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Régionales : pour la CMA, « il faut massifier l'effet des entreprises artisanales »

Écosystème
vendredi 18 juin 2021

Jean-Pierre Gros, président de la CRMA Nouvelle-Aquitaine - Crédits : Alban-Gilbert

A l’approche des élections régionales, comment se porte le secteur de l’artisanat ? Qu’attendent les professionnels néooaquitains ? le président de la Chambre Régionale des Métiers et de l’Artisanat de Nouvelle-Aquitaine, Jean-Pierre Gros fait un point sur la situation et les enjeux actuels.

Tout d’abord, comment va le secteur de l’artisanat après un an et demi de crise sanitaire ?
Globalement, le monde de l’artisanat ne se porte pas trop mal, voire se porte bien. Ça ne fera pas plaisir à certains secteurs comme les artisans qui ont un effet levier sur l’événementiel, car là l’activité n’a pas repris. Mais sur les secteurs tels que les services, le bâtiment et même la production, tout va bien. Surtout, tous les indicateurs nous montrent que l’activité est plutôt soutenue.

Le premier tour des élections régionales a lieu ce dimanche 20 juin. Qu’en attendez-vous ?
Nous avons besoin d’être accompagnés sur le numérique, l’économie, la transition écologique par exemple. Mais ce qui est important, c’est que les candidats nous connaissent et nous respectent en termes de potentiel économique sur ce territoire. C’est très compliqué aujourd’hui de faire entendre la voix de l’artisanat, si on n’est pas mobilisé. Vous avez des artisans sur toutes les communes, qui sont connus et reconnus par les collectivités locales. Mais si un artisan seul vient frapper à la porte du Conseil régional, il n’aura pas de poids économique tandis qu’un industriel qui arrive et dit vouloir créer 500 emplois, lui, a cette oreille attentive. Nous nous faisons, à la CMA, la « caisse de résonance » de ce qu’il se passe sur les territoires auprès de la Région. 95% des entreprises de Nouvelle-Aquitaine sont artisanales, et nous devons massifier cet effet disséminé.

Avez-vous l’impression que l’artisanat n’est pas toujours suffisamment considéré ?
Disons qu’on ne demande pas à devenir l’articulation de la réflexion du Conseil régional, ça n’aurait pas de sens, mais on demande à être intégrés à la réflexion des programmes des candidats. Sur le volet écologique par exemple, l’artisanat s’inscrit dans les programmes régionaux. Il n’en est pas l’élément déterminant, pas davantage que l’agriculture, mais lorsqu’on pense à l’artisanat on doit penser à une économie de proximité qui est aujourd’hui indispensable. Nous faisons de l’écologie depuis toujours notamment avec le circuit-court, valeur ajoutée de l’artisanat. Sur le volet économique nous cochons toutes les cases : circuit-court, écologie, économie de proximité… Le problème c’est qu’on les coche individuellement, il faut que les chambres des métiers disent « entendez-nous ! »

Des propositions envoyées aux candidats

La CCI Nouvelle-Aquitaine a réalisé un livre blanc en concertation avec toutes les CCI de la région, et a soumis ces propositions économiques aux huit candidats têtes de listes. Avez-vous mené une action similaire ?

Oui, nous avons réalisé de la même manière un programme de l’artisanat à l’échelle nationale, repris par les régions. Plutôt que d’essayer d’avoir un échange direct, nous avons interpellé les candidats et aujourd’hui nous avons la quasi-totalité des réponses. Avec le président sortant Alain Rousset, nous avons une proximité naturelle depuis six ans et ses réponses sont celles de sa politique déjà en place. Je ne fais pas la promotion de sa candidature mais nous sommes entendus, reconnus sur la formation ou l’économie. Les autres candidats nous ont répondu de la même manière, avec des projets qui sont un peu moins structurés. Mais c’est normal car ils ne sont pas aux manettes.

Quelles propositions formulez-vous ?
Nous voulons développer l’artisanat de proximité. Il faut miser sur la reprise d’entreprises, c’est important : laisser disparaître un artisan sur un territoire rural parce qu’on ne l’a pas accompagné dans la reprise de son activité, et recréer une activité ensuite, coûte plus cher que le soutien à la reprise. Il faut qu’on soit attentif à ce sujet pour favoriser la transmission d’entreprises. Il faut aussi développer les TPE et PME artisanales, c’est une évidence, et soutenir les projets de modernisation. Soutenir, c’est maintenir l’écosystème qui crée de l’emploi et de la valeur ajoutée sur un territoire. Nous, nous accompagnons ces reprises et nous constatons une évolution de la structure sociétale de l’entrepreneur. Aujourd’hui les chefs d’entreprises transmettent leur activité plus tôt qu’avant parce qu’ils ont envie de croissance, de changer d’activité, de reprendre une entreprise plus importante… Il y a un turn-over des patrons beaucoup plus important qu’avant. Toutes ces problématiques sont nouvelles pour nous aux CMA et c’est un enjeu majeur, à tous les stades de la vie d’une entreprise.

Travailler ensemble pour sortir de la crise

Ces reprises d’activité ont-elles baissé, avec la crise économique ?
Non, ça s’est parfaitement maintenu. Les décisions politiques nationales ont « sauvé » l’économie de proximité et ça se mesure directement au tribunal de commerce. A la CMA nous avons une cellule dédiée aux entreprises en difficulté, et aujourd’hui pratiquement tous nos agents en charge de cela sont au chômage technique car il n’y a plus de déficience d'entreprises, ou du moins de sociétés qui déposent le bilan.

Comment abordez-vous les mois à venir ?
D’abord nous travaillons avec nos partenaires. Je pense que si tout le monde se met autour de la table, que les aides ne s’amenuisent pas de façon brutale, que le remboursement des PGE se déroule avec le maximum d’accompagnement des banques, que les URSSAF ne remettent pas le couperet du « vous devez, vous payez »… La sortie de crise pourra fonctionner.

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