Pessac : l’usine d’Exxelia, acteur discret des composants électroniques - Premium

À Pessac, depuis 50 ans, une discrète usine produit des composants électroniques passifs. Passée sous différents pavillons dont celui de Tekelec, qui était à l’origine du projet, elle appartient depuis 10 ans à Exxelia. Une entreprise parisienne possédant des sites en France, aux Etats-Unis, en Inde ou encore au Maroc. « Nous fabriquons trois familles de produits, ici, présente Mickaël Pelé, directeur du site. Certaines sont présentes depuis le départ comme les condensateurs ajustables. C’est une très vieille technologie utilisée encore dans le spatial ou le médical, mais il n’y a plus grand monde qui en fabrique. » Ces produits représentent aujourd’hui 10% de l’activité du site. Les autres sont des matériaux – les ferrites et les diélectriques -, utilisés pour les radars, les antennes et plus largement pour des capteurs. Mais ce qui pèse aujourd’hui pour 80% de l’activité, c’est la fabrication de condensateurs céramiques. « On en trouve partout, reprend Mickaël Pelé. Dans l’électronique, la téléphonie, l’informatique… Les nôtres sont destinés à des applications très hautes fréquences comme les antennes, les radars ou les IRM. Par exemple, nos produits sont présents sur les Rafale de Dassault. » Et pour assurer la production de 50 millions de pièces par an, 120 salariés travaillent, de la production à l’administration des ventes, en passant par la logistique. « Nous avons tous les services habituels d’une entreprise, car nous avons été indépendants longtemps », commente le directeur. Une équipe de 10 personnes assure également la R&D de l’usine, qui tient à conserver ce moteur d’innovation. « Par exemple, nous travaillons à l’élaboration d’un condensateur qui utiliserait d’autres types de métaux pour les électrodes. Aujourd’hui on utilise du paladium, qui est très, très cher, et on voudrait se servir de cuivre. Un autre projet concerne le développement de ferrites nanométriques, qui permettraient de réduire la taille des antennes. C’est un volet mené conjointement avec plusieurs laboratoires et la Direction générale de l’armement. »Les condensateurs céramiques représentent 80% de l'activité d'Exxelia. Crédits : MB25M€ de CA en 2022 Si l’usine pessacaise d’Exxelia mène ces projets à très long terme, elle travaille en parallèle sur des développements à court terme, pour répondre à des demandes spécifiques de clients. Des produits adaptés à leurs besoins, qu’Exxelia peut ensuite produire en petites séries. Et ses clients, aujourd’hui, sont majoritairement internationaux. L’usine exporte 90% de sa production, dont la grande majorité en Chine. « C’est assez atypique, reconnaît Mickaël Pelé. Mais nous travaillons avec des donneurs d’ordre qui peuvent être allemands, hollandais, et qui ont des usines d’assemblage en Chine. Nous y avons évidemment des concurrents, mais la qualité n’est pas obligatoirement au rendez-vous, ni la performance industrielle en termes de taux de service. » L’entreprise ne semble pas vraiment concernée par la hausse des matières premières ou la pénurie de composants. Mieux, les conséquences sur son carnet de commandes sont plus que positives. Exxelia dispose actuellement d’une visibilité à un an et demi, contre trois ou quatre mois habituellement. « On entend beaucoup parler de difficultés d’approvisionnement sur les semi-conducteurs, qui sont des composants actifs, précise Mickaël Pelé. Nous, nous sommes sur du passif, donc nous ne sommes pas à proprement parlé concernés. Mais ces difficultés ont créé un appel d’air sur la chaîne logistique, et certains clients nous ont passé commande pour deux ans. » En 2022, le chiffre d’affaires de l’usine était ainsi de 20,8 millions d’euros, et devrait avoisiner les 25 millions d’euros cette année. Alors, pour assumer cette hausse d’activité, Exxelia va devoir maintenir son niveau de production malgré la hausse de l’énergie. L’usine pessacaise en consomme, beaucoup, notamment pour cuire des céramiques dans des fours, à 1.400 degrés. « L’une des pistes que l’on a est d’optimiser les flux plutôt que de les raccourcir. En résumé, avoir des cycles plus longs, mais avec une capacité de remplissage maximale. Je ne peux pas dire pour le moment ce que ça nous apportera, mais si l’on peut gagner 5 à 10% par cycle, ce sera non négligeable. » La startup Cog.Engines développe un cobot pour Exxelia. Crédits : MBVers un changement de pavillon En attendant, l’usine est suspendue à une autre échéance : le rachat d'Exxelia qui appartient aujourd’hui à IK Partners, un groupe nordique. Depuis plusieurs mois, des négociations exclusives sont en cours avec l’industriel américain Heico. « Ce dernier a déjà racheté d’autres entreprises françaises, qui ont continué de mener leur propre stratégie industrielle. Visiblement Heico ne souhaite pas créer de synergie, et lorsqu’ils rachètent une société, ils la prennent avec sa vision des choses », commente notre interlocuteur. Des perspectives rassurantes, car Exxelia n’a pas vocation à quitter Pessac, malgré la fin de son bail actuel en 2024. « Nous sommes en train de regarder pour monter un nouveau site également en location. Pas nécessairement plus grand, mais avec un meilleur rendement des mètres carrés, et moins de déperditions énergétiques », conclut le directeur du site.Malgré 50 ans d’existence, l’usine poursuit toujours sa modernisation. Exxelia a notamment fait appel à Cog.Engines, pépite bordelaise spécialiste de la cobotique. « Nous sommes en train de développer un robot pour faciliter la métallisation des condensateurs, présente Sébastien Lissarre, cofondateur de la startup. C’est une étape extrêmement répétitive, tout en étant variable de quelques millimètres, donc un robot classique ne peut pas s’en occuper. » Le cobot sera déployé d'ici quelques mois dans l'entreprise.

Pessac : l’usine d’Exxelia, acteur discret des composants électroniques - Premium

Sur le même sujet

Metalit : « Passer en Scop a sauvé notre boîte »

Synergy : raisonner local, un parcours semé d’embûches

Décarbonation des bâtiments : Air Booster concrétise un tour ...

Femmes en entreprise (1/5) : « Elles bougent » encourage les ...

RV le 20 mars : Placéco invite Anne-Catherine Péchinot, DG d ...

Profession’L revient à Bordeaux les 13 et 14 mars

Le Rallye des Pépites revient à Bordeaux pour sa 10e édition

RV le 31 janvier : Placéco Live avec Christian Maviel, PDG d ...

David Djaïz et Élisabeth Laville, invités des Rencontres RTE ...

RV le 18 octobre : Placéco Live avec Nicolas Béraud de Betcl ...

Jeux vidéo : Horizon(s) revient pour une seconde édition à B ...

La Plage aux entrepreneurs revient à Arcachon

En images : la 2e édition de Résolution, au Palais des Congrès de Bordeaux

La chronique innovation : Agena Space veut mettre en orbite ses satellites légers

New Space : Aerospacelab France change de nom et maintient son calendrier

La chronique innovation : Comerso revalorise les invendus au profit d'associations

DigitÉco #11 : votre IA, open source ou propriétaire ?

La chronique innovation : Les Nouvelles Fermes réinventent l'aquaponie urbaine

Décarbonation des bâtiments : Air Booster concrétise un tour de table avec Team for the Planet