Projet de Rue Bordelaise : l'épiphénomène politique truste la conversation en ligne - Premium

Le projet serait-il trop abstrait, trop éloigné dans le temps ou tout simplement déjà tacitement adopté par les Girondins ? L’étude de la conversation en ligne réalisée par la startup spécialisée bziiit pour le compte de Placéco révèle que l’actualité récente du projet d’aménagement de la rue Bordelaise - ou rue Saget, comme préfère l’appeler Pierre Hurmic en attendant un nom définitif, n’a généré qu’un engagement limité sur les réseaux sociaux. Sur les 30 jours de la période d’écoute, du 7 janvier au 7 février 2021, le sujet a généré 539 communications. À titre de comparaison, l’édition 2021 du CES de Las Vegas en avait engendré plus de 700 sur une période similaire. Pourquoi s’intéresser aux interactions sociales liées à la rue Bordelaise en ce début d’année ? C’est bien sûr parce que le projet a connu une actualité particulière, qui se reflète d’ailleurs au travers des trois pics de communication observés sur la période, provoqués à chaque fois par la couverture médiatique des différentes prises de parole politiques. Le premier sursaut, modeste, intervient mi-janvier, à l’occasion des traditionnels vœux de début d’année de Pierre Hurmic, qui promet l’annonce imminente du résultat des négociations menées avec l’EPA Euratlantique et le promoteur Apsys dans le but d’obtenir un projet plus « vert ».La conversation se concentre autour de trois pics provoqués par l'actualité Quelques jours plus tard, Pierre Hurmic tient une conférence de presse dédiée, lors de laquelle il présente les concessions obtenues auprès du promoteur, en rappelant bien qu’un désengagement du projet est à ce stade impossible, du fait des pénalités financières associées. Le traitement par la presse suscite un deuxième pic de conversation. C’est celui qui va obtenir la portée potentielle (la visibilité) la plus importante sur les réseaux sociaux, dans la mesure où plusieurs titres de la presse nationale se font l’écho des annonces.La (portée) visibilité est moins forte sur les deuxième et troisième pics, mais la controverse Hurmic - Florian suscite un fort engagement au niveau local Le troisième pic, le plus important en termes de volume de communications, intervient à partir du 26 janvier, suite au premier conseil municipal 2021 de la Ville. La séance est en effet marquée par une passe d’arme entre Pierre Hurmic et l’opposition, à l’issue de laquelle le groupe Bordeaux Ensemble décide de quitter l’hémicycle après que le maire de Bordeaux a coupé le micro de Nicolas Florian. Cette fois, la conversation ne découle pas uniquement des articles de presse qui couvrent l’incident : c’est le tweet publié par l’ancien maire de Bordeaux peu après qu’il a quitté la séance qui va susciter l’engagement le plus fort mesuré sur la période. Les comptes apparentés à l’opposition (Bordeaux Ensemble, Bordeaux en luttes, Thomas Cazenave) lui emboitent rapidement le pas. Côté majorité, la seule publication qui sort du lot d’un point de vue engagement est un long post Facebook de Pierre Hurmic, dans lequel ce dernier retrace le compte-rendu du conseil municipal. Il y donne sa vision de l’incident survenu en séance, mais n’en fait pas l’objet spécifique de sa communication. La carte des interactions relevées sur Twitter sur l’ensemble des 30 jours de l’étude révèle à quel point l’incident du micro a influencé la tonalité générale du débat. Elle est en effet très largement occupée par le camp Florian, soit via des comptes de personnalité publiques, soit par l’intermédiaire de partisans, sans oublier le compte parodique Pierre Ruinic. La majorité écologiste et les soutiens d’Hurmic n’y apparaissent pas. Il y a pourtant eu quelques messages de soutien, mais ces derniers n’ont pas suscité suffisamment d’interactions pour que la carte les fasse ressortir comme des nœuds d’influence.La carte de l'influence se partage entre médias et opposition Que conclure de cette analyse ? Entre le 7 janvier et le 7 février, la conversation n’a pas tant porté sur le fonds (la nature même de la rue Bordelaise / rue Saget, ses enjeux, les modifications apportées au projet initial) que sur un épiphénomène politique, en partie parce que les différents acteurs impliqués dans la définition exacte de ce que sera demain la rue Bordelaise n’ont pas pris la parole sur le sujet.

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