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Pour Jean-Yves Grandidier (Valorem), « la transition écologique fera monter en gamme nos industries »

Écosystème
mardi 29 mars 2022

À l’approche de l’élection présidentielle, Placéco est allé à la rencontre de patrons girondins ou néoaquitains, parlant ouvertement de leur vote. Pour comprendre leurs attentes en matière d’économie, et leur soutien à l’un des candidats.

Jean-Yves Grandidier, PDG de Valorem, soutient Yannick Jadot (EELV) ) l'élection présidentielle. Crédits : Valorem

Jean-Yves Grandidier est un fervent soutien du candidat Europe Écologie-Les Verts, Yannick Jadot. Le PDG de Valorem, ETI spécialisée dans les énergies renouvelables, nous parle de ses convictions économiques et écologiques – entre sortie du nucléaire à moyen terme, réindustrialisation des territoires et instauration d’une taxe carbone à l’échelle européenne.

350 salariés, pour un chiffre d’affaires 2020 de 90 millions d’euros. Valorem, spécialiste des énergies renouvelables, fait partie de ces entreprises de taille intermédiaire qui tracent leur route, et croissent au fil des ans. Ici, une augmentation de capital de 26,7 millions d’euros ; là, le financement d’un parc éolien en Finlande. Si l’ETI est présente en France comme à l’international, lorsque son fondateur et PDG Jean-Yves Grandidier nous reçoit, c’est bien à Bègles, au siège social de Valorem. Pour aborder son engagement politique auprès de Yannick Jadot (EELV), lors de l’élection présidentielle comme lors des dernières élections européennes en 2019 (Jean-Yves Grandidier figurait alors sur la liste du candidat écologiste). « Je le soutiens car, comme lui, je pense que la crise écologique est la grande affaire du 21e siècle, affirme notre interlocuteur. Valorem est dans le domaine des énergies renouvelables, et ces dernières doivent porter une partie de la solution pour régler cette crise. » .

Des énergies renouvelables, surtout le solaire et l’éolien, qui ont vocation à remplacer les énergies fossiles. En ce sens, Yannick Jadot veut atteindre 60 TWh produits par 12.000 éoliennes d’ici 2027. Mais aussi, ambitionne de sortir progressivement du nucléaire – en fermant 10 réacteurs d’ici 2035. Une volonté raisonnable, selon Jean-Yves Grandidier ? « On voit qu’on aura encore besoin du nucléaire, qu’il faudra prolonger à minima la durée de vie des centrales le temps que les énergies renouvelables prennent le relais, réfléchit-il. Le problème, aujourd’hui, c’est que pour arriver à la neutralité carbone, il faut décarboner les transports ou encore le chauffage des bâtiments. Cela passe par les véhicules électriques, l’hydrogène aussi. Or, si on veut produire de l’hydrogène propre, il faut électrolyser l’eau. Donc, pour décarboner, il faut une augmentation de la consommation d’électricité. Je pense qu'il faut développer l’éolien et le solaire pour, dans un premier temps, répondre à cette hausse ; puis au fur et à mesure pour remplacer les centrales nucléaires. »

« Raccrocher le wagon de l'industrie »

Pour Jean-Yves Grandidier, il est aussi primordial de lutter contre la désertification des milieux ruraux, et le déséquilibre créé avec les métropoles. Pour lui, les énergies renouvelables sont un levier créateur de richesse. « Il faudra de jeunes diplômés pour entretenir nos éoliennes, construire les projets. Par la même occasion on conservera des services publics, et les territoires seront rééquilibrés. » Dans son programme, Yannick Jadot prévoit ainsi un vaste plan de réindustrialisation – et l’investissement de 25 milliards d’euros par an dans une loi de programmation pour le climat - ; ou encore un droit à la reconversion pour les métiers en transition. « Pour pouvoir créer de l’emploi il faut d’abord créer les conditions de marché, reprend notre interlocuteur. Ces conditions, même si elles sont encore imparfaites et que ça pourrait aller plus vite, on les a. Depuis 20 ans, la filière éolienne française crée entre 1.500 et 2.000 emplois chaque année. Et l’éolien offshore devrait créer près de 20.000 emplois d’ici à 2030. On a loupé le wagon industriel de l’éolienne terrestre à l’époque car il y avait une prégnance du nucléaire, et par conséquent on a beaucoup acheté en Espagne ou en Allemagne. Là, on va peut-être recoller à ce wagon de l’industrie. » Jean-Yves Grandidier cite en exemple la plus grande éolienne au monde, l’Haliade-X, qui compte des pales de 107 mètres de long. Ces dernières ont été conçues à Cherbourg, et la nacelle provient de Saint-Nazaire. « Une fois qu’il y a le marché, il y a les usines qui peuvent s’implanter sur le territoire, puis embaucher. En parallèle, les filières de formation doivent se mettre au diapason pour apporter des compétences », résume notre interlocuteur.

Une taxe carbone sur les importations ? 

La transition écologique aurait aussi comme bénéfices, défend Jean-Yves Grandidier, une montée en gamme de nos industries. Technologies plus performantes, meilleurs savoir-faire et compétences : « Ce sont ces industries que l’on doit développer en France pour retrouver l’avantage », martèle-t-il. Pour décarboner le secteur de l’acier par exemple, « qui représente 8% des émissions mondiales », c’est aujourd’hui le charbon qui est plébiscité. Une ressource fossile qui pourrait être substituée par de l’hydrogène propre. Mais pour que cela soit viable économiquement, le PDG de Valorem défend la mise en place d’une taxe carbone aux frontières de l’Europe, ou sur les conditions environnementales dans lesquelles sont fabriqués les produits. Un sujet sur lequel « Yannick Jadot est très en pointe ». « En Europe, on a un tas de contraintes à respecter, mais derrière on ne demande pas la même chose aux autres pays, rappelle Jean-Yves Grandidier. On se tire une balle dans le pied, et le moyen de rééquilibrer les choses, c’est d’instaurer une taxe à l’importation des matières premières. »

À l’instar de son candidat, notre interlocuteur ne prône pas la décroissance (portée notamment par Delphine Batho, présidente de Génération Écologie). Il ne se positionne pas non plus sur l'opposition entre la gauche et la droite, mais voit dans la politique écologiste un autre axe de raisonnement, entre productivisme et non-productivisme. « Ce sont d’abord les partis écolo qui défendent une approche systémique dans laquelle l’écologie prend le dessus. La première question doit être "est-ce que ce que je veux produire vaut le coup, d’un point de vue environnemental ?" Ensuite, il faut voir comment produire efficacement et à moindre coût, pour enfin répartir les richesses créées », résume Jean-Yves Grandidier.

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