignoble bordelais ?
La question est effectivement délicate ! Il n’y a pas de réponse homogène qui vaille pour tout le bordelais. Certains font des efforts considérables pour adapter leur produit aux attentes du consommateur, que ce soit en matière de goût, de sens ou de valeurs. D’autres régions dans le monde ont peut-être engagé ces réflexions plus rapidement, mais Bordeaux est un phare de la viticulture mondiale. Un phare qui brille haut et loin, et qui doit éclairer tout autour de lui pour tirer l’ensemble du secteur vers le haut. C’est l’un de nos objectifs avec ce symposium.

Act For Change se tiendra les 20 et 21 juin à la Cité du Vin de Bordeaux. Informations et inscription

Sur le même sujet