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La Teste : comment Patrick Davet veut concilier dév éco et urbanisme

Écosystème
mardi 08 mars 2022

Patrick Davet, maire de La Teste-de-Buch, a été élu en juin 2020. Il succède à Jean-Jacques Eroles - photo AL

Maire de La Teste-de-Buch depuis juin 2020, Patrick Davet (LR) a engagé un plan d'investissement significatif à l'échelle de son mandat tout en préparant l'aménagement futur de la façade maritime. Des chantiers qui contribuent à l'attractivité, mais réactivent dans le même temps les questions liées aux tensions sur le marché de l'immobilier. Entretien.

Comment, en tant que maire de La-Teste-de-Buch, envisagez-vous la question du développement économique ?
Nous avons besoin de préparer l’avenir, et en tant que maire, ce que je ne veux plus, c’est faire payer les investissements aux Testerins. J’ai déjà diminué les impôts et on sait que l’Etat va diminuer les subventions. Comme je ne veux pas réaugmenter les impôts, il faut donc aller chercher de l’argent ailleurs. C’est par l’économie extérieure que je vais aller le chercher. Le premier levier tient bien sûr au fait que nous sommes aussi et avant tout une ville touristique, puisque nous sommes une ville d’eau. Nous avons un atout considérable, la façade maritime, qui reste à aménager de façon touristique avec hôtels, restaurants, bars, de façon à faire venir une population extérieure, pour des week-ends ou des vacances, qui va consommer. Notre zone d’activité constitue également un axe de développement.

C’est le monde économique qui nous permet de retenir de nos jeunes et qui crée le dynamisme d’une ville, 12 mois sur 12, là où le tourisme est à la fois saisonnier et lié au temps. Arcachon restera la vitrine commerciale du Bassin, sans parler de Bordeaux ou du e-commerce. Il faut donc que nous nous ouvrions à d’autres secteurs, que ce soit l’artisanat ou le commerce spécialisé, mais aussi des secteurs de pointe, puisque nous avons la chance d’avoir ici, et plus particulièrement sur le Pyla, de grands chefs d’entreprise, qui ont fait de leur résidence secondaire leur résidence principale et ont envie de s’impliquer dans la ville.

Nous menons actuellement une réflexion pour accompagner ceux qui auraient envie d’y installer leur entreprise. Il nous reste un peu d’espace. Nous avons par exemple une réflexion en cours sur les 4 hectares du parc des Expositions. Est-ce toujours utile d’avoir un parc, faut-il qu’il soit aussi grand, les gens auront-ils envie demain de revenir dans de grands salons, à plus forte raison à La Teste, ou est-ce qu’on ne proposerait pas à des entreprises de venir ? Le nouveau siège de BA2E, dédié à l’innovation, va dans le sens de ce que l’on souhaite faire, mais il faut être conscient que pour garder les entreprises après les avoir captées, il faut leur mettre du terrain à disposition.

Vous avez présenté fin 2021 un plan d’investissement au conseil municipal. Quelle en est la teneur ?
Dans le domaine de la sécurité, nous allons construire un nouvel hôtel de police. Nous investissons également dans la culture, avec 8 millions d’euros pour la transformation d’une ancienne école maternelle, qui devait être détruite par mon prédécesseur, en école de musique. Via la Cobas, nous allons également reconstruire le groupe scolaire des Miquelots, pour 10 millions d’euros, avec une très belle école et une salle des sports qui pourra être utilisée par les Testerins en dehors des heures scolaires. Nous allons également réaliser une halle, couverte mais non fermée, à Cazaux, et y rénover le stade du Clavier pour 1,5 million d’euros. La voirie est également un sujet important, avec une révision du schéma de circulation en centre-ville, qui débute en mars, et le réaménagement de la place Gambetta. Voilà pour les investissements qu’on lance, mais il y en aura d’autres. La façade maritime, c’est un projet qui va mettre huit à dix ans à se réaliser, nous en sommes conscients, et nous avons déjà lancé l’étude d’impact. Ensuite, on travaille avec une AMO par rapport à la faisabilité environnementale du projet.

Au global, nous avons bâti un plan pluriannuel d’investissement 2022 – 2026 de plus de 60 millions d’euros d’investissements, et sur l’ensemble du mandat, nous aurons fait 93 millions d’euros d’investissements. Jusqu’à présent, la municipalité affichait des investissements qui n’étaient réalisés qu’à 49%. En 2021, nous avons quasiment atteint 70% des investissements qui étaient inscrits au budget. Je rappelle qu’une ville n’est pas une entreprise, elle n’est pas là pour faire des résultats, elle est là pour ajuster son budget, et ça n’est pas signe d’une bonne gestion que de finir avec 8 ou 10 millions d’euros dans les caisses, il faut réaliser les investissements annoncés.

Sur un projet long terme comme la façade maritime, quel est l’indicateur clé de réussite du projet, la création d’emplois ?
Ce sera le nombre d’emplois créés, bien sûr, mais le premier indicateur sera plus humain qu’économique, les Testerins veulent s’accaparer cet endroit. La zone est attractive mais aujourd’hui il n’y a rien. Si vous allez faire un tour dans les prés salés, vous devez reprendre la voiture pour aller boire un café ou manger une glace à Arcachon ou au Moulleau. Le premier élément, c’est que les Testerins puissent vivre leur ville. Ensuite, ce sera un moyen que les gens qui viennent sur le port s'y posent et consomment sur place. Je n’ai rien inventé, d’autres ont eu l’idée avant moi, mais c’est dommage qu’il n’y ait pas eu cette volonté plus tôt, on a perdu un temps fou.

Le développement économique se traduit souvent par un développement démographique, or le marché immobilier est déjà particulièrement tendu à La Teste, comment concilier les deux ?
L’objectif n’est pas de développer la ville sur le plan démographique, on sait aujourd’hui qu’on ne peut pas aller au-delà de 30.000 habitants. Aujourd’hui, j’ai besoin de 1.200 logements pour des locaux. La priorité, c’est de faire en sorte que ce soit eux qui puissent avoir les nouveaux logements. Ensuite, nous allons utiliser des moyens tels que le bail réel solidaire, pour faciliter l’accession sociale à la propriété. Aujourd’hui, la volonté est là, alors que ça n’a pas été fait précédemment. Il y a eu 2.000 logements construits sur douze ans et pourtant nous n’avons pas répondu à la demande locale. Si aujourd’hui, nous sommes carencés (en raison d’un trop faible nombre de logements sociaux, l’Etat a pris à l’encontre de la ville un arrêté de carence pris en 2020, qui la prive de son droit de préemption, ndlr), c’est bien que nous n’avons pas répondu à l’attente locale.

Comment comptez-vous concrètement sortir de cette situation ?
Il faut privilégier aujourd’hui l’urbanisation par rapport à l’attente. L’un des cinq grands projets urbanistiques prévus à La Teste va jusqu’à 100% de logements sociaux. Il faut qu’on garde ces projets, et qu’on limite les produits à 5.500 euros du mètre carré. Il y en aura, parce que l’aménageur en a besoin pour gagner sa vie, mais aujourd’hui nous n’avons pas un seul dossier à moins de 40% de logements sociaux, et tous adoptent une approche qualitative. À Cazaux, on sera par exemple sur des maisons individuelles en zone parc, et on veut que ce soit pour des couples qui travaillent sur la zone de La Teste et ne trouvent pas à se loger aujourd’hui.

On sait qu’une partie des tensions sur l’immobilier sont liées au marché des meublés et locations saisonnières, de quels moyens disposez-vous pour endiguer le phénomène ?
Aujourd’hui je n’en ai pas vraiment et, après tout, il y a des gens qui en vivent. En revanche, je réduis déjà de façon considérable les divisions parcellaires. En dessous de 600 m² je les refuse, même si le PLU ne me le permet pas. Ca n’est pas facile mais je tiens tête, parce qu’en faisant plaisir à l’un qui veut vendre son terrain de 400 m², on en pénalise dix autour. Après, il faudrait peut-être changer les règles fiscales, mais c’est du ressort du législateur. Nous sommes la commune du Basin qui encaisse le plus de taxes de séjour sur du Airbnb. A 1 ou 2 euros la nuit, ça représente plus de 400.000 euros par an à La Teste, ça en fait des nuitées ! Mais ça dérègle totalement le marché du locatif.