Pass sanitaire en entreprises : une rentrée scrutée

Le 30 août prochain, l’ensemble des salariés travaillant en contact avec du public devront, à l’instar des clients, détenir un pass sanitaire valide. En cas de non-présentation de ce dernier, les salariés concernés pourraient voir leur contrat et leur salaire suspendus. Alors que la ministre du travail Elisabeth Borne devrait, dans les jours à venir, présenter un ou plusieurs protocoles sanitaires pour les entreprises, la question se pose auprès de certains patrons : faut-il étendre ou non, le pass sanitaire à tous les secteurs d’activité ? Ce jeudi 26 août dans la matinale de RTL, le Premier ministre Jean Castex s’est voulu rassurant. « Au moment où je m’exprime, le pass sanitaire dans les entreprises n’est pas d’actualité », a-t-il déclaré. C’est « un bon outil, mais un outil parmi d’autres. La finalité, c’est la vaccination ».

« Ce n’est pas notre rôle d’employeur »

À Sainte-Hélène, sur la route de Lacanau, l’entreprise Adam emploie 65 salariés. Spécialisée dans la fabrication de caisses en bois haut de gamme, elle met un point d’honneur à placer sa RSE au cœur de ses décisions. Pour son PDG, Jean-Charles Rinn, la question d’un pass sanitaire imposé à ses salariés ne se pose pas. « En tant que patron je ne suis pas là pour ça, tranche-t-il. Je ne suis pas contre le vaccin, mais pour le respect des libertés de chacun. » Selon lui une telle obligation irait à l’encontre du droit du travail mais aussi du secret médical.

À une cinquantaine de bornes de là dans le Médoc, Alexandre Lull s’oppose lui aussi à une telle mesure. « J’espère que ça ne sera pas rendu obligatoire », déclare le directeur général délégué d’Epsilon Composite, PME leader dans la fibre de carbone qui compte 200 salariés. « À mon sens, ce serait anormal d’imposer cela, de créer une disparité entre salariés. Pour moi, ceux qui veulent se protéger se font vacciner, et les autres en assument les conséquences. »

Inciter mais ne pas contraindre

Yannick Laffitte, directeur général du groupe spécialisé dans le recrutement Phi RH, a lui encouragé ses salariés à se faire vacciner. Sur les 16 personnes qu’il emploie, une seule ne souhaite pas sauter le pas pour des raisons de santé. « Depuis juin dernier, je milite auprès de mes collaborateurs pour qu’ils se fassent vacciner. Nous travaillons dans le domaine de la santé et si certains étaient réticents au départ, tous ont compris que c'était dans leur intérêt. »

Cela ne le choquerait pas que le pass sanitaire entre en vigueur même s’il privilégie la concertation à la contrainte. « Chez Phi RH si la personne non-vaccinée ne l’est pas à la rentrée, nous nous adapterons, reprend-il. Elle pourrait revenir en télétravail, être dans un bureau individuel en maintenant les gestes barrières… Pour que les autres salariés puissent reprendre une vie au travail normale. »

Des protocoles suffisants ?

Pour le moment, Alexandre Lull d’Epsilon Composite ne prend aucune décision quant à une modification du protocole sanitaire actuel. « Nous ouvrirons le débat à la rentrée avec les délégués du comité d’entreprise. » S’il souhaite personnellement un allégement des mesures sanitaires et notamment un retour au travail en présentiel, il tient à ce que la décision soit collégiale. 

Jean-Charles Rinn, lui, mise sur le respect du protocole sanitaire pour éviter une contamination : sens de circulation, jauges dans les espaces de restauration et port du masque. « Nous n’avons eu que deux cas positifs depuis un an et demi, induits par des éléments extérieurs, précise-t-il. Si à un moment, la question du pass sanitaire en entreprise se pose, j’espère que la majorité des patrons diront non, car ce n’est pas notre devoir. »